Chapitre 2 - Le feu de camp

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Le ciel assombrit, il me faut quelques secondes pour comprendre qu'il s'agit de Davone.

- Lâche-moi tout de suite ! Je t'avais prévenu qu'il n'y aurait pas de prochaines fois.

- Je ne t'ai pas demandé ton avis Mace, dit-il d'un ton paisible pendant que je me consume.

Je décide de ne pas lui répondre et d'agir en me libérant de sa poigne pour suivre la direction de Mandy que j'ai retrouvée un peu plus tôt. Avant d'emboîter mon premier pas, je jette un dernier coup d'œil dans la direction de Davone. Il me regarde de ses yeux noirs. D'un noir profond, presque aussi profond que les tatouages de part et d'autre de son cou. Il me pénètre de son regard confiant, qu'il arbore fièrement, m'offrant à plus forte raison, un sourire que je ne peux envisager.


IL Y A UN AN, AU FEU DE CAMP.


C'était ma première réelle rentrée scolaire même s'il ne me restait que cette année pour profiter de la vrai Mace.

Juste après ma rencontre avec Mandy, elle m'a aussitôt proposé de l'accompagner à la première soirée de l'année. Je n'avais jamais fait la fête avant. Sauf si, fêter son anniversaire avec le club des anciens élèves, accompagnée de mon père, peut être considéré comme une soirée. Il y avait de la musique et de l'alcool donc cela en avait tout l'air. En revanche, je venais d'avoir 10 ans.
L'ancienne Mace avait tellement rêvé de ce moment que maintenant qu'il se présentait, je n'étais plus si excitée que cela.
Je me suis toujours demandé ce que Mandy avait pu me trouver pour m'intégrer à son groupe.
Je devais avoir l'air de lui ressembler. Parait-il que l'on attire les gens qui nous ressemblent ? Je ressemblais à Mandy, à Davone ?

Ce soir-là, j'ai fait la connaissance de sa famille et elle m'a tout expliqué. Les mensonges, qu'elle enchaînait à cause de la pression de ses parents. Son apparence, qu'elle trafiquait une fois, franchit le pas de la porte. Elle était en représentation permanente autant chez elle, qu'au lycée. J'avais l'impression d'avoir joué mon propre rôle toute ma vie. Je n'avais rien à lui envier et elle n'avait rien à m'envier. C'est ce qui nous rapprochait. Sauf que moi, je n'avais plus rien à perdre. Je comptais bien faire de cette soirée le théâtre d'adieu de l'ancienne petite Mace.

La seconde suivante, elle m'a donné mon perfecto. Cette veste ne symbolisait pas que l'apparence d'une dure à cuir. En vérité, elle symbolisait une âme meurtrie. Il n'y avait que les détenteurs de cette veste qui en avait la connaissance.

Nous étions considérés comme l'élite, bien que nous n'en avions que faire. Qui aurait pu idéaliser des esprits encombrés en proie à l'extinction d'eux-mêmes ? Des lycéens dénués de tout problème, certainement.

En arrivant au feu de camp sur le dos de sa moto, Mandy m'attrape par la main dans le but de me présenter à ce petit monde pendant que je me débats pour tenir mon casque et mes talons. Je suis surprise par le nombre de salutations suivi de son prénom et les regards curieux en ma direction. Il y a foule et pourtant, il n'est pas difficile de passer. Avant, on ne m'aurait même pas remarqué, on m'aurait peut-être même marché dessus. J'ai l'impression que personne n'avait remarqué que j'existais avant ce moment.

- Les gars, je vous présente Mace, ma nouvelle meilleure amie.

D'un geste ringard, je fais signe de la main à la quinzaine de personnes en perfecto qui nous entoure. Je ne pouvais pas me contenter de dire « bonjour » comme tout le monde ? Eh bien non mais personne ne semble relever, personne n'a l'air de porter un jugement à ce genre de détail qui m'importe tant.

- Je t'avais dit que cela se passerait bien. Tu es une fille formidable Mace et je ne suis pu la seule à le voir maintenant, me chuchote Mandy à l'oreille.

Rebelle malgré elleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant