Je regarde Mandy juste derrière moi, choquée par mes paroles. Quelques mètres me séparent encore d'eux et pourtant, il me semble si loin.
— Prends ça, connard !
Mon pied-droit poursuit dans cette lancée, il est maintenant plus clair pour la foule de comprendre mon intention. Les cris se font moins réguliers et les regards se tournent à présent en ma direction. Mon cœur bat la chamade, mon corps tente de faire volte-face tandis que je regarde fixement l'objet de ma curiosité qui me fait dos.
Mon pied gauche continue à son tour, mais la bagarre s'interrompt. L'autre qui est bien amoché jonche le sol. Lui, debout, ne bouge plus, je ne peux pas déterminer s'il attend que ce dernier se relève ou s'il a compris que quelque chose se trame derrière. Pourtant aimantée, je n'ai pas d'autre choix que de m'arrêter.
Son dos, comme seule vision, se tourne en ma direction. Le temps paraît encore plus long quand ses yeux parcourent de long en large les curieux nous entourant, sans même un regard vers moi. Je reste planté devant lui à scruter nerveusement les alentours sans m'attarder sur son être, espérant secrètement un soupçon d'intérêt. Je peine à me tenir droite, décontenancée devant les minutes qui se transforment en heures. Je repense à ma tenue, à mes cheveux, mon maquillage, je me couvre de ridicule devant tout le monde et il semblerait que je m'apprête à recommencer de la pire des façons dans le pire des effets.
Le brouillard menace de nouveau mon esprit par des pensées jugeant de mon état. Il m'intrigue plus qu'il ne le faut dans cette nuit illusoire. Tout ce mélange en moi, les nuages m'engloutissent d'une telle rapidité que j'aimerais en profiter.
— Qu'est-ce que tu attends pour le finir ? S'étonne un gars au milieu de la foule chuchoteuse.
D'un choc brutal, comme pour répondre à mon attente, ce paradoxe m'engouffre quand son regard traverse ce qu'il restait de mon âme pour me transpercer de l'intérieur.
Nous restons singulièrement bouches bées, l'un devant l'autre, n'imaginant rien d'autre autour que nous et ce sentiment dévastateur. Ses pupilles dilatées me dévisagent dans un échange insatiable. Cette vision bleues-vertes insiste davantage sur chaque parcelle de mon corps chavirant. Tandis que ses cheveux mi-long blond jurent aux miens pendant que je m'attarde sur son souffle perturbé, dans une tentative de parole que je ne parviens pas à tenir.
— Je...
Son regard tourné vers moi sans paroles, sans même prêter attention à la menace qui se profile derrière lui, s'attardant sur ce premier mot que je peine à poursuivre. Davone, qui était encore au sol, se relève pour lui mettre le coup final au visage le faisant ainsi chavirer. Encore debout, je me précipite vers le corps au sol de celui dont je ne connais pas encore le nom.
— Tu te tapes Ryan maintenant ? Me hurle Davone.
— Ryan ? Je m'étonne devant cette question.
— Tu ne devrais pas perdre ton temps avec cet abruti.
— C'est toi qui oses me dire ça ? Tu crois que c'est le moment ?
— Tout ça, c'est de ta faute. Si j'avais su, je ne t'aurais jamais baisé.
— Là devant tout le monde ? Donc tu aimes ça m'humilier, c'est ton truc ?
Je suis hors de contrôle, j'inspire ma colère ne sachant plus comment la gérer. Pendant que je tente de ne pas m'effondrer les genoux dans le sable, Ryan se relève le nez ensanglanté, qu'il essuie à l'aide de sa manche. La foule ne se disperse pas trouvant encore plus plaisir sans combat.
— Ne lui parle plus jamais comme ça.
Ryan rend directement son coup à Davone en pleine mâchoire infligeant autant de violence qu'il en est reçu.
— C'est ça, continue ! Je devrais peut-être passer le bonjour à ta sœur. Enchérit Davone.
Alors que je pensais avoir échappé au pire, sans mesurer la gravité de ses dernières paroles, Davone s'efforce de remporter le combat. Ryan ne l'entend pas de cette oreille est réitère de sa main gauche un nouveau coup. Il est impossible de savoir l'origine des traces de sang sur son poing tant tous les deux se meurt. Davone se retrouve à nouveau à terre pour se relever aussitôt synonyme de la fureur qui l'habite.
Cette sensation de déjà vu, n'affaiblit pas la torpeur qui m'habite, au contraire, elle se multiplie. Ce n'était pas moi la cause de cette histoire, mais je regrettais d'en faire partie.
— Mais arrêtez ! Vous allez finir par vous tuer, dis-je en me risquant à les séparer, ne pouvant plus voir une seule seconde de cette scène.
— Et vous ? Vous êtes tous là à regarder. Vous voulez qu'ils se tuent ? M'énerve-je en regardant tout autour de nous.
Puisque personne ne semble susceptible de le faire, chacune de mes mains prennent la direction de leur torse respectif. L'animosité de leur corps, se fracasse contre ma paume. Leurs souffles haletants oppressent un peu plus l'espace qui les sépare, m'opprimant à mon tour dans cette tourmente. Comme encerclé dans un tourbillon d'émotions, je fonds en larmes, ne parvenant pas à les calmer.
— Je n'en peux plus, c'est trop pour moi. Arrêtez ! Mes mains ne trouvent plus la force de se tenir face à eux.
— Vous voulez vous tuer ? Vous savez quoi ? Allez-y, je n'ai plus le courage d'empêcher ça.
À cet instant, le regard de celui dont je ne soupçonnais pas la moindre compassion, se plonge dans mes yeux.
— J'arrête. C'est fini.
Pour la première fois, les traits de Davone laissent échapper un sentiment que je ne peux comprendre. Perdue entre inquiétude et souffrance, je le vois fuir, sans un mot, presque dérouté.
Je reste abrutie devant son départ. Jusqu'ici, je n'avais jamais vu personne le défier. En vérité, personne n'en avait eu le droit ou ne s'en était donné le droit, à part moi.
À l'image d'un retour à la réalité, je me rappelle où je me trouve, avec qui je me trouve.
Comme pour fuir, Ryan me tire par la main pour nous extirper de ce fléau dont nous faisons partie et par chance, j'aperçois près des abords de la plage mes chaussures, ma veste et mon téléphone qui était dedans sans aucune trace de ma robe noir.
Les alentours sont un vrai fouillis, les verres jonchent le sol, des mégots de cigarettes s'y mélangent, sans compter le nombre de bouteilles en verre vide de tequila. Je ne vois plus la trace de Mandy et avec le recul, j'espère qu'elle ne m'en veut pas de l'avoir repoussée alors qu'elle ne voulait que mon bien.
Les nuages se font plus menaçants, les orages que j'attendais avec impatience plus tôt dans la journée tentent de faire leur première apparition occultant alors la lune. Les premières gouttes vouent le feu de camp à sa propre extinction. En guise de tenue, j'enfile ma veste pour minimiser ma perte et tant pis pour mes chaussures, de toute manière je compte bien rentrer les pieds dans le sable.
Précipitamment, nous traversons le ponton où les vagues se fracassent en échos pour le dépasser. Notre course effrénée s'achève lorsque je tourne sur moi-même, les bras en l'air pour tenter de ressentir la fraîcheur de l'eau, je ressens chacune des petites gouttes s'écraser contre ma peau. Je me surprends à sourire le visage en l'air face à cet espace immense qui nous surplombe.
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Rebelle malgré elle
RomanceIl aura fallu attendre sa dernière année de lycée pour permettre à Mace d'intégrer les perfectos noirs ou plutôt les cœurs meurtris dans les rouages de la vie de rebelle. Entre sa rencontre avec le sexy Davone, l'arqué type de la destruction dans so...