Chapitre 12 : l'énigme

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Bien contente d'avoir la possibilité de voyager dans la roulotte tout en dévorant les histoires de son livre, Mathilda ne prêtait pas attention à ce qui l'entourait. Grand-mère qui aimait marcher, se mis à sa hauteur et lui demanda:

- Dis-moi mon enfant, que te raconte ce livre que tu lis avec tant de passion?

- Des détails sur les histoires que vous nous avez raconté hier soir, lui répondit Mathilda.

- Ce que je ne comprends pas c'est que tu tournes les pages et tu lis avec avidité mais tu aurais dû le finir il y a bien longtemps ce livre depuis ce matin que tu es dessus!... Tu n'en as même pas atteint la moitié! Et ce midi quand j'ai voulu te l'emprunter, il n'y avait que des pages blanches!

Mathilda devint toute banche! Elle n'avait pas pris garde. Elle avait laissé une inconnue feuilleter son livre, sans s'en apercevoir, elle avait dû le poser sur le bord le temps du repas.

A la réaction de Mathilda, Grand-Mère se renfrogna et se mit à regarder Mathilda avec un regard qui aurait pu la transpercer.

- C'est un livre magique que tu as là! et je pourrais parier que c'est un livre de la bibliothèque oublié! Comment as-tu eu ce livre? Et qui es-tu pour posséder un tel objet?

- La bibliothèque oubliée? repris Mathilda en écho.

Elle avait bien compris qu'il s'agissait d'un livre magique, mais elle n'avait jamais entendu parler d'une bibliothèque oubliée. Comment elle avait eu ce livre, elle ne le savait pas non plus. Il avait toujours été là.

Mais, qui elle était, cela elle le savait! Elle garderait cela secret le plus longtemps possible, sans quoi leur vie serait en danger et le voyage qu'ils avaient entrepris serait voué à l'échec.

Armand qui n'avait pas quitté du regard Mathilda s'aperçu du malaise de celle-ci le premier, et bien qu'il fermât la marche, en un bon, fut aux côtés de Mathilda sur la contre marche de la roulotte.

- Un problème Mathilda ? Tout va bien?

Elle glissa un regard à Grand-Mère qui avait totalement changé d'expression. Son visage ne laissait transparaître aucune émotion, elle paraissait soudainement indifférente. Ignorant la présence d'Armand, elle se dirigea vers les bêtes qui s'étaient arrêtés pour les faire repartir.

- Oui, tout va bien. Répondît-elle d'une voix muette.

- La voix qui me répond est aussi pâle que ton visage et tes mains tremblent Mathilda ! Insista Armand à voix basse, en la regardant dans les yeux et lui prenant les mains il ajouta : Et tu as les mains glacées!

Mathilda était terriblement gênée, elle n'avait parlé de son livre qu'à sa demi-sœur, il était pour elle son jardin secret. Et les questions de grand-mère lui avait fait prendre conscience des dangers si on découvrait qui elle était. Dans sa tête tout se bousculait, le but de leurs voyage son identité, le passé de son pays,...

- Je vais marcher un peu, cela me fera du bien.

Sans insister, Armand la laissa descendre et se contenta de marcher près d'elle. Voyant Mathilda soucieuse, Léonie et Ignis improvisèrent une pause. Ignis se mit à réciter un ancien conte sur les livres oubliés et la bibliothèque du savoir pour confirmer à grand-mère de façon détournée l'origine du livre de Mathilda. Puis Basil, qui parlait peu et passait son temps soit à conduire les bêtes, soit à les soigner, leur demanda où ils se rendaient.

Apres un temps de silence, Léonie répondit sans détour:

- Nous accompagnons ces jeunes gens à ma ville morte, ils y sont attendus pour offrir leur main d'œuvre. Et quand nous auront terminé notre mission, nous partirons pour le pays des 7 mers.

- Le pays des 7mers... Dis Grand-mère d'une voix lointaine... les réfugiés du pays d'AnnA... Ont-ils seulement réussis à les traverser?

- Si vous prenez le chemin de la ville morte, repris Basil, nos chemins se séparerons au prochain hameau! C'est une route très dangereuse... Je suis étonné de voir des jeunes gens paraissant honnête, se retrouver en main d'œuvre à la ville morte. Si on l'appelle ainsi, c'est que nul n'y survis...

Ne voulant pas les blesser, il s'arrêta, porta son regard sur eux et haussa les épaules en marmonnant simplement. Quel gâchis! Sous le regard réprobateur de grand-mère il se tut définitivement et reparti soigner les bêtes.

Roseline proposa alors toute pennée :

- Pourquoi ne pas continuer la route avec nous?

- Et comment les nourririons nous? Nous avons déjà à peine de quoi nous suffire! Siffla Grand-Mère devenue méfiante

Orlan ajouta à son tour:

- J'ai entendu dire dans une de ces auberges remplie de guerriers, qu'à la ville morte, il y aurait une unité de guerriers d'Usar qui passerait son temps à profiter de la vie à la ville morte ; elle serait entièrement vide de toute vie, ils ont pour mission de trouver une porte qui cache un des plus grand secret du pays d'AnnA. Ces guerriers sont enviés des autres et ils en sont aussi la risée, car depuis dix ans ils n'ont jamais été capables de trouver cette porte. Ils ont fouillé tout le château, les dépendances, et ne trouvant toujours rien, ils exploreraient la ville et ses alentours, un petit groupe serait resté au château en y essayant toute sorte de magie et offrande pour trouver cette porte.

Il leva la tête sur Mathilda, puis ajouta, en y réfléchissant vous pourriez être des offrandes.... Puis il regarda Mathilda, mais je n'arrive pas à vous imaginer offrir une si délicate créature en offrande à ces monstre pourri et hideux...

Cette réflexion eu pour effet de faire rougir à nouveau Mathilda qui n'était pas habituée à ces paroles selon l'éducation qu'elle avait eu.

Un long silence suivi, puis dans un éclair de lucidité, Grand-mère écarquilla les yeux en disant:

- Se pourrait-il que vous souhaitiez défaire le mal qui a pris ce pays en otage?

Tout sembla se figer, cette fois un grand silence pesa sur le petit groupe. Ignis intervint:

- Il semble que ce soit pour le mieux que nos chemins se séparent dès demain.

Grand-mère repris alors:

- Basil a raison c'est du gâchis! Il faut être fou pour se jeter dans la gueule d'un monstre! Personne n'est jamais revenu de la ville morte. Puis elle se leva et quitta le cercle pour s'assoir dans la roulotte.

Ce silence gênant mit fin à la halte et ils reprirent la marche.

Léonie, Ignis, Mathilda et Rosalia suivant la roulotte et parlant de tout et de rien, de cette magnifique forêt enchantée. Ignis complimentait Rosalia et Mathilda sur leurs tenues... la discussion était d'une humeur joyeuse, comme si le but de leur voyage avait été mis de côté pour un moment...

Léonie et Ignis avaient été distraites par la nature et ce pays retrouvé, même s'il avait été détruit, elles étaient si heureuses de pouvoir y remettre les pieds. Elles se mirent à chanter une chanson qu'elles aimaient plus que toutes les autres, qui louait les rois et reines des anciens temps. Celle-ci appelait les Antérios auprès du peuple, et louait les trésors des saisons.

A la fin de la chanson Grand-mère dit alors:

- Fût un temps où c'était les habitants du pays d'Anna qui chantaient cette chanson en offrande aux Antérios. Des danses et offrandes leurs étaient données. La légende dit que les Antérios eux même allaient chanter aux Invisibles toutes sortes d'anecdotes qu'ils avaient vécues en venant rendre visite à notre peuple.

Orlan, la coupa:

- Tu nous là déjà dis grand-mère! Sur un ton de raillerie.

- Oui! Mais les choses ont changées depuis, mon enfant, lui répondit-elle avec chaleur et une lueur d'espoir au fond de son regard profond.

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