Chapitre 5 : Confiance

18 1 0
                                    

Point de vue d'Anna :
Novembre, à Los Angeles, chez Liam.

***

Quelques heures plus tard.

Alors que le jour commence à diminuer, mon corps, lui, n'a pas bougé de cette chambre et plus précisément de lit depuis que Rebecca a quitté la pièce. Elle m'a demandé de réfléchir à cette offre qui selon elle vaut le coup mais mon cerveau ne savait plus quoi penser...

Je serais égoïste d'écouter une petite partie de mon cœur en me disant que rester à Los Angeles me permettrait d'avoir un toit, à manger, des fringues et j'en passe.

Mais, je ne peux pas faire comme si ma mère était à l'autre bout du pays. Comment fera-t-elle toute seule ? Et si elle est officiellement virée du centre à cause de son comportement ? Je m'en veux de vouloir être égoïste et de penser qu'à moi... Mais est-ce qu'un jour j'aurais le droit de la faire à nouveau ?

Je crois qu'être trop gentille est tout sauf une qualité. Au contraire. C'est un défaut... Le pire défaut est qu'il puisse exister. Et je crois. Non je suis sûre qu'au fond de moi, une infime partie remercie Jarry d'avoir toujours payé les soins de ma mère.

Anna c'était du chantage.

J'aurais été forcé dans tous les cas. Alors ça change quoi au juste ?

C'est vrai. Il avait beau versé son argent pour que mia mamma (ma maman) puisse toujours avoir ses soins il restera toujours à mes yeux le deuxième homme qui m'a encore plus détruite.

Je crois qu'il y aura toujours une part de mon âme qui sera éternellement détruite. Non. Morte. Oui voilà. Une part de mon âme est définitivement morte, tandis que l'autre reste animée seulement pour me rappeler tous mes traumatismes et les horreurs qu'on a pu me faire.

Une vague de colère s'empare de moi quand je repense au nombre de fois où j'aurais pu me défendre. Ou du moins essayé mais que j'en étais incapable tous parce que la peur paralysé l'entièreté de mon corps.

Elle me stoppait dans mes gestes et m'obligeait à subir ce qu'on m'a infligée. Vous connaissez cette sensation ou vous êtes sur le point de faire une chose qui vous plait vraiment, mais que vous perdez toute confiance et stoppez tout mouvement pour vous ravisez.

J'admire chaque femme, et chaque homme qui réussissent chaque jour à remonter la pente après un viol. Je les admire parce qu'ils sont l'exemple même qu'il y a toujours du positif enfoui quelque part.

Directement ma main se pose sous mon sein gauche là où une phrase toute fine a l'encré noir est ancré dans ma peau. Une phrase que mes parents me répétaient souvent quand j'étais jeune.

Devi mirare alla luna per toccare le stelle (Il faut viser la lune pour toucher les étoiles...)

Laissez-moi rire deux minutes.

Il y a six ans je vous aurais dit que ce tatouage est ma plus grande fierté mais aujourd'hui je dirais que c'est ma plus belle connerie. Le bonheur n'est qu'éphémère tandis que le mal perdure dans le temps. Il faut seulement apprendre à vivre avec.

Les gens pensent être heureux... mais je crois que c'est l'habitude. La même que de répondre "ça va" à quelqu'un alors qu'au fond rien ne va...

Peut-être qu'un jour je trouverais ma lune...

Je rabats la couverture sur moi et essuie les larmes silencieuses qui coulaient doucement sur mes joues, en secouant la tête pour effacer et jeter le plus loin possible ce rêve qui ne verra jamais le jour.

Sous son EmpriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant