9-1-1 : Congeler de l'intérieur

Chapitre 1

"Tu es épuisant !"

Buck ne réalisa pas à ce moment-là ce que signifiait le froid. Il ne lui est même pas venu à l'esprit d'y prêter attention, pas lorsqu'il regardait son âme sœur en face. Les yeux d'Eddie étaient illuminés de colère, son visage rougi, une fureur sombre tordant ses traits en une image magnifiquement grotesque dont Buck ne pouvait détourner le regard. Il ne remarqua pas les sensations de froid dans son corps, la façon dont ses doigts brûlaient comme un dégel déchirant. Il n'osait pas se considérer lui-même et l'eau glacée qui coulait dans ses veines. Pas quand Eddie était si en colère et crachait ces choses haineuses.

Eddie avait passé tellement de temps à essayer de défaire ces sentiments dans la tête de Buck, essayant de convaincre Buck qu'il comptait et qu'il était aimé. Il supposait que cela n'avait plus d'importance maintenant.

Buck ne savait pas vraiment quand il avait réalisé qu'Eddie était son âme sœur, mais il savait à l'époque qu'il n'était pas celui d'Eddie. Il était rare que les âmes sœurs soient déconnectées, mais pas impossible. Buck aurait dû savoir qu'il serait l'un des rares élus ; il aurait dû savoir qu'il se retrouverait sans âme sœur, qu'il mourait de froid alors que la chaleur s'échapperait de son âme. Avec le recul, il pensait que c'était peut-être le cas, cependant un espoir aveugle l'empêchait de se figer trop tôt.

Eddie et l'équipe sont partis en un éclair, face à une urgence sur le parking pour laquelle Buck ne pouvait pas aider. Il n'était qu'un simple spectateur, inutile dans la mêlée, seulement un obstacle s'il essayait d'aider. Il remarqua à peine la façon dont il resserrait sa veste autour de lui ; c'était début octobre, il était logique qu'il ait un peu froid.

De retour dans son appartement, Buck se blottit sous les couvertures, ignorant la manière dont ses doigts brûlaient de nouveau alors qu'ils se réchauffaient, la façon dont son nez coulait, ses orteils glacés contre ses propres mollets. Il n'y a pas pensé. Tout ce qu'il voyait dans sa tête, c'était le visage d'Eddie, tout ce qu'il entendait, c'étaient les paroles d'Eddie, et tout ce qu'il ressentait, c'était son cœur brisé.

*-*

Au bout de quelques jours, cela commença à l'inquiéter. Son médecin n'avait rien mentionné à propos d'une sensation de froid due aux anticoagulants, mais c'était peut-être un symptôme ? Probablement que cela avait échappé au médecin, car il avait tant de choses à traverser et tant de patients plus importants dont il devait s'occuper. Néanmoins, Buck a pris rendez-vous avec lui plus tard dans la semaine alors qu'il se noyait dans des couvertures, des sweat-shirts et des chaussettes pelucheuses.

Le médecin parut troublé tandis que Buck décrivait ses symptômes, rien de plus qu'un frisson omniprésent dans ses os, une température corporelle légèrement inférieure lorsqu'il vérifiait le thermomètre. Il y a eu des tests, beaucoup de tests, des prises de sang et des IRM et finalement, quelques heures plus tard, Buck a été emmené dans une petite pièce qui parlait d'abandon.

Il fixa la machine qui se trouvait là, sentant quelque chose lui serrer l'estomac. « Une machine SA ? »

L'infirmière lui fit un sourire sympathique. "Juste pour l'exclure."

Il hocha la tête, même s'il n'y croyait pas vraiment. Un scanner d'âme. Pour vérifier si son âme était en train de mourir.

Il a laissé les infirmières le placer dans la machine et est resté immobile pendant que les photos étaient prises, luttant contre les tremblements qui voulaient s'emparer de son corps alors qu'il était allongé là, découvert à l'exception d'une blouse d'hôpital. Bientôt, il était de retour dans une chambre d'hôpital et attendait les résultats précipités.

Il fallut à peine une demi-heure avant que son médecin et un autre n'arrivent, tous deux avec des expressions sombres sur le visage. Buck déglutit lourdement et attendit.

"Buck", commença lentement son médecin, « Voici le Dr Gomez. Elle prendra en charge ton dossier pour cela. »

"Pourquoi ?" Demanda-t-il, la voix tremblante, soit de froid, soit de peur, il n'en était pas sûr. "Quelque chose ne va pas ?"

"J'en ai bien peur", répondit le Dr Gomez avec un sourire triste. « M. Buckley, vous êtes gelé. »

Il fallut un moment à Buck pour vraiment comprendre ce qu'elle disait et ce que cela signifiait. "Je meurs ?"

Il y eut une courte pause avant que le Dr Gomez ne déclare : "C'est difficile à dire. Vous avez un cas rigoureux, qui semble s'aggraver à un rythme très rapide. Je ne peux pas dire si vous y survivrez. Mais je vous suggère de mettre de l'ordre dans vos affaires au cas où le pire arriverait."

"Pourquoi le mien va-t-il si vite ?" Il a demandé. « Est-ce que les gens n'ont généralement pas des mois devant eux ? »

Le Dr Gomez hocha la tête. « Habituellement, oui. Cependant, il y a des chances que la condition soit exacerbée soit par l'amour que l'individu porte à son âme sœur, soit par une connexion unilatérale avec l'âme sœur, soit par un manque de soutien en dehors de cette relation. »

Merde. Bien sûr. « Je... Je l'aime plus que tout. Et je ne suis pas son âme sœur. Et je n'ai... plus personne qui m'aime. »

Les deux médecins paraissaient peinés. "Je suis désolé, M.Buckley", a déclaré le Dr Gomez, et elle avait l'air sincère. « Je suis vraiment désolé. Mais il ne vous restera probablement pas longtemps. »

Buck quitta l'hôpital hébété, frissonnant face au vent. Il ne savait pas comment il était rentré chez lui, mais il y arriva avant de s'en rendre compte, assis dans sa voiture pendant qu'il réfléchissait.

Ils lui ont donné un peu plus de trois semaines. À peine deux semaines avant que ce soit irréversible.

Buck voulait aller courir vers Eddie, lui demander pardon, le supplier de l'aimer et de lui permettre de vivre. Il voulait le dire à Maddie, le dire à l'équipe, leur offrir une chance de ralentir le processus de gel de son âme, le serrer contre lui et le réchauffer. Il voulait qu'une famille l'aime dans ses derniers jours, si le gel s'emparait de tout son corps et le laissait en hypothermie et finissait par mourir.

L'équipe ne voulait plus de lui, elle ne l'aimait plus. Peut-être qu'ils ne l'ont jamais aimé en premier lieu. Et quant à Eddie... Buck savait qu'il n'était pas l'âme sœur d'Eddie. Il savait qu'Eddie ne supporterait pas les conséquences de Buck's Freeze. Il savait qu'il disparaîtrait du cœur de l'équipe, s'il ne l'avait pas déjà fait.

Non, Buck partirait tranquillement, sans pardon, sans amour, sans réconfort. Il passait ses derniers jours à frissonner jusqu'à ce que son corps soit si mort qu'il n'avait même plus froid, puis il laissait son cœur lâcher comme il aurait dû lorsque le camion l'écrasait sur l'asphalte. Buck gèlerait et le monde n'en serait pas plus sage.