Chapitre 1

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Depuis mes 6 ans, je me suis aperçu que j'étais capable chaque nuit pendant mon sommeil de vivre un moment passé dans le corps d'une autre personne. Je ne sais jamais qui je serai, un roi d'une civilisation éteinte, un bébé, ou bien même une grand-mère raccommodant les habits usés de ses petits-enfants. Parfois dangereux, parfois relaxants ces "rêves" me font vivre tout un tas d'aventures sans même sortir de mon lit. Je m'appelle Edwin, j'ai 21 ans, je suis brun aux yeux marrons. j'ai la peau claire, un peu trop selon mes proches. Du haut de mon mètre soixante dix, je peux paraitre fragile tellement je suis fin, cependant ne vous y fier pas quand je sais me défendre. Je vous invite dans mon troisième journal onirique.

**

L'alarme de mon réveil sonne, les rideaux de ma chambre s'ouvrent et la lumière éclatante du soleil m'aveugle. Je me cache la tête sous les draps. Après une nuit à être dans le corps d'un gymnaste professionnel, je peux bien rester en léthargie encore un petit peu ! La programmation de mon réveil n'est pas du même avis et se met à lever mon matelas afin de me faire glisser sur le côté. Me voilà désormais sur le dos au sol et bien réveillé. La technologie a fait beaucoup de progrès ces derniers temps à tel point que toutes les maisons fonctionnent complètement sous intelligence artificielle. Mais là n'est pas le sujet de ce journal, revenons- en a mon gymnaste. Je n'ai pas eu beaucoup d'informations lors de ce rêve. Je sais qu'il s'appelle Joey et qu'il fait énormément de tours sur sa barre acrobatique, j'en ai encore la nausée. Ce cher Joey ne semblait pas être en bons termes avec son coach qui vociférait à pleins poumons tout un tas d'ordres en une langue qui m'est complètement inconnue. Une dispute s'en est suivie et mon rêve s'est arrêté là. Il est temps pour moi de faire quelques recherches. Je prends rapidement le verre de jus de fruits préparé par le programme du déjeuner et ignore la brioche qui m'est proposée. Une voix retentit alors dans la maison " Edwin, vous avez oublié un élément du programme déjeuner." Honnêtement , je ne sais si le fait de mettre une intelligence artificielle dans nos maisons était une bonne idée... le voilà qui est en boucle sur ma brioche. Je tente un " ça ira merci Saimon (c'est le nom de l'intelligence artificielle) je n'ai pas très faim ce matin". Une nouvelle fois, la voix de Saimon se fait entendre 

" je consulte votre dossier médical".

 Oh non... 

" Selon votre dossier médical vous êtes en dessous des normes pondérales. Saimon insiste pour que vous preniez l'élément oublié et se permet d'ajouter d'autres éléments afin d'améliorer votre prise de poids ". 

Je fais demi-tour, attrape "l'élément oublié" ainsi que les "nouveaux éléments". Moi qui n'avais pas faim, je me retrouve avec une banane et un yaourt protéiné en plus. Je me dirige nonchalamment vers le salon où est resté mon ordinateur la veille. 

" Saimon peux-tu allumer mon ordinateur s'il te plaît ?"

Je reste respectueux avec lui, ce n'est qu'une machine mais, j'ai toujours redouté ces histoires de robots qui se révoltent contre l'humanité. Si cela devait arriver, je voudrais éviter de subir la colère de Saimon. Celui-ci qui d'ailleurs m'indique de sa voix aux fréquences monotones : 

" Vous avez établi un programme pour les appareils électroniques d'un maximum de 4h par jour. Je vous annoncerai quand la fin du temps imparti se sera écoulé. N'oubliez pas de mettre vos lunettes." 

Le tiroir d'un meuble de salon s'ouvre où se trouve mes pare-bris...pardon mes lunettes je veux dire. J'ai la fâcheuse tendance à appeler cela des pare-brise, les verres étant tellement grands que je peux vous assurer qu'on pourrait y ajouter des essuie-glaces. Vous allez me dire pourquoi les as-tu acheté alors ? Eh bien... Je dois avouer que je n'aime pas contredire les gens. Si bien que lorsque la vendeuse me dit qu'elles m'allaient à ravir, me tirant presque par la manche pour m'encaisser, je n'ai pas eu la force de lui dire que je n'aimais absolument pas ces pare-brise....Bon je me rassure en me disant que j'aime la couleur de la monture. Un marron boisé, qui me fait penser à l'écorce d'un arbre. Puis du moment qu'elles me permettent de voir correctement c'est le principal ! En parlant de voir clair, après quelques recherches je viens de trouver le nom de famille de mon gymnaste. Joey Hirling, le nombre de récompenses qu'il a obtenu me fait pâlir. En même temps vu les exercices complexes qu'il faisait lors de ses entrainements ce n'est pas vraiment étonnant. *Gloups* Rien que d'y repenser je sens mon déjeuner revenir. Cependant depuis quelques années silence radio. C'est étonnant, une blessure grave peut-être l'ayant contraint d'arrêter sa carrière ? Je trouve finalement un vieil article de presse. Il explique que les liens entre Joey et son coach se seraient de plus en plus détériorés. Au point même qu'ils en seraient venus aux mains. Joey ne serait plus revenu à l'entrainement et aurait coupé tout contact avec le monde du sport. Cet article de presse date d'une dizaine d'années. Je me demande s'il regrette... Le souci avec mes "rêves" c'est que je peux éprouver  les sentiments, la douleur, le ressenti d'un moment passé. J'ai pris l'habitude de faire des recherches à mon adolescence. Qui sont ces personnes ? Est-ce que je les avais complètement inventés ? Petit à petit au fil de mes rêves ainsi que mes recherches. Je me suis aperçu que mes rêves ne sont pas que des rêves mais, des sortes de flashback. Des souvenirs d'une personne qui surgissent dans ma tête alors que je dors. Je ne sais pas exactement pourquoi, ni comment c'est possible. Peut-être dans un futur proche je connaitrais la raison à tout ça . Voilà pourquoi j'ai pris la décision de tout consigner dans un journal, ou plutôt des journaux. Pour le moment, il faut que je me prépare pour aller travailler à l'atelier. Je me lève et repose mes lunettes dans le tiroir que saimon a ouvert. La technologie a fait des progrès mais pas au point de ranger les choses à votre place. Je me dirige dans ma chambre, choisis un t-shirt blanc, une chemise rouge que je laisserai ouverte et un jean. Bien sûr saimon m'a aidé en m'indiquant qu'aujourd'hui ce sera grand soleil toute la journée, pour une température de 39°C. J'ai toujours aimé le printemps. Enfin, si on peut appeler ça le printemps car bon 39°C en cette saison ce n'est pas vraiment la norme. C'est devenu assez habituel maintenant. L'été est maintenant lui marqué par de grosses tempêtes, ouragans, inondations. Je ne peux m'empêcher d'envier les anciennes générations qui vivaient avec la nature et qui ne la subissait pas. Sans doute, le karma mais ce sont nous les générations futures qui en payons le prix. Au sens propre comme figurer. Alors que je coiffe mes cheveux bruns indisciplinés, je me demande déjà quel sera le montant de ma prochaine commande alimentaire. Les fruits et légumes sont un vrai luxe. De plus saimon qui s'est mis en tête de me gaver de nourriture, je pense que je vais voir double malgré mes pare-brise lorsque je vais voir la facture. Je compte sur lui pour amortir ma chute si je m'évanouis.

Toujours à triturer mes cheveux qui ne semblent pas vouloir coopérer, je pense que ça va se finir avec une casquette. Voilà ! Aux grands problèmes...heuuu...les grands remèdes ! J'ai comme la sensation de dire des bêtises, je vais vérifier...AH NON ! "Aux grands maux, les grands remèdes !" Bref vous aviez compris je suppose. Maux, problème ça revient au même non ? Si vous faites une mine désapprobatrice, je vais faire semblant de ne pas l'avoir vu !

Il est maintenant 9h30, je suis devant l'atelier. J'ouvre pile à l'heure, la ponctualité c'est la base de tout. Dès mes premiers pas, je sens immédiatement l'odeur de bois, de colle et de vernis. NON je ne travaille pas pour une enseigne de bricolage, navré de vous ôter cet espoir de votre imagination. Je suis luthier, je fabrique des guitares et je les répare aussi.

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les fabuleux rêves d'EdwinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant