Sans prêter attention à l'agitation sombre des vagues, je m'élance en direction des profondeurs. La lune reflète sur leurs effervescences tandis que le feu de camp illumine le reste du rivage et les nombreux visages encore présents.
Au premier contact de l'eau, je me fais devancer par la fraîcheur, me stoppant net. La ferveur du temps contraste ce changement de température laissant parcourir un frisson le long de ma nuque. C'est une sensation aussi désagréable que plaisante.
Après avoir connu mon lot d'émotion, l'appel de l'océan n'en restera pas moins le meilleur connu jusqu'ici.
Je m'élance dans ce tumulte de nouveautés. J'arrive la première, suivie d'une bonne partie des dernières années. Mandy se retrouve à l'eau sans réflexion et Zack ne manque pas de me faire remarquer le triomphe de cette arrivée.
— Félicitations, me dit-il.
— Je t'avais prévenu.
Mon corps se rapproche encore un peu plus près de la dangerosité des profondeurs pourtant bien sécurisée. À présent, mes pieds peinent au contact du sol immergé, l'eau est plus fraîche dans les abîmes de la nuit.
Après plusieurs verres enchaînés sous la rapidité émotionnelle des événements, je ressens le mouvement des flots au son de la musique, contre ce qui me sert de maillot de bain. Le scintillement de la lune me suffit à peine à discerner les mains qui frappent la surface de l'eau en rythme, tandis que Mandy se rapproche d'un premier année, peu conscient des enjeux.
Quant à moi, je surplombe cette même surface, autorisant une partie de mon âme à se retirer un peu plus loin de cette réalité. Je laisse la légèreté de mon esprit partir à sa flottaison. L'air me parcourt, alors qu'il me manquait jusqu'ici. Je prends une profonde inspiration que je relâche aussitôt pour ne pas manquer d'air. Quand j'entends entre les éclaboussements et les cris, une voix familière.
— Tu sais où est Mace ?
— Dans l'eau mon pote. Je fais mine de ne pas comprendre pour profiter de mon semblant de répit.
Après une énième inspiration, je prends la direction du bord pour échapper encore une fois à l'origine de mon état. Je prends soin de prévenir ma meilleure amie de mon départ entre plusieurs tentatives de flirts et me voilà en chemin.
Malgré la difficulté de chacun de mes pas pour tenter de me rapprocher du rivage, je franchis en titubant la dernière lame tandis que la première brise de vent attaque mon corps presque nu. La chair de poule sur mes cuisses explore le reste de mon âme sous l'appel de ce mal.
— Mace ! Qu'est-ce que tu fous ? Je reste planté là, dans cette tentative de fuite, la dentelle encore trempée.
Sans surprise, Davone se tient derrière moi.
— Je ne pensais pas que tu avais vraiment oublié ce qui s'était passé, renchérie-t-il.
Je me rappelle ma promesse encore fraîche. Je me rappelle aussi ces derniers mots, ces dernières paroles ; « On ferait mieux de rejoindre les autres et d'oublier ce qui s'est passé. ». Je me contente de lui répondre comme pour répondre à mes pensées.
— C'est pourtant ce que tu m'avais demandé ? Dis-je en me retournant, mon regard dans le sien en guise de confrontation.
— Tu voulais que j'oublie. C'est chose faite Davone. Alors qu'est-ce que tu veux maintenant ?
— Je veux que tu m'expliques pourquoi tu réagis de cette façon ?
— Les mecs de ton espèce ne méritent pas de le savoir.
— Putain, mais tu ne me calcules plus depuis cette soirée.
Plus ses mots me questionnent, plus je bouillonne. La vague de répit en moi, n'est plus qu'un mauvais songe à l'heure de ma colère.
— Bon écoute Davone, c'était l'histoire d'une nuit, je pensais que l'on été sur la même longueur d'onde.
Ces mots sortent de ma bouche sans vraisemblance, ils me brisent aussi profond que la douleur qui me déchire. Une entaille s'additionne à mes lourds fléaux pendant que je réalise ne pas être à même de mes idées. Comme cette larme synonyme de mon propre mensonge.
Si seulement j'étais capable de tout lui avouer, mais j'en suis incapable. Incapable de lui vouer la moindre faiblesse. Cependant, mes convictions flanchent à mesure que je le fuis.
Cela fait plusieurs mois que je me retiens avec difficulté de lui appartenir malgré sa trahison.
J'ai fui ce soir comme je l'ai déjà fait. Cela m'a toujours été peu profitable et cela le sera encore une nouvelle fois ce soir.
— Je ne pensais pas ce que j'ai dit.
— Tu te fous de ma gueule, dis-je à plein poumon.
Moi qui frissonnais à ma sortie imminente de l'eau, je rougis de tout mon être à son incompréhension.
— Tu crois que je suis le genre de fille à me faire traiter de cette façon ? Tu crois que je mérite de perdre mon temps ?
— Je crois surtout que tu es le genre de fille à perdre ton temps avec le premier venu.
Le peu de maquillage qui me restait fini en lambeau se mélangeant au sel de mes pleurs et au fruit de ma promesse dans ce peu de tenue lui donnant raison. Moi qui pensais faire volte-face, à chacun de mes échanges avec lui, il résulte de mon état.
Davone me regarde toujours de son air arrogant favori, les bras ballants, le regard noir plissé, son attirail à la vue de tous. Cette vision d'horreur n'en est pas une.
— Je n'ai pas l'intention de fermer ma gueule. Je peux gueuler encore plus fort moi aussi. Je ne bougerai pas tant que tu ne m'auras pas donné une raison de le faire.
— Tu veux une raison ? Pas de problème. En voilà une. Après qu'on ait couché ensemble et que tu mets dis de t'oublier, tu m'as planté pour aller embrasser une autre fille. La raison est assez suffisante pour toi ? Tu n'es qu'une erreur pour moi Davone. Rien de plus.
— Crois-moi, je ne suis pas encore ta plus grosse erreur, dit-il calmement, stoïque, le regard nettement plus ouvert.
Je peine à y croire, mes yeux s'imbibent de la plus mauvaise des façons. Je me sens humilié d'avoir exposé mon intimité à l'oreille de tous, d'avoir fait preuve de peu de discernement.
Autour de moi, les regards se dirigent vers nous. Nous ne sommes plus que la source d'un scandale. Tandis que le dégoût façonne les traits de mon visage, je pars à la recherche de mes vêtements avant de lâcher ma dernière parole.
— Mais je serai bientôt ta plus belle erreur.Mes joues boursouflées me brûlent à cause des sanglots. Il met impossible de déterminer si je souffre réellement. Tout me semble irréel. Ma récente faiblesse, révélée au grand jour, compromet tout ce que je me suis efforcée d'opprimer jusqu'ici.
Je tourne les talons pour laisser Davone à sa bombe, mais le silence que je pensais laisser derrière moi est camouflé par les cris.
— Davone ! Davone ! Davone !
La masse s'agglutine hors de l'eau dans un mouvement de foule pendant que je me résigne à m'habiller sans en avoir le temps. Je ne suis même pas remise de mes émotions qu'il me suffit d'un instant pour entendre à nouveau son nom.
— Frappe-le !
Dans un élan de curiosité, je relâche le reste de mes affaires en me précipitant d'un pas lourd vers le bruit. En dépit de mes sanglots, d'un geste de la main, je retire les traces noires sous mes yeux en prenant soin de remettre mes cheveux pour y voir un peu plus clair.
Le regroupement ne désemplit pas à mon arrivée, la foule en folie ne se préoccupe plus du spectacle précédent, au profit de ce nouveau tumulte.
— Pousse-toi, affirme-je d'un ton sec.
L'heure n'est plus à la compassion, ni à la moindre patience. D'un coup de coude contre un inconnu, je me fraye difficilement un chemin pour accéder au centre de l'attention. Mes pensées s'entremêlent, colère et tristesse forment un mélange amer. Le goût de l'amertume me pousse à en savoir davantage. « Pourquoi crient-ils son nom ? » « Pourquoi l'encourager à se battre ? » « Mais se battre contre qui ? »
Cette affluence ne m'aide pas dans ma tentative, entouré par les ombres de la cohue, le feu se fait plus faible et plus mouvementé. La lune ne sert que de reflet dans ce vacarme. Il en est assez de ces tourments. Après, l'humiliation de cette soirée, de ma première fois, il m'en faut peu pour me faire larmoyer de plus belle.
— Relève-toi !
Les cris ne cessent de retentir. Je reprends mon ascension quand je distingue enfin la lumière qui me rapproche un peu plus de mes réponses.
Quand mon parcours prend fin, je le vois. Lui.
Les poings ensanglantés. Le visage à peine tuméfié. L'autre, peine à tenir debout alors que les encouragements sont en sa faveur. Je ne parviens pas à faire un rapprochement alors que son poing insiste de nouveau sur son arcade le laissant plus bas que terre. « Peut-être était-il mon rôle d'intervenir ? » Quoiqu'il en soit, je n'y parviens pas, mon corps reste tuméfié. Je regarde autour d'eux, personne ne semble vouloir arrêter ce massacre. Mon visage n'esquisse aucune émotion malgré les larmes. Pourtant, mes yeux me font mal et mes joues me piquent. J'essaye de repenser à l'origine de ma présence ici, mais je n'y arrive pas non plus. Je n'entends plus rien non plus.
Je reste bloquée sur le temps. Il semble ralentit.
En lisant sur les lèvres des gens qui les entourent, je ne vois que des paroles de violence. Leurs poings sont en l'air en signe de révolte. « Comment vouloir autant de souffrance ? » Mes yeux scrutent un peu plus les alentours pour se diriger à mes pieds enfouis dans le sable, puis sur mes jambes nues en remontant à mon bassin jusqu'à ma poitrine pour revenir à l'instant présent sous les cris de Mandy, juste en face de moi tentant d'interrompre cette vision.
— Mace, ne reste pas là ! On y va !
— J'en ai assez qu'on me dise ce que je suis censée faire Mandy ! Laisse-moi passer !
Hurlant autant que je le peux pour me faire comprendre, je m'arrache à ses paroles et je fais un pas en avant.Il ne suffit que de ce petit pas pour me retrouver au milieu de cette horrible bagarre.
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Rebelle malgré elle
RomanceIl aura fallu attendre sa dernière année de lycée pour permettre à Mace d'intégrer les perfectos noirs ou plutôt les cœurs meurtris dans les rouages de la vie de rebelle. Entre sa rencontre avec le sexy Davone, l'arqué type de la destruction dans so...