Chapitre deux

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❝ Message anonyme ❞


Je n'avais jamais goûté de riz colombo. C'est une spécialité guadeloupéenne et je suis ravie de pouvoir la découvrir avec Jaro. Ma mère a proposé qu'on fasse le prochain repas à la maison et qu'on leur fasse découvrir le kifto.

─ Les pâtes, je pense qu'ils connaissent, a-t-elle chuchoté à mon père. Mais Jaro, à quel âge as-tu arrêté l'école si tu vis déjà de la musique ?

─ Je suis un peu plus âgé qu'Amaliah. J'ai arrêté en fin de licence.

─ Tu es un 2001, je me trompe ?

Ma mère appuie mon regard. Qu'est-ce que je suis censée comprendre ? Qu'un an d'écart, c'est déjà trop ? Impossible, elle a près de 10 ans avec mon père. Dans ce cas, pourquoi est-ce qu'elle me fixe autant depuis le début du repas ? Elle essaye de me dire quelque chose que je peine à comprendre.

─ C'est exact, réplique Jaro.

─ Un soir de décembre, peut-être ?

Marie rit nerveusement.

─ Vous avez le don pour deviner !

─ C'est ce qu'on me dit souvent. Vous voyagez souvent ?

─ On a déjà pris quelques vacances par-ci par-là.

─ En Haïti, vous avez déjà fait un p'tit tour ?

Je fronce les sourcils vers ma mère. Pourquoi est-ce qu'elle nous parle d'Haïti ?

─ Je ne crois pas. Bon, on les mange, ces fraisiers ?

Wilson se lève et découpe les parts. Ma mère se fait silencieuse pendant le reste du repas pendant que mon père embête Jaro, en lui demandant s'il souhaite faire une chanson pour moi.

─ Ca ferait un carton ça, non ? Les chansons d'amour, c'est à la mode chez les jeunes.

─ À vrai dire, j'en ai écrit une. J'attendais ce dîner pour en parler à ma mère.

La cuillère que Wilson vient de me donner me tombe de la main.

─ Tu as fait quoi ? je questionne.

─ Vous n'aimez pas l'idée ?

─ Tu sais que ça me met mal à l'aise.

─ C'est mignon comme tout, commente ma mère, arrête d'être si réservée Liah !

Jaro prend discrètement ma main.

─ Elle ne sortira pas si vous ne l'aimez pas, soyez en sûre.

─ Ce n'est pas ça...

J'ai honte de penser comme ça, mais malgré tout ce qu'il m'a fait, j'ai peur que Sultan tombe dessus. Ce n'est pas la première pensée idiote qui me vient en tête et si ça continue je vais finir par devenir folle. Elles viennent toute seule et difficile de les chasser. Si seulement je savais ce qu'il s'était passé. Qu'est-ce que Sultan faisait à l'hôpital ? Est-ce qu'il s'en est sorti ? Ibrahima doit avoir de ses nouvelles, non ? Arrête Amaliah. Tu t'es déjà posé ces questions et tu as pris une décision : tout ce qui concerne Sultan ne te regarde plus. Il ne réfléchissait pas autant quand il faisait équipe avec Fanta pour vendre de la drogue avec Ibrahima. Tu as tes parents, tu as Jaro, tu n'as besoin de personne d'autres.

─ Je n'aime juste pas être au centre de l'attention, tu le sais, je termine dans un murmure.

─ Ce qui est si dommage car le public t'adore ! Les retours sur la cover d'NRS, la trend tiktok sur tes backs... tu as du potentiel, Amaliah. Et en tant que directeur, je peux te dire que j'ai l'oeil. L'oreille, surtout.

Uda - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant