Chapitre six

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Le choix 


Je laisse Inès parler longtemps. Très longtemps. Elle m'explique qu'elle a quitté cité Soleil juste après avoir accouché après un déni de grossesse, qu'elle a trainé à l'hôpital puis dans des logements miteux avant de se décider à rester dans un hôtel en attendant que la chance lui sourit. La chance a fini par arriver. Elle était tombée sur Ali à l'hôtel. Ils avaient échangé quelques mots au restaurant de l'hôtel mais elle l'avait stoppé en lui disant qu'elle avait une fille. Il s'en fichait, il l'a voulait même si ça impliquait un enfant. Alors désespérée, elle avait accepté de le suivre chez lui avec sa fille et n'avait pas bougé depuis. Elle s'occupe de sa fille, du ménage, de la cuisine et d'Ali. Je n'ose pas lui demander si elle l'aime. Je suppose que l'affection arrive à un moment ou un autre. Une chose est sûre, cette situation lui convient. Je lui demande si elle ne veut pas trouver du travail, histoire d'avoir un peu de côté. Elle me dit qu'elle ne trouvera pas le temps de travailler avec Lilia mais que c'est dans ses projets pour l'année prochaine. L'année prochaine, il sera peut-être trop tard. Elle me parle d'Ali comme d'un prince charmant et je n'ose pas lui dire ce que j'en pense. Je ne veux pas briser son rêve ou avoir l'air d'une copine qui ne se réjouit pas du succès des autres. Peut-être que je suis méfiante à cause de ce que j'ai vécu. Un Sultan à qui j'ai accordé toute ma confiance qui s'est révélé être un monstre. Au fond, Jaro peut aussi être considéré comme un prince charmant. Il arrive après ma rupture et est le petit-ami parfait. Ali a posé des vacances et deux semaines en Espagne sont prévues. Ils devaient aller à Dubai mais Inès n'a jamais pris l'avion et en a peur. Ils se sont mis d'accord sur une destination à moins de 2h d'avion. Elle m'explique qu'elle a essayé de négocier un Flixbus mais il a dit que c'était hors de question. Il est d'un niveau au dessus, un peu comme Jaro, et a ses exigences. Inès et moi, on aurait accepté un Flixbus peu importe si le confort n'est pas au rendez-vous du moment que c'est moins cher. Ce constat me motive à poursuivre mes études, je dois changer de vie, de mentalité, sortir du système. J'ai l'impression qu'elle a encore beaucoup de choses à me dire quand mes parents passent le pas de la porte. Lilia a quitté mes genoux depuis un moment et s'amuse sur le sol.

─ Mais qui est cet... mon Dieu ! s'exclame ma mère en voyant Inès lui faire coucou.

─ J'ai l'air d'un fantôme ?

─ Quelque chose du genre, lui répond mon père. Comment tu vas ?

En sa présence, personne ne parle de son apparition soudaine. Ils savent qu'on entrera dans les détails dès qu'elle aura quitté l'appartement. Surtout ma mère à vrai dire. Ils accueillent Lilia les bras ouverts, la câline, la chatouille, la gave de boudoirs et de chantilly. Inès n'a pas école et n'a pas de diplôme. Je m'en rends compte quand elle se prépare à partir et, puisqu'elle dort chez sa mère ce soir, me propose de sortir demain midi. Je lui dis que je suis occupée mais qu'on peut dîner au restaurant le soir. Je vois une lueur passer dans son regard. Elle a compris quelle était mon occupation. En la raccompagnant un peu pour passer du temps avec Lilia, je réalise que je ne lui ai même pas parlé de ma vie. Elle ne sait rien de Jaro, rien de tout ce qu'il s'est passé avec Sultan, rien de mes études. Je croise Fanta en remontant chez moi.

─ Salut, je glisse.

Je ne peux pas l'ignorer après ce qu'il y a eu chez Ibrahima. Je ne l'aime pas, elle ne m'inspire pas confiance, mais elle m'a aidé. Même si on le lui a demandé, rien ne l'obligeait à le faire.

─ Ah. Salut, répond-t-elle en continuant son chemin.

─ Merci pour hier, je m'empresse d'ajouter.

Elle rigole.

─ Ouais.

Quand je la vois comme ça, l'air de s'en foutre de moi, je doute ce soit mon harceleuse. Elle est indifférente, je l'ennuie presque, pourquoi elle insisterait à m'envoyer des messages alors que je l'ignore ? Non, c'est peut-être une ruse pour que je ne la soupçonne pas. Mais Ibrahima m'a bien dit qu'il n'avait pas partagé mon numéro. Inutile de penser comme ça, je ne peux pas faire confiance à Ibrahima. En m'enfermant dans ma chambre, je vois tous les appels manqués de Jaro. Je lance un appel Facetime. La seconde d'après, son visage perlé de sueur apparaît à l'écran.

Uda - TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant