Un grand changement

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Je me trouve dans une cuisine au style industriel, les murs sont peints d'un gris anthracite, s'accordant parfaitement avec le carrelage de couleur rouille qui recouvre le sol. La cuisine ainsi que le mobilier sont en aluminium brossé, ce qui donne un aspect assez froid à la pièce, bien heureusement les lumières choisies émettent une lumière orange qui réchauffe la pièce. Un homme d'une trentaine d'années se tient devant moi accoudé au mur, ses cheveux bouclés ébènes cachant partiellement son front. Ses yeux d'un bleu glacier transmettent une sensation désagréable. Comme si cet homme à la musculature surdéveloppée pouvait d'un instant à l'autre vous broyer de son petit doigt. Néanmoins, sa voix étonnamment chaleureuse adoucit ce rustre personnage. Il me sourit, ce qui illumine son visage de bienveillance :

« Alors, tu n'es pas trop anxieux ? »

Je m'entends dire d'une voix extrêmement grave :

« Pour le moment, ça va. L'adrénaline pointera son nez lorsque je serai sur place. »

Musclor (oui, bon, je ne connais pas son prénom... Il faut bien le nommer !) sort deux verres d' un placard et nous serre du jus d'orange. Je porte le verre en question à mes lèvres et remarque une gourmette en or qui pend à mon poignet. Je la reconnais ! C'est celle de Joey ! Je regarde mes mains pour en être certain. Pas de doute, ce sont bien les mains poilues et calleuses de Joey. Par pitié, j'espère ne pas avoir de sac sur la tête cette fois. L'ambiance n'est pas aussi pesante que dans mon précédent rêve. Ce qui est bon signe n'est-ce-pas ? Pourquoi faites-vous cette mine réprobatrice ? Si, si je vous assure que c'est de bon augure. Soyons optimistes !

« Je suis content que tu ne m'en veux pas pour les J.O. La prochaine fois, ça sera ton tour, j'en suis certain. » Annonce Joey sérieusement.

L'Homme se gratte les cheveux et hausse les épaules :

- « Je ne pense pas que mon père soit du même avis, peu importe à quel point je me tue à l'entraînement, je ne serai jamais à la hauteur à ses yeux. »

- « Tu as tort le coach te trouve talentueux, je pense qu'il essaie de te protéger à sa manière. Les championnats, sont remplis de requins prêts à tout pour obtenir la première place, même du pire. »

Attendez un moment... Musclor est donc le fils du coach et gymnaste sur le même agrès que Joey ? (Un agrès est un appareil que les athlètes utilisent pour réaliser leurs mouvements. Par exemples : le cheval d'arçon, les anneaux, la barre fixe, la poutre et bien d'autres. Oui, j'ai fait pas mal de recherches sur le sujet.) Joey se dirige vers un mur où sont attachées plusieurs photographies, sur l'une d'entre elles, Joey et musclor sont tous deux agrippés à une barre fixe le sourire aux lèvres.

- « Tu as toujours eu plus de force que moi » annonce Joey.

- « Tu as toujours eu plus de souplesse et de grâce que moi, ce qui prime sur la force. Pas étonnant, qu'ils t'ont sélectionné. Tu as intérêt à tout déchirer là-bas ! » retourne bouclettes.

Notre nouvel énergumène gonfle les muscles de son bras droit, affichant un sourire encourageant. Joey rit à gorge déployée, puis demande :

« Nikolaï ? Le coach, enfin ton père n'est toujours pas là. Je m'inquiète un peu, ce n'est pas dans son habitude d'être en retard. »

- « Il devrait bientôt arriver, tu sais bien qu'il adore traîner dans son bureau avec ses antiquités ! »

Voilà, deux informations intéressantes. La première, nous savons que le coach a un fils prénommé Nikolaï. La seconde, le coach est amateur d'antiquités. Les deux amis se dirigent vers le balcon et observent la vue. L'appartement se trouve en réalité au dernier étage d'un immeuble. Le balcon est spacieux, pour autant, Joey et Nikolaï sont côte à côte. La température fraîche de la nuit ne les dérange pas, il faut dire qu'ils sont tous deux couverts d'un pull en laine. Les lumières scintillantes de la ville en contre-bas illuminent légèrement le visage de Nikolaï. Une brise se lève, ébouriffant ses cheveux, maintenant encore plus en désordre qu'il ne l'était de base. Joey s'en amuse, et propose de s'installer sur le salon extérieur fabriqué en osier. Il se sent serein et empli d'espoir, mais aussi je peux percevoir une certaine exaltation qui l'anime. Pendant de longues minutes, ils parlent de tout et de rien, par moment certains silence laissent les bruits de la ville se mêler à la conversation. Les bons amis n'ont pas toujours besoin de mots pour se comprendre, c'est aussi dans les silences qu'une véritable connexion se crée. Une porte claque, l'escalier grince sous le poids des pas qui se rapproche de plus en plus. Les deux hommes se lèvent quand un homme aux yeux cernés et à la longue barbe grisonnante fait son entrée, oui cet homme que l'on connait mieux sous l'appellation de coach. La tension est palpable alors que celui-ci les invite à se rasseoir. L'aura lugubre autour de lui, n'arrange en rien les années qui marquent son visage. Ses épaules sont tombantes, le dos légèrement courbé, comme si son passé pèse lourd sur ses épaules. L'air fier, le menton relevé, il nous observe de haut. Joey détourne le regard pour se plonger dans le ciel étoilé, essayant de chasser la crainte naissante au creux de son ventre. Les palpitations de son cœur s'accélèrent.

les fabuleux rêves d'EdwinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant