Chapitre quatre

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La patate de Lamine


J'ai envie de lui arracher les yeux. Je prévois de me rendre à la bibliothèque et je me retrouve sur le dos de l'homme que je déteste le plus au monde. Je ne sais pas ce qu'il me veut et j'ai peur de savoir où il m'emmène. Dans une cave ? Pire, chez lui ? J'enfonce encore mes ongles, si fort qu'il attrape mes mains d'un coup pour m'empêcher de continuer. Je me mets alors à donner des coups de pieds sur son torse.

─ Continue et tu verras que la gifle c'était que le début.

─ Lâche-moi ou je te refais une nouvelle coupe.

Il se contente de rire et continue d'avancer vers notre bâtiment d'un pas un peu plus rapide. Je regarde autour de moi, plusieurs gars de chaque côté comme différentes équipes.

─ J'sais même plus pourquoi je t'ai giflé ce jour-là. Le shit j'pense. A la base je t'aimais bien.

─ Je dois faire semblant d'être intéressée par ce que tu racontes ?

─ Ta gueule un peu. Crois pas que je m'excuse mais je regrette. C'était pas le truc le plus intelligent à faire.

J'arrête mes coups. Il ne me lâchera pas avant d'en avoir besoin alors à quoi bon. Il regrette. En voici, une nouvelle. Je ne peux pas semblant, je ne m'y attendais pas. Cette fois-ci, je me tais. J'ai envie qu'il continue à parler.

─ J'me suis mis un bon collègue à dos et maintenant on est ennemis dans nos affaires.

─ Tu parles de Sultan ?

─ T'es con ? Qui d'autre ? Il était bon. Très bon. Mais pas assez malin.

Soudainement, ça me paraît une évidence. La drogue qu'ils vendaient ensemble, Sultan qui continue de son côté avec Ibrahima et Fanta, le fight park qu'il crée ... tout ça n'a fait qu'instaurer une différence entre lui et Lamine en plus de lui rapporter de l'argent. Sultan n'est plus son petit, il peut être considéré comme son égal si ce n'est plus.

─ Tu sais où il est, je lâche avec un sourire qu'il ne peut pas voir.

─ Ton gars ? Absolument pas.

─ Mon corps est collé au tien Lamine. Je ressens les battements de ton coeur comme si c'était le mien.

─ Ta gueule. J'te dis que j'sais pas où il est et que je m'en fous.

─ Je sais que tu mens.

─ Pense ce que tu veux j'en ai rien à branler. Et admettons que ce soit le cas, qu'est-ce que tu veux faire ?

─ Rien, je me fiche de lui maintenant.

─ Tu commences à être intelligente, c'est bi...

Un cri. Un cri si puissant que Lamine s'arrête et j'ai l'impression que mon coeur fait de même. Qu'est-ce qui vient de se passer ? Nous sommes devant mon bâtiment, des jeunes hommes sortent de tous les côtés, plus ou moins armés à leur manière. Lamine me fait descendre de son épaule. Il enlève rapidement sa montre et sa chaîne et me les tends en me poussant presque.

─ Rentre vite et garde ça pour moi.

─ Mais qu'est-ce qui se passe ?!

─ J'ai dit CASSE-TOI Amaliah !

Je me mets à courir pour rentrer chez moi en tenant fermement les affaires de Lamine. Je croise d'autres gars dans le hall, certains courent voir ce qui se passent et d'autres sont plus lents, hésitants. Arrivée chez moi, mon père me prend dans ses bras.

Uda - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant