LE BAL

16 3 2
                                    

Astrid remarqua la gêne de Marisol lorsqu'en sortant du fiacre, un valet lui proposa sa main pour l'aider à descendre avant de la reconnaître, l'incompréhension qui s'était échappée de son regard dessina une grimace sur le visage écarlate de la Cancer.
Heureusement, Félix les accueillit dès leur sortie du véhicule en ne faisant aucune remarque, il leur prêta même un bras chacune pour les escorter jusqu'à l'entrée de la maison. Marisol l'empoigna d'une main timide alors qu'Astrid croisa son bras à celui du connétable, tout en posant sa main opposée dessus. Elle fut surprise par la douceur des manches de Félix qui arborait une tenue blanche et turquoise.
Son manteau était orné de boutons fermés sur lesquels étaient gravés le dessin d'une balance, ses épaulettes étaient en métal, argentées et rigides comme le reste des ornements qui décoraient sa tenue. Des volutes se dessinaient sur son uniforme et se coloraient de bleu au niveau de son buste. Tout indiquait à Astrid qu'il s'agissait d'une tenue de cérémonie officielle. De plus, la barbe du connétable était parfaitement taillée et ses cheveux semblaient bien plus soyeux que d'ordinaire. L'allure apprêtée du connétable révélait la perfection des traits de son visage anguleux, ses yeux bleus n'avaient jamais parus aussi perçants, d'autant qu'il les plongea dans ceux d'Astrid.

- Une bonne partie des invités sont arrivés, lui dit-il, tu vas pouvoir faire une entrée des plus remarquables.
- Je préférerais rester discrète.
- Je crains que tu ne puisses y échapper, et puis, tu es tellement belle que je doute que la discrétion soit envisageable.

La Balance décrocha son regard de celui de Félix, bien qu'elle eut essayé de le camoufler, un sourire se plaqua sur son visage qui virait au rose.

- Marisol, tu es très jolie aussi, si je puis me permettre.
- Oh... m.. merci !

La Cancer lâcha un rire gras qui l'embarrassa d'avantage qu'elle ne le fut déjà. De sa main libre elle saisit sa robe qu'elle tritura machinalement pour se débarrasser de sa gêne, en vain.
  Agrippées aux bras de Félix, les croisées passèrent un large portail ouvert et gravirent un escalier en pierre, éclairé par des luminaires à huile qui indiquaient le chemin vers la porte de la maison. Des valets accueillirent Astrid et le connétable en dévisageant Marisol. Lorsque les portes s'ouvrirent, on les conduisit à l'entrée du jardin. Il fallut au trio traverser le salon luxueux du président Habu dont la décoration rappelait à Astrid qu'elle se trouvait bien parmi les Serpentaire. Les aiguilles de l'horloge prenaient la forme des reptiles d'Ophiuchus, tout comme les manches des chandeliers et les pieds de chaises sur lesquels étaient gravés des écailles.
  Devant une autre porte, un valet s'adressa à Astrid.

- Bonsoir Madame, qui dois-je annoncer ?
- Astrid, Félix et Marisol.

   La Balance n'était pas sure d'avoir correctement répondu à la question, son incertitude grandit lorsque le valet fronça les sourcils. Félix émit un rire qui embarrassa Astrid.

- Annoncez la princesse Astrid d'Arietis, corrigea le connétable. Vous pouvez aussi annoncer Monsieur Faix et madame..

   Félix se tourna vers Marisol en l'interrogeant du regard, il ne connaissait pas son nom de famille.

- Non, vous n'avez pas besoin de m'annoncer, reprit Marisol.
- Bien, dit le valet, mes excuses Dame Astrid, je ne savais pas à quoi vous ressembliez. Je suis ravi de vous rencontrer.
- Ravie également monsieur.
- Attendez ! S'exclama Marisol.

   Elle ôta son bras de celui de Félix et empoigna le bas de la robe d'Astrid qui s'était pris sous l'un de ses talons. Elle épousseta le tissu nacré de la tenue de la Balance une dernière fois avant de se redresser. Elle inspecta la robe du regard, passant en revue chacune de ses coutures. Elle passa ensuite sa langue sur son pouce avant de se baisser à nouveau pour retirer une minuscule éclaboussure de terre qui avait atterri sur la chaussure argentée d'Astrid. Le valet et Félix, qui s'extirpa de l'étreinte de la tisseuse d'étoiles, eurent la même incompréhension plaquée sur le visage.

La tisseuse d'étoilesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant