Chapitre 4

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Assise à son bureau, un casque sur les oreilles, Rose regarde les derniers clips de musique sortis cette semaine. Cela fait déjà trois fois qu'elle remet au début celui de Taylor Swift. Arrivé à son terme, alors qu'elle s'apprête à cliquer sur « recommencer du début » pour la énième fois, un projectile heurte son visage.

Il s'agit de sa peluche préférée, un nounours blanc, prénommé « Welers ». Sa mère la lui a acheté lors d'un long périple au Canada, à Québec. Elle avait 9 ans. Elle se souvient parfaitement de ce moment, et même comment lui était venue l'idée du nom donné à son nounours. Un petit nœud noir était attaché autour du cou de la peluche, portant l'inscription « Bijou ». Elle trouvait que ce mot sonnerait mieux en anglais. Mais ne maitrisant pas bien la langue, la traduction, « Jewel », s'est transformée en « Welers », dans la bouche de la petite fille.

- Espèce d'imbécile ! Tu sais très bien que j'y tiens énormément.

Le lanceur éclate de rire et se contente de lui tirer la langue, avant de repartir en sautillant et crier : « Mamaaaaan ! Rose m'a traité d'imbéciiile ! ».

Rose lève les yeux au ciel. Son petit frère de 7 ans, Mike, a le don de la rendre folle. Son cinéma marchait à tous les coups et bien sûr, la réponse de leur mère ne se faisait jamais attendre :

- Rose ? Descend s'il-te-plait.

Elle rejoint sa mère dans le salon, qui lui tend une pile d'assiettes :

- Qu'est-ce-que je t'ai dit sur les insultes ? Je ne veux pas de ça ici. Tiens. Met la table.

- C'est pas juste, j'étais tranquille dans ma chambre, c'est lui qui vient m'embêter à chaque fois !

- Rose, tu es la plus grande, tu dois montrer l'exemple.

Le dos tourné, elle lève les yeux au ciel avant de se diriger vers la table du salon.

Son père prend place à la table :

- Ça sent bon ici ! Qu'est-ce que c'est ?

- Sûrement un bœuf bourguignon, lance Rose.

- Ha ha ha, c'est très drôle, mais si ça ne te plait pas, je t'en prie, prépare-toi ce que tu veux, réplique sa mère, amusée.

- Ah mais non non, moi les croque-monsieur ça me va très bien !

Bridget n'a jamais été très douée pour la cuisine. En général, tout ce qu'elle prépare finit brûlé, ou alors ne respecte absolument pas les doses indiquées sur la recette. Elle a fini par abandonner et se limite aux plats simples. Et c'est mieux comme ça pour tout le monde.

Après le repas, Rose retourne dans sa chambre, verrouille cette fois-ci la porte, sort son journal intime de son sac de cours, s'installe à son bureau et remet son casque sur les oreilles.

« 8 Septembre 2023, 13h10

Cher Journal,

Mon petit frère me rend dingue ! C'est vrai quoi ! A chaque fois ça retombe toujours sur moi, et évidemment, c'est toujours ma faute !

Enfin bref, passons. La semaine est passée super vite. Dès les premiers cours, les profs nous ont donné plein de devoirs ! C'est horrible ! Et je passe les profs qui pour être sûr qu'on travaille leur cours vont donner des interros surprise... Quel intérêt ?

Ma chambre est envahie de cartons. Je n'ai rien fichu de la semaine... Ma mère n'arrête pas de me saouler pour que je range tout ça. Mais je m'en fiche. Ma maison au Canada me manque. Je n'ai jamais demandé à déménager.

Quand maman a appris que mon père pouvait travailler en Bretagne, elle était aux anges. Elle a quasiment toute sa famille ici.

Je sais que je n'avais pas beaucoup d'amis là-bas, mais j'aimais ma vie. Simple. Depuis qu'on est ici, tout me parait... compliqué. Il faut tout recommencer à zéro.

Bon. Allez. Un café et j'essayerai de ranger quelques cartons. Tout à l'heure, j'irai courir, j'en ai tellement besoin ! Après c'est vrai qu'il y a un point positif, on est proche de la mer. Je n'ai jamais eu un aussi beau cadre pour faire un footing.

Mais je m'arrêterai là pour les points positifs hein ! ».

Une rose pour dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant