L'art de la guerre

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« Seul on va plus vite mais ensemble, on va plus loin »

PDV Camille

Chaque minute étaient désormais comptées. Bientôt la police lancerait les recherches afin de retrouver Aria. L'alerte enlèvement sera diffusée en boucle dans les télévisions de chaque français en possession d'une, des photos d'elle tapisseraient les murs de la ville, des métros, des gares et aéroports, amenuisant mes chances de m'extraire de cet engrenage bien l'huilé certes, mais encore trop faillible au vu des chiffres qui ne jouaient pas du tout en faveur de mes chers ennemis des forces de l'ordre.

Assise à l'arrière du taxi, ma fille chaudement dans les bras, je lui caressais doucement la joue. Ses cheveux couleur de jais dépassaient de son bonnet. Elle en avait beaucoup pour son jeune âge, ils étaient déjà longs et se terminaient en de grosses boucles sur les pointes. Dû à son métissage, ils n'étaient pas raides comme les miens et ça me plaisait. Aria ne me quittait pas des yeux. Son regard paraissait tout de suite plus intense à cause de la couleur si particulière de ses pupilles identiques à celles de son père. Elle lui ressemblait tellement mais avait mon nez et un peu de ma bouche aussi. Le mélange était parfait. Magnus et moi avions au moins réussit ça.

Mon esprit se mit à vagabonder, je repensais au coup assez violent que je lui avais assené à l'arrière de la tête. Je le regrettais presque. Il était un bon père, je le savais et d'ailleurs j'avais toujours su qu'il en serait ainsi. Sa fille était toute sa vie, comme elle était la mienne aujourd'hui, les choses auraient pu se passer autrement si Lightwood ne noircissait pas toujours mon tableau idéal de la famille parfaite. Je n'avais pas prévu de passer à l'action si rapidement mais hier soir tout avait basculé quand je les avais vu en compagnie de Rafael dans la chambre d'Aria. Voir ces trois-là ensemble m'avait surprise...je savais que Magnus et Rafael s'étaient rapprochés durant toute la période où ils ont dû prendre soin de moi à cause de ma dépression mais je ne pensais pas que ça durerait, après tout, ils étaient complètement différents. Ceci était un mystère, cependant, ce qui m'inquiéta le plus fut leur conversation, ils parlaient de la sécurité d'Aria puis Alec semblait inquiet et Rafael avait dit qu'il la protégerait. Je n'avais pas tout compris, en revanche, une alarme avait retenti en moi à ce moment-là. Quelque chose se préparait, je ne savais pas quoi, mais en revanche ce que je savais, c'était qu'il fallait que j'agisse vite et surtout avant eux.

C'est ainsi que j'avais passé toute la nuit à peaufiner mon attaque. J'avais d'abord pensé à contacter Olivia afin de lui demander d'en apprendre plus mais le temps me manquait, j'avais un pressentiment.

Pourquoi Rafael était-il avec eux ? Que cherchait-il à faire ? Il avait été à ma recherche tous ces derniers mois, à chaque fois qu'il se rapprochait, je changeais de villes ou de pays, c'était comme un jeu pour moi, un jeu pour tester sa loyauté. J'avoue que sa dévotion et sa détermination m'ont touchées. Contre toute attente, il était toujours complètement amoureux de moi et par moment, je me disais que peut-être, ce serait une bonne chose qu'il soit à mes côtés sauf que Rafael avait changé. Je savais qu'il n'accepterait pas d'être en cavale, non, lui tout ce qu'il voulait était de me sauver, me ramener afin de me faire soigner ! Il avait même été jusqu'à contacter ma psychothérapeute afin de savoir si je continuais mes séances. Ma santé mentale était son unique préoccupation. Les sentiments qu'il avait pour moi le poussait à être quelqu'un de bien... quelle ironie car moi, celui que j'aimais était l'ancien lui. Le Rafael sans cœur, vile et prêt à commettre tous les crimes et actes abominables sans sourciller pour moi, ce Rafael-là me manquait.

Tout à coup, Aria se mit à pleurer dans mes bras, surprise, j'essayai de la calmer mais n'y arrivai pas.

– Elle a peut-être faim, suggéra le chauffeur tout en nous observant à travers le rétroviseur. 

– Euh, oui. J'ai dû partir la récupérer précipitamment, je n'ai pas ce qu'il faut avec moi.

– Je comprends, ne vous en fait pas nous sommes arrivés, me rassurât-il.

Je le remerciai puis descendis rapidement du véhicule. Je portais une perruque plus des lunettes de soleil afin de protéger mon identité. J'entrai dans le vieil immeuble où je louais un appartement puis empruntai les escaliers jusqu'au troisième... je ne voulais pas prendre le risque de croiser du monde en prenant l'ascenseur surtout qu'Aria continuait de pleurer inlassablement.

Je déverrouillai la porte puis la refermai. J'installai ma fille sur le lit puis partis à la recherche de quoi la nourrir. J'ouvris le frigo et vu qu'il me restait du lait en brique. Tout cela me faisait perdre du temps, j'aurais mieux fait d'anticiper là-dessus mais je n'y avais pas pensé. Dans la précipitation, j'avais omis de récupérer son sac qui était resté dans sur le siège arrière de la voiture de Magnus. Je versai le lait dans un gobelet puis pris une paille. Je m'apprêtais à le lui faire boire quand je décidai de le réchauffer un peu. Une fois fait, je tentais de le lui faire boire mais elle refusa de l'avaler. Après plusieurs essais, je soupirai de désespoir.

– Fais un effort ma chérie, je sais que tu n'es pas habituée aux pailles et au lait en brique mais Maman t'achètera un biberon et du lait de meilleure qualité dès que possible.

Ma fille continuait à pleurer à chaud de larmes, durant tout le temps où je l'avais observée je ne l'avais jamais vu pleurer autant et ne savais donc pas quoi faire. Je la pris dans mes bras et commençai à lui chanter une chanson. Contre toute attente, elle commença à se calmer légèrement. Soulagée, je me mis à rigoler.

– Incroyable, tu es bien la fille de ton père ! lui dis-je tout en continuant à chantonner.

Soudainement, je me rappelai avoir vu Magnus lui chanter des chansons le soir accompagné de son clavier. Il n'était donc pas surprenant que la musique agisse sur elle comme un talissement magique.

Je repris le lait dans un ultime acte désespéré de la nourrir...toujours rien. Elle refusait de manger.

– Bon tant pis, on doit quitter cet appartement et se mettre en route, tu mangeras quand tu auras faim.

J'avais réservé une chambre dans un petit motel situé à côté de l'aérodrome où nous devions prendre un jet privé demain matin de bonheur. On avait plus une minute à perdre. Je l'installai à nouveau sur le lit et commençais à rassembler ce dont on avait besoin pour notre périple mais quelques minutes plus tard, elle recommença à pleurer de plus belle. Je me précipitai vers elle puis lui caressai doucement la joue afin de la calmer...soudainement j'écarquillai les yeux de peur... elle était brulante. Je la pris rapidement dans mes bras et revérifiai. Elle était vraiment brulante de fièvre. Paniquée, je pris mon téléphone et composai le numéro d'Olivia. J'avais besoin d'aide, et elle était la seule à pouvoir m'aider. Elle décrocha au bout de trois tonalités et m'enchaina directement.

– Camille enfin ! J'ai essayé de te joindre ! Aria a disp...

Elle s'arrêta tout à coup.

– Camille, ne me dit pas que c'est elle que j'entends pleurer à l'autre bout du fil, chuchotât-elle.

– Si, j'ai besoin de ton aide. Elle a de la fièvre et n'arrête pas de pleurer.

– Quoi ?? Mais c'est toi qui a agressé Magnus ?! Enfin, ce n'est pas du tout ce qui était prévu ! On devait attendre le bon moment afin que je puisse te l'emmener ! Puis surtout on devait faire croire à Magnus que c'était à cause de la négligence d'Alec que sa fille avait pu être enlevée ! On devait briser la confiance qu'ils ont l'un en l'autre !!

– Je sais, je sais, mais le plan a changé ! Je n'ai pas le temps de t'expliquer.

– Tu es incroyable !

– Tu vas m'aider ou pas ? Je te rappelle que Magnus ne te le pardonnera jamais s'il arrive quoique ce soit à sa fille.

Je l'entendis soupirer.

– Inutile de mettre Magnus dans la balance, je ne le supporterai pas non plus s'il devait lui arriver quoique ce soit, c'est un petit être sans défense et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'on devait prendre notre temps et préparer les choses convenablement. As-tu un biberon ? Des couches ? Ses médicaments ? Je t'ai pourtant dit qu'elle était sous traitement ! continuât-elle à m'accabler.

J'avais agi dans la précipitation et je savais qu'Olivia avait raison mais elle commençait sérieusement à m'agacer.

– Tu as fini ?

– Dis-moi où tu es, je vais préparer un sac et t'y rejoindre. En attendant, il faut faire baisser sa température.

– D'accord, comment ?

– Je t'envoie les instructions par message, ok ?

– Ok, dépêche-toi et sois prudente. Personne ne doit de te voir.

– Ça va, la police m'a déjà interrogé.

– Quoi ? Pourquoi toi ?

– Parce que c'est moi qui ai retrouvé Magnus allongé sur le parking après que tu l'es sauvagement frappé à la tête ! Il a une commotion par ta faute !

Ça va, ce n'était pas comme s'il était mort non plus, pensai-je sarcastiquement.

– Qu'as-tu dit à la police ? lui demandai-je.

– Pas grand-chose...de toutes les façons, je n'ai rien vu. Quand je suis arrivée, tu étais déjà partie donc je n'ai même pas eu à mentir.

– Parfait.

– Je vais préparer ce qu'il faut, on se rappelle.

– Entendu.

Je raccrochai. Quelques minutes plus tard, elle m'envoya les instructions afin de faire baisser la température d'Aria. Tous ces imprévus me stressaient, il fallait que je mette de la distance entre nous et la police...pourtant les choses ne se déroulaient pas du tout comme prévu et plus je perdais du temps, plus j'augmentais leur chance de nous retrouver.

PDV Alec

– Je dois passer au poste, on se retrouve chez toi d'accord ? me dit l'inspecteur Garroway.

– Euh ouais...entendu.

– Alec, ne préviens pas Santiago que je serai là.

– Oh...d'ailleurs...à son sujet...vous n'allez pas l'arrêter hein ? Non pas que j'en ai quelque chose à faire mais...mais lui et Magnus sont proches et...

L'inspecteur rigola.

– Honnêtement, mettre un des leur derrière les barreaux serait un bonheur incommensurable mais non, je n'ai rien pour faire inculper Santiago. Aux yeux du monde, il n'est qu'un gentil étudiant...

– Je vois...et pour Camille ?

– Là c'est une autre histoire, on pourra l'inculper pour enlèvement et coups et blessures. Puis si tu te sens prêt à témoigner on pourra également la faire payer pour ton agression.

– Chaque chose en son temps...on verra. Retrouvons Aria avant.

– Très bien.

L'inspecteur s'en alla en premier. Je décidai de faire un détour par la chambre de mon fiancé avant de me rendre à la rencontre programmée entre Rafael, Garroway et moi. En arrivant sur place, je fus surpris d'y voir autant de monde. Asmodée, Clary et Izzy étaient présents en plus de Sarah. Ma petite sœur se précipita dans mes bras en pleurant. La force et le courage dont j'avais fait preuve plus tôt commencèrent à me lâcher.

– Ça va aller, ça va aller, tentai-je de la rassurer.

– Comment peux-tu dire ça ? On ne sait même pas qui a bien pu l'enlever...

Je me sentis coupable de ne pas partager avec eux ce que je savais mais cela n'aurait conduit qu'à plus d'inquiétude.

– Il faut avoir confiance, si on commence à perdre espoir... c'est foutu, lui dis-je.

– Alec à raison, dit Asmodée la gorge nouée. On ne doit pas perdre espoir...notre princesse nous reviendra dit-il en ravalant un sanglot.

Clary était allongée à côté de son frère sur le lit et pleurait silencieusement. Je n'étais pas certain qu'elle avait le droit d'être là mais vu la situation, personne n'avait le cœur de le lui dire. Je m'avançais vers elle avec Izzy toujours accrochée à moi puis doucement lui caressais les cheveux.

– Magnus va aller mieux, il est fort.

– De sa blessure à la tête...peut-être...bien, reniflât-elle...mais ce dont je suis sûre, c'est qu'il ne s'en remettra jamais...si on ne retrouve pas Aria. Mon frère ne sera plus jamais le même ! dit-elle en recommençant à pleurer.

On se regarda tous sans oser prononcer un mot de plus. Clary avait raison, Magnus serait détruit à jamais et avec lui nos deux familles. Je ne pouvais pas laisser ça se produire.

Déterminé, je quittais la chambre en leur servant comme excuse qu'il fallait que je retourne à l'appartement afin de ramener des affaires à Mag's pour quand il se réveillera. Sa voiture avait été réquisitionnée par la police afin de prélever des empreintes...quelle perte de temps inutile surtout que j'en avais bien besoin !

De l'amitié à l'amour : Devenir une famille ( Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant