LE CHOIX

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Sans même qu'Astrid ne puisse s'en rendre compte, son pouvoir avait une fois de plus prit quelques libertés. Le vent s'engouffrait dans le tribunal par le plafond qui laissait apercevoir le ciel, les gardes se montrèrent déroutés face à la légèreté de leurs armes et Maude agrippa fermement son éventail pour que celui-ci ne lui échappe pas des mains.

- Jeune fille, s'exclama la Reine, je te donne trois secondes pour te calmer.

   Astrid releva le menton pour affronter le regard accusateur de la monarque. Des rivières de tristesses s'écoulaient sur ses joues, son corps tout entier tremblait. Dans son ventre s'entremêlait tristesse, colère et peur. Dans sa tête se battaient l'incertitude, la révolte et l'envie de fuir.
   Des bourrasques de vent apportaient dans le tribunal des feuilles mortes qui tourbillonnaient ainsi que du sable qui fouettait parfois le visage du connétable ou encore celui de la présidente du tribunal d'Ophiuchus. Pourtant, tous restaient de marbre face à cette manifestation du pouvoir d'Astrid. Leurs yeux étaient rivés sur celle qui se tenait proche de la Reine, comme si ils attendaient d'elle quelque chose.
   Sans pouvoir l'empêcher, le bâtiment entier se mit à trembler au rythme des frémissements d'Astrid.

- Amalia. Prononça la Reine sans broncher d'avantage.

La rouquine qui se tenait à côté d'elle et du majordome leva un bras en l'air. Avec la tranche de sa main qu'elle abattit vers le sol elle fendit le tourbillon de vent qui s'était formé autour du cercle de jugement. Ses cheveux incandescents cessèrent leur tumulte et retombèrent jusque dans le bas de son dos. L'assemblée se mit à applaudir cette enfant à la posture embarrassée laissant Astrid abasourdie.          
   Elle ressentait encore pleinement le mélange d'émotions qui l'accablait, pourtant sa magie avait cessée de se manifester. D'ordinaire, il lui aurait fallu se concentrer bien plus que cela pour que son pouvoir ne soit contrôlable et lors de gros chocs émotionnels, il lui fallait simplement attendre d'être déchargée de sa colère ou de sa tristesse.

- J'ai été avertie de votre perte de contrôle à l'hôpital, reprit la Reine, j'ai donc fait venir Amalia qui se trouve être un atout de taille face à des individus comme vous, petite Bélier.

- Cette enfant à un Pouvoir Unique fort intéressant, votre Altesse.

- Il est vrai Madame Mamushi, intervint le connétable. Cependant elle a déjà une place bien gardée auprès de notre Reine. Je crains que vous ne deviez tirer un trait sur ce Pouvoir qui vous intéresse tant.

- Enfin, s'exclama le Sénéchal, moyennant une rémunération... Nous pourrions tout à fait trouver un arrangement avec son altesse, j'en suis sûr.

- Peut-être pourrions-nous évoquer ce genre de sujets plus tard ? Induisit le président du tribunal d'Ophiuchus en pointant Astrid du menton.

La jeune fille comprit alors la raison pour laquelle son amie avait cessé de venir à l'académie d'une année à l'autre. Les rumeurs qui disaient que son Pouvoir Unique s'était éveillé étaient vraies. Cela n'expliquait cependant pas pourquoi elle avait cessé sa scolarité.
    Il arrivait que des enfants voient leur Pouvoir Unique se révéler sans pour autant devoir quitter les bancs de l'école. La Reine devait avoir un intérêt particulier à garder la jeune Amalia auprès d'elle.
   Astrid fut tirée hors de ses pensées par le ton réprobateur de la monarque.

- Alors? Que souhaitez vous-faire ? Vous imaginez bien qu'avec l'attaque terrible qui a eu lieu hier nous avons d'autres sujets à traiter !

- En parlant de ça... dit Astrid dont les larmes constituaient de véritables torrents incontrôlés. Votre Altesse, je peux vous assurer que je n'ai rien à voir dans ce tragique accident. J'ai moi même des amis chers à mon cœur qui sont entre la vie et la mort.

La tisseuse d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant