Chapitre 6

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L'inconnu ressort triomphant de l'eau, tenant l'objet qui a suscité tant d'efforts à la main. Des yeux bleus, presque transparents, rencontrent ceux de Rose. Il s'approche, sourit et lui dit :

- Hum, je crois que c'est à toi.

Il lui tend l'objet, trempé. Cela ne ressemblait plus tellement à une casquette. Gênée, Rose la récupère.

- Oui, merci. Mais tu n'avais pas à faire ça, vraiment, j'aurai pu y aller.

- C'est rien. Et puis, c'est une American Eagle, ce serait bête de la perdre, on ne trouve pas cette marque ici. Tu l'as achetée aux Etats-Unis c'est ça ?

- Au Canada, rectifie Rose. Je viens d'Halifax, je viens d'arriver ici.

- Du Canada, répète-il, rêveur.

Il marque une courte pause.

- Et bah je suis désolé pour toi.

- Désolé ? Mais pourquoi ?

- D'atterrir dans une ville paumée comme « Perdimi-Ville ».

Rose esquisse un sourire. Le vent continue de souffler, mais cela ne semble pas incommoder les deux inconnus. Il est 19h00 et l'air commence sérieusement à se refroidir. La sonnerie du téléphone de Rose retentit, elle s'excuse avant de décrocher :

- Allo ? Maman ? Oui, oui, je suis presque arrivée. Oui, ne t'inquiète pas. Oui, je me dépêche. Oui, je fais attention. Bon, maman, j'ai compris, à tout à l'heure.

Exaspérée, elle raccroche. Esquissant une grimace, elle déclare :

- Désolée. Je vais devoir y aller... ça fait longtemps que je suis partie courir. Ma mère commence à s'inquiéter. Encore une fois, merci d'avoir récupéré ma casquette.

- Pas de soucis, j'espère qu'on se reverra, lance-t-il en passant une main dans ses cheveux blonds.

Sur ces mots, Rose tourne les talons et s'apprête à partir.

- Hé ! Attends !

Elle s'arrête net, et se retourne.

- Comment tu t'appelles ? demande-t-il.

- Rose.

- J'ai été ravi de te rencontrer Rose. Moi c'est Antoine. Passe une bonne soirée et bienvenue à Perdimi-Ville.

Sur ces mots, il ramasse ses chaussures et se dirige vers l'escalier menant à la route. Il se retourne une dernière fois vers la jeune fille et lui décoche un sourire.

Rose, qui n'a pas bougé, lui rend son sourire. Tandis qu'il s'éloigne, elle se contente de se tenir là, immobile, oubliant presque ce qu'elle a à faire. Elle finit par murmurer : « Antoine ». 

Une rose pour dire je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant