Chapitre 15

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Comment Félix était-il supposé réussir à faire face à Hyunjin après cela ? Peut-être qu’il avait agi ainsi uniquement à cause de l’alcool et que ça ne voulait rien dire. Quoi qu’il n’avait pas eu l’air si bourré que ça ? Il lui avait tout de même dit qu’il lui plaisait et ça, ça n'était pas anodin. Il était d’ailleurs surpris qu’une telle attirance soit envisageable pour Hyunjin. Wonho lui avait dit lors de ses débuts qu’il ne fallait pas mêler travail et sentiment, et voilà que le numéro un de l’agence faisait l’inverse, c’était à n’y rien comprendre. Et puis surtout, Félix se triturait l’esprit pour savoir si cette attirance était réciproque. Oui il trouvait Hyunjin beau et séduisant, oui ce côté bienveillant et entreprenant lui plaisait beaucoup, oui il avait plusieurs fois clairement fantasmé sur lui, serait-il contre une potentielle relation autre que professionnelle ? Clairement non. Pourtant il se doutait bien que venir ajouter une relation amoureuse dans le cadre d’un métier tel que celui qu’ils exerçaient tous les deux n’était probablement pas une bonne idée. Ça leur causerait sans doute plus de problèmes qu’autre chose mais est-ce que ça ne valait pas la peine de tenter ?

Félix s’en serait presque arraché les cheveux et il ne voyait pas vraiment avec qui il pouvait partager ce genre de dilemme. Sana allait certainement perdre la tête à l’idée de savoir son idole attirée par son meilleur ami, Jisung était dans le métier alors il aurait sûrement une vision biaisée de la situation, il ne se sentait pas assez proche des autres pour aborder un tel sujet… Il pensa alors à son grand-père, il pouvait toujours prétendre qu’il était attiré par UNE collègue de travail, le vieil homme n’y verrait sûrement que du feu.

***

C’était une journée calme à la maison de retraite, il y avait peu de visiteurs ce jour-là et Félix aimait quand c’était le cas. Il emmena son aïeul faire le tour du jardin et ils s’installèrent sur un banc, à l’abri du soleil et du vent qui commençait à se lever.

— Tu as l’air préoccupé, tenta Dongho en scrutant le visage de son petit-fils, c’est le travail ? Ton nouveau travail se passe mal ?

Tellement perspicace, comment Félix était-il supposé lui cacher quoi que ce soit ?

 — Non, au contraire ça se passe très bien, le rassura Félix en affichant un sourire qui se voulait honnête. Mes collègues sont très gentils et le salaire est intéressant, je suis reconnaissant d'avoir eu cette occasion.

Il prétendait toujours avoir signé dans une menuiserie un peu à l’écart de la ville puisqu’il ne pouvait décemment pas dire la vérité à son grand-père qui en aurait certainement eu une crise cardiaque.

— Alors qu’est-ce que c’est ? Une peine de coeur ?

— C’est compliqué.

Dongho lui pressa la cuisse de sa vieille main ridée.

— Je suis peut-être vieux mais je ne suis pas encore sénile ! Tu sais que tu peux me parler de tes soucis, je suis là pour t’écouter et t’aider si je le peux. Je n’aime pas te voir soucieux comme ça, j’aimerais pouvoir faire quelque chose, me rendre utile.

Face à son visage bienveillant, Félix se sentit un peu plus à l’aise et il fallait bien qu’il se confie à quelqu’un, sinon il sentait qu’il allait imploser.

— C’est… une collègue de travail.

— Oh, elle te plaît ?

— Elle m’a dit que je lui plaisais.

— À qui ne plairais-tu pas en même temps ? Beau garçon comme tu es ! rit Dongho. Et elle, elle te plait ?

Félix fit la moue et fixa ses genoux.

— Moui, il… elle est pas mal et elle est gentille et elle m’a bien aidé quand je suis arrivé dans l’entreprise. 

— Qu’est-ce qui te bloque alors ?

— Justement, tu ne crois pas que ce n'est pas une bonne idée de mêler travail et histoire d’amour ?

Dongho prit appui sur sa canne et leva les yeux vers les branches d’arbres qui s’agitaient au gré du vent frais. Il sembla réellement cogiter, si son petit-fils lui demandait conseil, il ne pouvait pas lui répondre n’importe quoi.

— Pourquoi est-ce que ça serait un problème ? Le travail peut rester le travail et la vie privée la vie privée. 

— C’est pas si simple que ça…

— Tu as peur de ne pas réussir à faire la part des choses ?

Comment lui dire qu’il ne savait pas s’il serait capable de supporter de voir son potentiel petit ami coucher avec d’autres hommes que lui, même pour le travail ? Sortir avec un acteur porno n’était pas comme sortir avec son collègue de bureau, absolument pas. Il savait bien que Changbin, par exemple, avait une relation sérieuse avec une actrice et qu’il continuait pourtant à tourner avec d’autres hommes, alors ça ne semblait pas être impossible à gérer mais…

— C’est dommage de passer à côté d’une belle relation juste à cause du travail tu ne trouves pas ? reprit Dongho face à son silence. Tu peux toujours essayer, voir si ça fonctionne pour elle comme pour toi. Tu peux même poser tes conditions avant et elle les siennes pour que tout se passe le mieux possible.

— Et si je ne lui plais pas au point de s’engager à ce point ?

— Alors c’est que ça n’est pas la bonne personne, c’est tout. On ne peut pas tomber sur le chiffre gagnant à tous les coups ! Regarde au bingo, des fois on gagne, des fois on perd, alors certes, on est déçu mais on finit toujours par rejouer après.

Félix ne put s’empêcher de pouffer de rire à cette comparaison grotesque, mais il devait admettre que son grand-père avait raison.

— Qui ne tente rien n’a rien, c’est ça que tu essayes de me dire ? gloussa-t-il.

— C’est ça. Tant que tu n’auras pas commencé une partie, tu ne pourras pas savoir si tu vas gagner ou perdre. C’est aussi ce qui rend la vie plus excitante tu ne crois pas ?

Il prit la main de Félix dans la sienne et se pencha vers lui.

— Tu as le droit d’être heureux Yongbokkie, alors ne laisse pas le doute te faire passer à côté d’une belle histoire. Et si ça ne marche pas, ça ne marche pas, tu rencontreras quelqu’un d’autre et c’est tout, la vie ne s’arrête pas à un échec.

Le jeune homme sourit et serra la main de son aïeul en signe d’accord.

— Tu as raison, heureusement que je suis venu te demander conseil, comment est-ce que je ferai sans toi ?

— Je me le demande ! s’exclama Dongho en lui tapotant la cuisse. Alala, nous les vieux au moins on a du vécu, de l’expérience, et si ça peut être utile alors c’est tant mieux !

Le vent se mit à souffler un peu plus fort et les deux hommes frissonnèrent. Félix se leva du banc et tendit le bras à Dongho pour l’aider à se lever.

— On ferait mieux de rentrer avant d’attraper froid.

— Tu as raison, dit le vieil homme en s'appuyant sur son bras. Et dis-moi, cette jolie collègue, tu viendras me la présenter si ça marche d’accord ?

Félix sentit ses joues se mettre à chauffer, si ça pouvait faire plaisir à son grand-père, il pourrait toujours demander à Sana de jouer le rôle de sa petite amie, car il ne se voyait pas lui présenter un homme comme compagnon. Il se mit à rire en se mettant en route vers le bâtiment.

— Promis grand-père, et si ça marche, tu seras le premier informé !

Tasty U ~ [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant