Les jeux sont faits

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« Est pris qui croyait prendre »

PDV Alec

Trois jours que nous étions de retour à la maison, complètement ressourcés et heureux après cette semaine passée en compagnie de nos familles et de nos amis. Malheureusement, cette sensation de plénitude allait bientôt disparaitre avec l'arrivée de notre invité non désiré de ce soir.

– Il est en retard, râlai-je en regardant l'horloge de la cuisine.

Magnus s'approcha puis m'embrassa tendrement sur le front.

– Merci Mon Amour, je sais que ce n'est pas facile pour toi d'accepter cette situation, me dit-il.

Je soupirai.

– Promets-moi qu'on sera heureux pour toujours quand tout sera terminé.

– Comme dans les contes de fées ? demandât-il avec un petit sourire en coin.

– Oui parfaitement, je veux mon happy end ! dis-je avec aplomb.

– Je te le promets, me répondit-il.

Lentement ses lèvres se rapprochèrent des miennes, nos langues se caressèrent timidement au début puis partirent dans un rythme plus effréné. Les battements de mon cœur s'accélérèrent, j'avais envie de plus et commençais à défaire les boutons de la chemise qu'il portait quand la sonnette de la porte d'entrée se mit à retentir pile à cet instant.

Je soupirai de frustration.

– Décidément, il sait vraiment comment se rendre détestable...

– Sois gentil Mon Ange, me dit mon fiancé.

Il inspira un bon coup puis partit ouvrir sans prendre la peine de refermer les deux premiers boutons que j'avais ouvert...

Rafael, toujours égale à lui-même avec son style à l'italienne - chemise près du corps à manches longues blanches, pantalon slim fit marron en laine, veste et trench assortis, Derby aux pieds - passa la porte d'entrée.

Un sourire sincère illumina son visage en voyant Magnus, ce qui m'agaça. Malgré moi, j'étais jaloux de cette amitié qui était née entre eux en plein chaos. Il se saluèrent chaleureusement puis me rejoignirent dans le salon.

– Lightwood, me saluât-il en me regardant droit dans les yeux avec un petit sourire sarcastique pendu aux lèvres.

Cet abrutit venait d'arriver et pourtant il me narguait déjà.

– Santiago, lui répondis-je en soutenant son regard.

Magnus soupira.

– Vraiment les gars ? nous dit-il en s'installant dans l'un des fauteuils. Rangez les testostérones, on a plus important à faire.

Rafael s'installa dans le second fauteuil puis croisa les jambes, je pris place sur le canapé. 

– Très bien, commençât-il. Tout est presque prêt, on va pouvoir passer à l'action d'ici deux ou trois jours.

Je manquai de m'étouffer.

– QUOI ?! Déjà ? m'offusquai-je

– Je pensais que c'était une affaire réglée. Que vous étiez d'accord.

– Nous le sommes, interviens Magnus. Mon Amour plus tôt ce sera fait, plus tôt on pourra passer à autre chose et mettre tout ça derrière nous, me dit-il.

– Oui, puis l'important est d'agir avant Camille. On ne sait rien de ce qu'elle prépare...

– Vraiment ? Sommes-nous certains de ne rien savoir ? dis-je en fixant Rafael d'un air mauvais.

– Qu'insinues-tu ? me demandât-il sans se départir de son petit sourire en coin.

– Pourquoi te ferait-on confiance hein ? Qui nous dit que tu n'es pas de mèche avec Camille et que tout ceci ne fait pas justement partie de vos magouilles de mafioso !

Rafael éclata de rire, ce qui eut le don de m'agacer encore plus.

– Je suis convaincu que c'est uniquement ton opinion car si Magnus doutait de moi, il n'aurait pas accepté, me dit-il sereinement.

– Je te fais confiance et Alec le sait, cependant tu ne peux pas lui en vouloir de douter de toi. Ces choses-là prennent du temps.

– Sans vouloir te vexer amico, je me fiche totalement d'avoir la confiance de ton mec. Tant que j'ai la tienne le reste m'importe peu, dit-il à mon fiancé en le regardant intensément.

Connard, pensai-je.

Soutenant toujours son regard, Magnus soupira pour la énième fois mais hocha la tête néanmoins. Je détestais ce que je voyais. Je détestais cette complicité entre eux, ces échanges de regard qui habituellement n'existaient qu'entre Magnus et moi. Je détestais cette assurance chez Rafael. Cette assurance qui laissait clairement comprendre qu'il avait une foi sans faille en de la solidité des liens qui les unissaient désormais lui et mon fiancé.

– Bon allez, explique-nous à nouveau le plan. Tout doit être correctement planifié et plus que tout, à aucun moment Aria ne doit être mise en danger.

– Tout ira bien, ne t'en fait pas. Je tiens énormément à elle moi aussi. 

– C'est ça...maugréai-je.

Mon fiancé se leva puis vint s'installer à mes côtés. Il m'attira dans ses bras. Je vis Rafael lever les yeux au ciel.

– Hmm Mag's, peut-être que ce n'est pas une bonne idée d'inclure Alec. Son pessimisme plus son manque de confiance sont nos plus grandes chances d'échec.

– Répète un peu ça ! m'énervai-je tout en essayant de me dégager des bras de Magnus.  Ce dernier resserra son étreinte.

– Mon Amour, s'il te plait calme toi, me dit-il avant d'enchainer. Raf', arrête ça veux-tu ? On est tous suffisamment angoissé, restons concentré sur l'essentiel.

Il leva les bras en signe de reddition puis commença à nous réexpliquer le plan. Je ne savais pas comment Magnus faisait pour rester aussi calme alors que Rafael était en train de nous décrire minutes par minutes comment on allait s'y prendre afin de créer cet acte ignoble ; cet acte qui me révulsait rien que d'y penser, cet acte qui consistait à simuler l'enlèvement de notre fille.

PDV Magnus

– Comment être sûr que ça va fonctionner ? demanda  un Alec toujours méfiant.

– Je connais Camille. Quand elle apprendra la disparition de sa fille, elle sortira de son trou, lui dit Rafael.

– Je ne la pense pas si bête...

– Ne sous-estime pas l'amour d'une mère pour son enfant.

– De quel amour tu parles ?! Elle l'a abandonnée ! s'énerva mon fiancé.


– Oui mais elle est revenue, ce qui signifie qu'elle regrette et qu'elle veut nouer des liens avec Aria.

– Alors pourquoi ne pas simplement contacter Magnus ? Pourquoi se cacher et préparer un sale coup ?!

Je soupirai, cette discussion commençait à me donner mal au crâne...

– On dirait que tu ne la connais pas. Tu penses vraiment, qu'elle sonnerait à votre porte l'air de rien en disant : « Salut, je regrette terriblement mes actes maintenant je veux qu'Aria fasse partie de ma vie. Peut-on s'arranger ? » dit Rafael en imitant une voix de femme.

Je pouffai, c'est vrai que c'était absurde. Alec me fusilla du regard.

– Ben quoi ? me défendis-je. Il n'a pas tout à fait tort Mon Ange...

– Je vais être honnête avec toi Alec, si tu n'étais pas dans les environs peut-être que ça aurait pu se passer ainsi.

– Rafael ! le prévins-je. Ne dépasse pas les bornes.

– Magnus, tu sais pertinemment que ce n'est pas toi que Camille déteste mais bien ton cher et tendre qui lui a soi-disant volé l'amour de sa vie...

Il y eut un silence gênant pendant quelques instants. Au fond, Rafael avait raison. Camille détestait Alec, elle l'avait toujours détesté. Elle nourrissait un ressentiment malsain à son égard et le fait qu'il était celui qui élevait sa fille aujourd'hui n'arrangeait rien et bien au contraire, j'étais convaincu que ce simple fait était à l'origine de tout. Déjà avant la naissance d'Aria, on se disputait à ce sujet car elle refusait catégoriquement qu'il fasse partie de sa vie....

– Bien, si vous n'avez plus de question, je vais y aller, nous dit Rafael en se levant. Alec et moi l'imitèrent.

– Tu ne penses tout de même pas partir sans la voir, lui répondis-je.

– J'imagine que cette fois, je n'ai plus d'excuse admit-il avec un petit sourire.

– J'en suis heureux. Allez vient, lui dis-je en prenant la direction de la chambre d'Aria accompagné d'Alec.

On entra sans faire de bruit afin de pas la réveiller. Rafael s'approcha timidement du berceau et se mit à la contempler avec des yeux émerveillés.

– C'est encore mieux que sur les photos, chuchotât-il comme pour lui-même.

– Je te l'avais dit, lui répondis-je en rigolant. Il rigola à son tour.

– Je te jure que s'il lui arrive quoique ce soit...recommença mon fiancé.

– Je la protégerai Alec, lui répondit Rafael très sérieusement.

Alec fixait Rafael avec des envies de meurtres.

– Très bien, on se revoit dans 3 jours, intervins-je avant que la conversation ne dégénère à nouveau.

– Entendu, tenez-vous prêt et attendez mes instructions, nous dit-il. Alec et moi hochâmes la tête puis nous raccompagnâmes Rafael à la porte.

Le lendemain, la routine avait repris chez les Lightwood-Bane. Alec et moi nous préparions pour la fac tout en préparant Aria pour la garderie. J'essayais de rester serein et de ne pas trop penser à ce qui allait se produire dans les deux jours à venir mais plus les heures passaient et plus l'angoisse commençait à se faire ressentir, je n'étais plus trop certain d'avoir pris la bonne décision.

– J'espère que ça fonctionnera et que Camille se montrera, me dit Alec en entrant dans la salle de bain avec Aria dans les bras.

– Elle le fera c'est certain.

Alec soupira.

– Des nouvelles de Santiago ? me demandât-il

– Non, pas encore.

– Très bien, ça nous laisse encore le temps de profiter d'une journée calme avant l'enfer qui nous attend, dis-je la voix dégoulinante de sarcasme.

– Alexander...

– Ok, ok ! Je m'excuse. Je suis stressé...et inquiet.

– Je sais. Allez, essayons de pas y penser pour le moment.

On se mit en route, moi pour la garderie avec Aria et Alec pour l'université. J'étais heureux de pouvoir à nouveau passer du temps avec ma fille, même si ce n'était que pour la conduire à la garderie.  Cette semaine, je n'avais pas de cours en première heure et c'était un véritable miracle. Les résultats des examens n'avaient pas encore été publiés, encore une chose qui me stressait. Arrivé à mon premier TD, je rencontrai Jaime qui était déjà installé au premier rang, il me fit signe de le rejoindre. On discuta cinq minutes avant l'arrivée du professeur. De toute évidence, ce break fut profitable à tout le monde. L'ambiance était plus détendue mais je savais également que ça n'allait pas durer et que très vite, la charge de travail, les heures de cours assommantes et la pression allaient reprendre leur droit sur les pauvres étudiants en première année que nous étions.

Comme d'habitude la journée fila à toute vitesse et l'heure de récupérer Aria avait sonnée pour moi. Je n'avais toujours pas eu de nouvelle de Rafael mais ne m'en inquiétait pas pour autant. J'avais confiance en lui, de toutes les façons il le fallait. La sécurité de ma fille en dépendait. Je montai dans la Camaro, attachai ma ceinture, mis le contact puis me mis en route pour l'hôpital.

– Bonne soirée Alma, à demain ! la saluai-je en ajustant de bonnet de ma fille sur sa tête.

Il faisait particulièrement froid ce soir. Le parking extérieur était bondé en arrivant ce qui m'obligea à me garer un peu plus loin que d'habitude. Le trajet jusqu'à la Camaro me parut interminable. Le lieu était désert et silencieux, seul mes pas sur le béton brisaient le silence. Une atmosphère inquiétante typique des parkings sous terrain régnait dans l'air. 

De l'amitié à l'amour : Devenir une famille ( Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant