Rebelle malgré elle

Chapitre 7 - À l'aube du dernier jour de cours

QUELQUES HEURES PLUS TARD

Après seulement quelques heures de sommeil, le jour, pointe déjà le bout de son nez et au vu des événements de la veille, je n'ai même pas pris la peine de mettre mon réveil. Entre trois heures de sommeil à tourner d'un côté puis de l'autre à me remémorer sans arrêt le départ de Davone et ma rencontre avec Ryan, je ne suis pas sûre d'aborder cette journée déjà bien trop longue de la meilleure des façons.

J'en avais presque oublié de mettre écroulée sur le lit avec le t-shirt ensanglanté de Ryan. De toute façon, il est grand temps que je me lève au risque de ruminer allongée dans mon lit sans parvenir à franchir la porte des toilettes même si je me retiens depuis deux jours.

C'est mon dernier jour de cours dans ce lycée, le moment que je redoutais tant n'a jamais été aussi proche. J'aurai aimé aborder cette journée différemment notamment sans gueule de bois et sans appréhender la réaction de Mandy. Avec le recul, l'avoir abandonné alors qu'elle ne voulait que me protéger était égoïste. J'espère sincèrement qu'elle ne m'en voudra pas.

Habituellement, elle joue le rôle du chauffeur. Tous les matins, avant de partir, nous nous rejoignons un peu plus bas pour prendre la direction du lycée sur sa jolie moto rose alors je n'ose même pas charger mon téléphone par peur ne pas avoir de ses nouvelles. Pourtant, il le faut.

Avant de me diriger vers la salle de bain, je prends soin de retirer le t-shirt en réfléchissant à la meilleure des façons pour ne pas laisser de traces. Il vaudrait mieux éviter que ma mère tombe dessus en pleine lessive au risque de subir un interrogatoire.

Ma chambre ne regorge pas de beaucoup de cachettes et normalement, ma mère ne s'y aventure pas, mais je préfère être prévoyante en décidant de le mettre dans le coffre qui me sert de banc sous la fenêtre et de passer à autre chose pour aller me préparer.

En sortant de la salle de bain et après avoir fait le tour de la maison en serviette pour en être certaine, je constate que ma mère est déjà partie travailler. Heureusement, je n'ai pas eu cette chance de la croiser depuis hier soir.

Bien plus soulagée, je prends mon courage à deux mains et je consulte mon téléphone où y figure une dizaine de messages de Mandy s'inquiétant de m'avoir perdue de vue à la soirée et davantage de ne pas lui avoir répondu. Il vaut mieux que je la rassure au plus vite.

« Je me sens vraiment stupide d'avoir réagi comme ça, excuse moi. En plus, je n'avais plus de batterie. Ne t'inquiète pas, je suis rentrée saine et sauve. »

« Dieu merci. Je passe te chercher. »

Tout en vérifiant les réseaux sociaux confirmant mes prouesses du feu de camp, je termine de me préparer en enfilant un jeans troué bleu  American Eagle et un haut noir suffisamment transparent pour légèrement laisser apparaitre ma brassière lorsque mon téléphone vibre. Une notification de message d'un numéro masqué.

« Je suis désolé. »

Aucune signature et aucun moyen de savoir qui cela pourrait être, même si j'ai bien ma petite idée aussi irrationnelle soit elle.

Après avoir envoyé un dernier message à ma meilleure amie pour lui préciser pour la première fois de se garer devant chez moi, me voilà prête pour ce dernier jour. Les cheveux ondulés et le même maquillage que la veille, mais un peu plus travaillé pour avoir meilleure mine.

Sans prendre de petit-déjeuner qui aurait pourtant pu éponger les restes de tequila, je descends les escaliers en constatant l'étendue des dégâts sur le plan de travail de la cuisine où sont éparpillées des bouteilles de vins vides. Il ne me faut que quelques malheureux pas pour me rappeler à ma vie merdique.

— Te voilà ! Tu m'as foutu une de ces peurs. Mandy me serre dans ses bras.

— Je suis vraiment désolée. J'avais tellement peur que tu m'en veuilles, je ne savais pas ce que je faisais.

— Il faut bien que quelqu'un s'inquiète pour toi. Si ce n'est pas moi qui le sera ? 

Un sourire de compassion habille son joli visage. Nous nous serons l'une contre l'autre et prenons la route.