Quand on voyait mon père et ma mère, c'étaient deux personnes très différentes, je tiens mon mauvais caractère de ma mère, même si elle semble douce, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Mon père lui était calme, tout le temps et peu importe ce qu'il pouvait se passer, il ne haussait jamais le ton. Je revois encore son petit sourire en coin, lorsque, ma mère et moi, nous disputions pour de nombreuses raisons. C'était quelqu'un qui avait de nombreuses connaissances, quand j'étais petite, je pensais qu'il avait vécu de nombreuses vies pour connaître autant de choses.
J'aimais énormément qu'il me parle de son boulot, de ses recherches, à 15 ans, je devais être l'adolescente avec le plus de connaissance sur la maladie de Sivirilus. Lorsque mes cours finissaient le soir, je descendais en trombe dans les escaliers pour retrouver mon père dans ses recherches. Il me donnait alors de nombreuses petites missions, qui, je pense, ne faisait que le ralentir, mais me rendait excessivement heureuse. Dès que l'école obligatoire a été terminée, j'ai fait la demande à mes parents de commencer une école d'infirmière, je voulais être la première personne à pouvoir administrer le traitement que mon père aurait trouvé.
Finalement, je ne sais pas depuis quand je suis confiné, mais cela m'a permis de vivre avec mes parents pendant de nombreuses années, et de profiter d'eux pleinement, en étant fille unique, je n'avais jamais eu à partager ma vie avec d'autres personnes qu'eux. Jusqu'à il y a deux ans.
Il y a deux ans maintenant, mon père est décédé dans un accident, enfin, je table sur l'accident et non sur le suicide comme les enquêteurs nous l'ont annoncé. Après l'annonce de la pandémie, quand la maladie a eu touché tous les continents mon père s'est renfermé sur lui et sur son travail. Lui ainsi que tous les chercheurs comme lui devait travailler deux fois plus que tous les autres, il devenait indispensable de trouver une solution pour ne pas perdre l'intégralité de la population terrienne. Mais son poste impliquait aussi qu'il travaille avec de nombreux malades, ainsi, il passait beaucoup moins de temps à la maison afin d'être sûr de ne pas nous contaminer. Nous savions pourtant qu'il prenait toutes les précautions pour ne pas prendre de risque. Il avait alors construit une petite cabane en bois, non loin de la maison pour pouvoir travailler et ne pas rentrer trop tard à la maison, malgré tout, il ne mangeait plus avec nous, il ne prenait plus le temps de s'assoir un peu avec nous et de discuter. Il prenait de nos nouvelles lorsqu'il nous croisait la nuit, son visage était pâle et ses yeux cernés. Il ne voulait plus dormir avec ma mère, il passait ses rares nuits dans le canapé au rez-de-chaussée, sa santé n'était plus sa priorité, et d'une certaine façon, nous non plus, mais je ne lui en veux pas.
Quelques mois avant son décès, il a vraisemblablement reçu une nouvelle qui l'a bouleversé, tout s'est empiré, nous pouvions ne pas le voir, pendant des semaines, entières, ma mère arrivait à l'avoir au moins une fois par jour par téléphone quand il pensait à le décrocher, pour ma part, je me contentais de quelques mots lorsque j'arrivais à le voir. Sur les dernières semaines, il était effrayant à voir, et c'est là qu'il a perdu son éternel sourire.
Un après-midi où je travaillais mes cours dans la cuisine, j'ai entendu une explosion, le sol s'est mis à trembler et j'ai senti de la fumée. Ma mère, qui se reposait à l'étage, est descendue, elle était aussi pâle qu'un linge, elle m'a regardé déstabilisée.
"C'est toi ? Tu as fait une expérience ?
- Absolument pas, je bossais mes cours, j'avais un stylo et une feuille de papier, rien de plus !
- J'étais persuadé que ça venait de la maison, cela a retenti dans toute la maison, on aurait dit que ça venait d'ici !
- Avec le bruit que ça a fait, je pense que si cela avait explosé dans la maison, il y aurait de nombreux dégâts, papa n'aurait pas..."
Au moment même où je prononce ces paroles, nous comprenons avec ma mère qu'il y a un endroit où nous n'avons pas encore vérifié. Nous entendons déjà les sirènes des pompiers qui arrivaient. Ma mère presse plusieurs fois le bouton du sas, créant un dysfonctionnement et bloquant les deux portes ouvertes.
La cabane de mon père était en flamme, une épaisse fumée s'en dégageait, déjà des personnes essayait de trouver ou non, un corps parmi les restes de bois qui jonchaient le sol. Ma mère s'est écroulée, je la vois encore hurler devant la cabane, les personnes dans les maisons autour de nous la regardant par les fenêtres et moi figée. Il a fallu trois heures pour retrouver le corps calciné de mon père, les forces de l'ordre m'ont empêché de le voir, son visage n'était plus reconnaissable et ma mère était déjà inconsolable. Il a fallu ensuite une semaine pour comprendre ce qu'il s'était passé là-dedans, laissant les preuves disparaître, petit à petit.
Au bout d'une semaine, on nous annonçait que mon père, c'était suicidé, l'explosion était préméditée et il était seul, il avait sur lui une grande présence de ver, son corps avait été contaminé. Pour nous sauver, il avait alors préféré se suicider que nous contaminer. C'est la version qu'on nous a donnée, mais mon père ne nous a rien, et surtout, il n'a pas laissé de lettre d'adieu, ce qu'il n'aurait jamais fait.
Mon père ne nous aurait jamais abandonné, je ne pense pas qu'il se soit suicidé, peut-être qu'il a fait une mauvaise manipulation et que tout a explosé, mais jamais mon père n'aurait laissé sa femme et sa fille sans explication, ce n'est pas lui.
VOUS LISEZ
Souffle d'espoir
Science FictionL'Homme mettrait fin la vie de l'humanité, tout le monde le savait, personne n'en doutait. Alors que l'Homme a colonisé la terre, détruit les champs, asséché les cours d'eau, pollué les terres, personne n'imaginait que ce serait une pandémie qui déc...