Chapitre 9 - Mandy

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En arrivant devant le portail en fer forgé de trois mètres de hauteur aux initiales de « Lion » portées fièrement par les hommes de cette famille depuis des générations, Zack me fait un signe de la main en me déposant quelques mètres plus bas.

N'ayant pas encore franchi le pas de la porte, aussi imposant que le précédent portail, j'entends les cris de Mandy résonner derrière la porte à l'unisson de ceux de son père.

Ce n'est pas la première fois que je suis confrontée à ce genre de situation entre eux, alors la meilleure alternative que j'ai trouvé au fil du temps, c'est un appel au cesser le feu.

Je me contente brièvement de toquer en deux coups répétés pour m'identifier parce que cela évite au personnel de maison de se déplacer jusqu'ici, d'après ses parents.

- Mace ! S'écrit le père de Mandy. Je disais justement à ma fille à quel point il était important de privilégier les bonnes fréquentations, notre famille et l'université d'UCLA ne peuvent pas se contenter d'une rebelle de bas étage.

Son doigt pointe maintenant la direction de Mandy en continuant de plus belle sans parvenir à tenir cette discussion interposée.

- Et si tu crois que je ne suis pas au courant de tes virées nocturnes... Poursuit--il.

Les mots employés par son père défilent à n'en plus finir, en insistant sur tous les points qu'il juge nécessaires d'aborder jusqu'à l'arrêt complet des tentatives de paroles de sa fille.

Chacun de ses mots alourdissent la silhouette rouquine de ma meilleure amie, lui infligeant des dégâts irréparables au cœur.

Sans parvenir à placer le moindre mot de son côté comme du mien pour lui venir en aide, une pluie d'injures s'abat sur ses yeux rouges. Malgré son caractère, Mandy n'est en aucun cas la jeune rebelle qu'elle prétend être dans l'enceinte du lycée.

Je sens bien qu'elle risque d'infliger à son père le fruit de sa colère avec des mots bien plus accablants. Son envie de tout arrêter.

Personne ne mérite un tel fardeau, mais il devient coutume de le lui rappeler. À quel point son rôle est important, qu'elle est la dernière génération de « Lion », qu'elle n'est pas le garçon que son père désirait tant pour porter son héritage, qu'elle devait donc se tailler ce rôle « d'homme » à la perfection en tant que dernière lignée.

Un avenir contraint à un héritage non désiré avec toute la pression de son paternel sur les épaules, en suivant un rythme imposé d'une obligation d'intégrer UCLA comme ses ancêtres et son père lui-même. Le doyen d'UCLA, n'étant que simplement le meilleur ami de M. Lion en personne, il ne sera donc pas difficile d'intégrer la prestigieuse formation des business man les plus réputés.

Voilà, la souffrance qu'endosse ce perfecto noir, meurtrit par la vie.

D'un autre côté, je me rends compte du poids d'intégrer une telle faculté au lieu de la traditionnelle université de Pepperdine, beaucoup moins glorieuse et pourtant m'étant héréditairement destinée à la condition de financement de ma mère. À mon tour, il va me falloir me conforter à la décision de ma seule figure parentale.

Mais en voyant Mandy, je me rends compte à quel point cela me déchire le cœur. Je ne peux m'imaginer à quel point cela doit lui déchirer le sien.

Cette opportunité que m'offre mon ancien professeur est certainement la meilleure décision pour éviter toute forme de dépendance, mais dans un sens, je ne m'en sens pas capable. Pas après avoir entendu toutes les difficultés du monde.

Pourquoi nos avenirs devraient-ils comporter de tels sacrifices ? Comment devrais-je savoir ce qui est bon pour moi sans connaître le bonheur ?


En faisant mine de comprendre le père de Mandy, je réussis à le reprendre en enjolivant la situation après quinze minutes de sabotage.

- Croyez bien monsieur que votre fille en a pleinement conscience. Je vois chaque jour au combien elle essaye de vous rendre fière. Vous pouvez me croire. Concernant ses fréquentations, rassurez-vous, Mandy ne risque pas de ruiner ses fréquentations au détriment d'UCLA.

- Bien. Tu as de la chance pour cette fois. Insiste M. Lion en pointant de nouveau son doigt dans la direction de sa fille en guise de menace puis nous allons dans sa chambre pour tenter de nous préparer pour ce soir.

Dans un calme sourd, nous traversons l'aile gauche de la villa en empruntant des escaliers en marbre marron avec pour rambarde toujours ce même fer forgé. Les murs blancs des différents halls encadrés de moulures dorés dont je suis presque certaine qu'ils s'agissent de feuille d'or se marient à la perfection avec la décoration moderne aux allures de vacances.

Lorsque nous empruntons le dernier couloir en passant par un énième salon, des baies vitrées semblable à celle du lycée, nous offre une vue imprenable sur la côte Ouest de Malibu et de son océan d'un bleu-vert hypnotisant.

À peine arrivée dans la chambre de Mandy, elle claque aussitôt la porte derrière nous avec plus d'énergie que nous en avons eu pour traverser la villa.

- Je suis désolée, tu n'aurais jamais dû y être mêlée.

- Ton père ne devrait pas te parler comme ça.

- Il ne me laisse pas trop le choix.

- Tu n'as pas envie de tout plaquer pour faire vraiment ce que tu aimes ? Dis-je afin de tenter de comprendre comment elle arrive à le supporter.

- Tu sais très bien pourquoi je suis admise à l'UCLA, mais mon père ne sait pas que j'ai postulé comme tout le monde de mon côté en envoyant mon dossier au comité d'admission. Et le pire dans tout ça ; c'est que j'ai été accepté sans son aide, grâce à mon niveau en volley-ball pour intégrer l'équipe de l'université. Je vais réussir à faire ce que j'aime Mace... En plus du cursus qui m'est imposé.

Je reste muette. Surprise de ne pas avoir été tenue dans la confidence. Mandy semble s'en être rendu compte alors elle poursuit.

- J'aurai dû te le dire, mais je n'aurai jamais pensé être admise. Assumer de se voir refuser une partie de sa propre ambition pour au final intégrer UCLA. J'aurai eu honte vis-à-vis de toi et aussi de moi-même. J'espère que tu me comprends.

Bien sûr que je la comprends, je ne me sens moi-même encore pas prête à lui parler de cette proposition qui s'offre à moi.


Mandy a toujours cherché à me préserver contrairement à tout le monde. En revanche, le secret en est peut-être la clé et c'est parfois ce qui me fait peur chez elle.

- Pour me faire pardonner. Je t'ai réservé une petite surprise.

Avant même de m'abandonner à mon brouillard habituel, je me lève de son lit en drap de soie rose de la même couleur que sa moto sur lequel j'étais allongée. Mandy me tend de sa main fine un cintre avec sa housse de protection m'empêchant ainsi d'en déterminer le contenu.

- Comme je sais que ta mère ne déniera pas penser à toi pour ce soir. Je pense que tu devrais l'ouvrir. En cédant à la tentation, je me relève intéressé en suivant son conseil.

En révélant ce qui s'y cachait à l'intérieur, je découvre une robe ébouriffée de tulle noir cousu sur plusieurs étages d'une longueur de jambe, cintrée à la taille d'un nœud noir discret remontant en un bustier fait même du précieux tissus.

- Attends, je vais t'aider.

- Je ne peux pas accepter. C'est beaucoup trop... Ma voix trahit un trémolo de gratitude.

- Tais-toi. Quand je l'ai vu, j'ai su qu'elle était faite pour toi. Me dit-elle pleine de fierté.

- Elle a dû te coûter une fortune, je ne pourrais jamais te rembourser cette robe.

- L'argent n'est pas un problème. C'est un cadeau chérie.

Face au miroir à pied près de son dressing, pièce à part entière de sa chambre, Mandy porte le cintre à mon cou devant mon buste, en se tenant derrière moi pour combler un sentiment que je n'ai que côtoyer qu'en étant enfant.

- Ce soir, tu mérites d'être la plus jolie uniquement pour toi.

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⏰ Dernière mise à jour : Jan 14 ⏰

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