Chapitre 8

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- Antoine ? Mais qu'est-ce-que tu fais là ? chuchote Rose.

Celui-ci esquisse un sourire.

- Bonjour à toi aussi, dit-il, amusé. Et bien il faut croire qu'on va dans le même lycée.

- Mais ça fait une semaine et je ne t'ai jamais vu ici, s'étonne Rose.

- C'est juste que j'ai demandé à changer de spécialité, ce qui fait qu'on m'a mis dans cette classe.

Il se penche et ramasse son téléphone encore posé au sol :

- Tiens. Je crois que c'est à toi. J'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène.

Elle le récupère et s'apprête à répondre quand l'enseignante les rappelle à l'ordre :

- Les deux au fond. Oui vous. Silence, sinon vous pourrez aller discuter chez le proviseur. Bon, reprenons.

A la fin de l'heure, la sonnerie retentit.

- Hum, Rose ? Demande Antoine.

Celle-ci manque de faire tomber son livre de mathématiques en tentant de le ranger dans son sac.

- Oui ?

Mais au même moment, Lina, une fille rencontrée le jour de la rentrée, s'interpose entre les deux, surexcitée :

- Rose ! Il faut que je te dise un truc !

Elle se retourne vers Antoine puis vers Rose, puis vers Antoine et ajoute, gênée :

- Ah, désolée, je dérange peut-être, je, je t'attends dehors Rose.

- Non pas du tout, Lina je te présente Antoine. Antoine, Lina.

- Salut Lina, dit-il. Je vous laisse, je dois voir quelqu'un de toute façon. A plus tard.

Elles le regardent s'éloigner. Dès qu'il passe le cadrant de la porte, Lina se retourne vers Rose et lui donne un coup de coude.

- Hé ! Mais qu'est-ce qui te prend ? gémit-elle.

- Il est mignon !

- Tu trouves ? répond Rose de façon innocente.

- Mais oui bien sûr, tu ne l'avais pas remarqué. Enfin bref, on reparlera de ça plus tard. Tu ne devineras jamais. J'ai été invitée à une soirée par Julie, tu sais celle qui a les cheveux courts, blonds. Tu vois de qui je parle hein ?

Elle hoche la tête.

- Et ?

- Et bah c'est samedi soir, tu pourrais venir avec moi, qu'est-ce-que tu en dis ?

Rose se renfrogne, pas vraiment emballée par cette idée :

- C'est gentil, mais je ne pense pas, ça ne me dit trop rien.

- Oh, allez, on va bien s'amuser !

- Non vraiment, mais vas-y toi, tu me raconteras.

- Bon, je n'insisterai pas, comme tu veux.

Alors que les élèves du cours suivant entrent dans la salle, elles s'éclipsent et se rendent en direction du cours d'histoire. Elles ne se connaissaient que depuis une semaine, mais leur amitié s'était construite naturellement. Elles s'entendaient bien. Et pour Rose c'était une première, n'ayant pas vraiment de « vrais » amis au Canada.

***

Les Miller sont réunis autour de la table ronde dans la salle à manger pour le repas du soir. Le père s'occupe du service, et commence à déposer des haricots verts dans l'assiette de sa femme.

- Merci chéri, dit-elle. Alors Rose, comment s'est passé ta journée ?

- Bien.

- Bien ? C'est tout ? s'étonne-t-elle. Tu as bien quelque chose à nous raconter.

Rose saisit l'assiette d'haricots verts que lui tend son père.

- Merci. Hum, oh, Lina m'a demandé de l'accompagner à une fête samedi soir, mais j'ai refusé, déclare-t-elle mollement.

- Bah pourquoi ?

- J'en ai pas envie, c'est tout.

Sa mère pousse un soupir.

- Rose, écoute, tu ne vas pas refaire la même chose qu'au Canada. Tu as la chance de commencer une nouvelle vie ici. Fais-toi des amis !

- Papa, tu peux lui dire qu'on s'en moque de cette fichu fête ?

Celui-ci noue une grande serviette blanche autour du cou de Mike, afin d'éviter qu'il ne se tâche.

- Ta mère n'a pas tort, mais tu fais comme tu veux ma chérie.

- Mouais... dit Rose, pas vraiment convaincue par cette réponse.

- Au moins, promets-moi d'y réfléchir, propose sa mère.

Rose accepte ce compromis.

- C'est d'accord.

Mais elle sait très bien qu'elle ne changera pas d'avis. 

Une rose pour dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant