Chapitre 0

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J'ouvre les yeux, il y a un masque un oxygène sur mon visage, j'étais toujours dans cette même salle, toute blanche, mon corps est recouvert par une blouse blanche ouverte dans le dos, je sens mes fesses nues sur le brancard. Des électrodes étaient posées sur ma poitrine qui était à moitié apparente, les télés auprès de moi semblent annoncer toutes mes constantes qui paraissent assez normales. Lorsque j'essaye de bouger une grande douleur, traverse mon bras, je remarque alors que celui-ci est enroulé dans de nombreuses bandes et plaqué contre mon corps. Ma tête me lance aussi et je sens les souvenirs revenir petit à petit.

Mon corps était en train de rendre l'âme, j'étais en train de mourir, je le savais, je l'avais sentie, je l'avais vu. J'étais tombé malade et je m'étais rendue dans une clinique pour y passer mes derniers jours et ne pas infecter ma mère, mais rien ne s'est passé comme prévu et tout a empiré en seulement quelques heures. Je ne suis pas très à l'aise avec tout ce qu'il se passe dans ma tête, je ressens la peur que je pouvais avoir avant de mourir. Finalement, je ne sais pas où je suis, je ne sais pas ce que j'ai fait là, je ne sais même pas si je suis en vie, ou si je suis morte. Les appareils autour de moi se mettent à sonner, mon cœur s'emballe et lorsque je regarde les chiffres s'afficher, il semble que celui-ci batte à plus de 300 pulsations par minute. Je ne comprends plus rien, j'essaye alors d'arracher les électrodes et de descendre du lit. De nombreuses autres alarmes se mettent en marche alors que je crie pour réveiller quelqu'un. La porte s'ouvre dans le vacarme des alarmes, et je vois les hommes aux yeux de mouches à l'entrée. Il est hors de question que je les laisse m'attraper une fois de plus, si je suis vivante, je me sens mieux pour pouvoir les arrêter, si je suis morte espérons que je puisse développer des ailes pour pouvoir m'envoler et passer au-dessus d'eux. Je commence à leur crier de ne pas m'approcher, mais je ne suis même pas sûre qu'ils m'entendent à travers leur masque terrifiant. Personne d'autre ne va venir à ma rescousse, visiblement, je vais devoir me débrouiller seule, je prends une grande inspiration et j'essaye de les éviter tant bien que mal, je me sens quand même très fragile.

Lorsque l'un d'eux s'approche un peu trop près de moi, je lève la main et je m'exclame :

"STOP !"

Tous les hommes dans la pièce s'arrêtent et s'effondrent au sol de tout leur poids et dans un bruit lourd. Ils ne bougent plus, plus du tout, est-ce que je les ai tués ? Est-ce qu'ils sont morts ? J'essaye de réfléchir un peu à tout ça, mais tout se bouscule...

"Putain... je suis morte !"

Je regarde mes mains comme s'il allait en sortir une lumière magique. Peut-être que je suis un ange, quoi qu'il en soit dans ce paradis ou cet enfer, personne ne peut m'arrêter. J'enjambe les hommes un à un, je ne prends même pas le temps de vérifier s'ils sont en vie, de toute façon, moi, je suis morte. Je commence à avancer dans les longs couloirs qui ressemblent aux couloirs que j'ai vus quelques instants auparavant avant de mourir. C'est fou ce que peux faire votre cerveau une fois que vous êtes décédé, je n'aurais jamais imaginé. Je tente de repérer une sortie, j'ai quand même cette vague impression de tourner dans les 4 mêmes couleurs. Peut-être que je suis en enfer, je suis en enfer et je suis bloquée éternellement dans ce labyrinthe alors que je ne suis même pas vraiment habillée, ou alors, il faut que je me serve de mes pouvoirs pour me frayer un chemin de sortie. Je finis par voir une ombre un peu plus loin dans les couloirs, je décide de la suivre. 

Je me retrouve nez à nez avec une infirmière, lorsqu'elle relève la tête, je reconnais la machouilleuse qui m'a envoyé ici. Lorsqu'elle replace à son tour mon visage, je ne retrouve pas son petit sourire malsain qu'elle me lançait il y a quelques heures. Au contraire, elle semble complètement terrifiée, comme si elle avait vu un mort. Peut-être qu'elle va pouvoir me donner l'endroit où je pourrais trouver la sortie. Elle lâche son téléphone et recule en me faisant signe de ne pas avancer.

"Tu peux me dire où je peux trouver la sortie ?
- Je... N'avance pas ! RECULE ! JE VIS APPELER QUELQU'UN ET IL VA TE MAÎTRISER !
- Ce n'est pas du tout ce que je t'ai demandé ! Où est-ce que je peux trouver la sortie ?
- JE T'AI DIT DE NE PAS AVANCER ! RECULE !
- Écoute ! Moi, je peux te faire du mal, tu n'es qu'une illusion de mon cerveau, je peux te contrôler, alors soit tu me donnes la porte de sortie, soit c'est moi qui vais te faire du mal !
- RECULE !
- DIS-LE-MOI !"

J'avance et elle continue de crier, des hommes en blouse finissent par arriver de part et d'autre des couloirs, ils se placent devant elle et enfilent leur masque. Je lève la main vers eux, je devrais pouvoir reproduire ce que j'ai déjà fait auparavant. Je ne leur ai rien demandé pour le moment, mais ils ne bougent plus, derrière eux, j'entends des pas que je reconnais immédiatement, il s'avance alors devant moi et me regarde.

"N'avance pas toi non plus !
- Sinon quoi ?
- Tu n'imagines pas ce que je peux faire !"

Il me regarde sans parler, il se tourne vers l'infirmière qui s'est remise à mâcher son chewing-gum, comme si elle ne craignait plus rien du tout.

"Retourne à l'accueil !
- Je préfère que...
- Je t'ai demandé de retourner à l'accueil !"

La jeune fille fait un signe de la tête, elle a compris qu'elle ne devrait pas l'embêter, je ne sais pas ce que je vis au moment présent, mais la mort est plus étrange que je ne le pensais. Elle s'en va et il ne reste que lui et les hommes masqués. Je le regarde, il ne me fait pas peur, et puis je ne risque rien dans le fond.

"Laisse-moi passer, je veux sortir de cet immense labyrinthe et rentrer chez moi, s'il existe encore, je ne sais pas pourquoi mon esprit m'empêche autant de sortir de là.
- Tu ne sortiras pas, tu vas rester dans ces murs et tu vas retourner dans ta chambre.
- Si je veux passer, je passerai ! Laisse-moi passer sinon...
- Sinon quoi ?
- Je vais te faire dormir comme les autres !
- Tu veux dire comme ça ?"

Il se retourne vers les hommes derrière lui et lève simplement la main en leur direction, ils s'effondrent alors tous à leur tour. Je le regarde, je ne me sens pas vraiment impressionné.

"Tu ne peux rien me faire de toute façon... Tu n'es pas réel !
- Ah bon, et si je ne suis pas réel, qu'est-ce que je suis ?
- Rien en fait, juste une hallucination de mon cerveau, après tout, je suis morte, je me demande juste ce que tu fais dans mon esprit."

Il s'avance vers moi, doucement, se balançant d'un pied à un autre, la situation à l'air de l'amuser.

"Tu penses que tu es morte et que tout ce que tu vois est le fruit de ton imagination, tu ne peux donc pas ressentir la douleur, je ne suis rien et je ne peux rien te faire, même pas ça..."

Alors qu'il est à ma hauteur, il pince violemment mon bras à l'endroit même où j'ai été touchée, je ressens la douleur traverser mon corps, il m'attrape alors le bras et me tire sur lui avant de me chuchoter :

"Tu n'as pas tout à fait tort, tu es bien morte, je pense que tu te souviens même combien tu as souffert, mais la mort ne t'a pas emmené, elle t'a d'une certaine manière libérée, et tu es de nouveau sur terre, bienvenue dans ton nouvel enfer !"

Je relève les yeux vers lui, je pense qu'il arrive à lire la peur qui commence à se dessiner dans mes yeux. Je ne comprends rien du tout, ce qu'il raconte est impossible, on ne peut pas être mort et ressusciter, cela ne fonctionne pas comme ça à la vie. Il me lâche et me regarde, avec un air un peu déçu.

" Je pensais vraiment que tu allais paniquer plus que ça, je te voyais bien t'effondrer ou partir en courant dans les couloirs. Après, je ne m'attendais pas vraiment a te trouver ici non plus, je ne savais pas quand tu allais te réveiller.
- En fait, tu me fais une blague et ça te fait rire !
- Tu penses ? Il rigole, j'aurais aimé, mais tout ça est bien réel, mais je ne vais pas te l'expliquer maintenant, je dois d'abord commencer par réveiller tout ce petit monde et faire attention à ce qu'ils n'en parlent pas à l'extérieur et si tu t'es calmé, je prendrais le temps de tout t'expliquer ! Il s'approche, au fait, je te conseille de retourner dans ta chambre sans faire de vague et de m'attendre là-bas, parce que tu portes toujours ta blouse d'hôpital et tu es nue dessous !"

Un sourire se dessine sur son visage, je tire sur la blouse dans mon dos et je le regarde repartir vers les hommes qui sont au sol, je ne tarde pas à partir pour profiter que personne ne me regarde et que je puisse me faufiler à mon point de départ en toute discrétion.  


Souffle d'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant