Chapitre 9

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Le lendemain, Rose, comme tous les matins, arrive toujours avec un peu d'avance, avant que le portail du lycée ne s'ouvre. Elle s'installe sur les marches de l'escalier et profite du temps qui lui est accordé pour écrire dans son journal. Elle le garde toujours sur elle et ne s'en sépare jamais. Elle reconnait un groupe d'élèves posté devant le portail. Ils sont dans sa classe. Elle décide néanmoins de rester là où elle est. Et puis de toute façon elle n'y voit pas Lina donc il n'y a aucun intérêt pour elle de les rejoindre.

Plusieurs bus scolaires bondés d'élèves s'arrêtent en file indienne au niveau de l'arrêt de bus, positionné à proximité du grand portail. Les portes s'ouvrent et les premiers étudiants commencent à descendre. Parmi eux se trouve Antoine, qui regarde autour de lui.

A sa vue, le groupe de sa classe lui fait signe de les rejoindre. Au même moment, il aperçoit Rose, posée un peu plus loin sur les marches de l'escalier. Si son visage s'illumine, on ne peut pas en dire autant de celui des filles du groupe, lorsqu'elles réalisent qu'elles ne sont pas l'objet de son attention. C'est ainsi qu'elles assistent, ahuries, à la scène d'Antoine allant à l'encontre de Rose. Comment ose-t-il passer juste à côté d'elles, sans même s'arrêter ? C'est le monde à l'envers.

- Qu'est-ce-que tu écris ? demande-t-il à Rose en prenant place sur les escaliers à ses côtés.

Celle-ci, trop absorbée par son écriture ne l'avait pas vu arriver. Surprise et gênée, elle s'empresse de cacher son journal et de le ranger dans son sac.

- Oh, ça, euh, rien du tout, bégaye-t-elle.

- Allez dis-moi, je promets que je ne te jugerai pas. Promis !

Il l'a fixe. Elle se perd un instant dans ses yeux bleus. Elle finit par avouer :

- Bon, bon, d'accord. Mais t'as promis hein !

Elle marque une courte pause et passe une mèche de cheveux derrière son oreille :

- Je tiens un journal, voilà, je l'ai dit.

Elle appréhende sa réaction, mais celui-ci se contente de hausser les épaules :

- Je ne vois pas pourquoi il faudrait en avoir honte. Je vais te dire un truc que je n'ai jamais dit à personne, même pas à mes amis. Moi, tu vois, j'écris des poèmes.

Agréablement surprise, elle sourit.

- Dis-moi, je voulais te demander quelque chose hier, à la fin du cours de maths, dit-il.

La première sonnerie indiquant le début imminent du premier cours retentit dans les hauts parleurs extérieurs. Antoine se relève et en gentleman, tend sa main vers Rose afin de l'aider à se relever. Elle l'a saisi :

- Bien sûr, je t'écoute.

- Je ne sais pas si tu es au courant, mais une fille de la classe organise une fête chez elle samedi soir. Tu voudrais m'accompagner ?

Les yeux verts de Rose s'ouvrent en grand. Elle ne s'attendait pas à ça.

- Oh. Euh...

Après quelques instants, elle finit par accepter.

- Oui, c'est d'accord.

- Ah bah écoute, c'est super. Je viendrai te chercher.

- Ça marche.

Soudain, elle réalise que ses parents et son petit frère seront à la maison. Hors de question de lui présenter sa famille. Pas maintenant en tout cas.

- Euh en fait, tu sais quoi ? On se rejoint directement là-bas si ça ne te dérange pas.

- Aucun soucis, on fait comme ça. 

Une rose pour dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant