9) Sherliam - @milliehanemiya

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Midi venait de sonner. Le soleil était haut dans le ciel, à découvert entre les nuages blancs qui le tâchaient, il baignait la ville d'une agréable chaleur. Les rues étaient bien remplies, les fiacres allaient et venaient le long des trottoirs arpentés de passants, les chevaux hennissaient, les marchands criaient leurs offres au marché, les nobles se saluaient, et la fumée des bateaux du port se faisait même ressentir. C'était une belle journée de printemps, pleine de vie, tout le monde avait l'air gai aujourd'hui. Il fallait dire qu'après la morne semaine de pluie qui était passée, les Londoniens avaient bien besoin de quelques rayons de soleil. Cela expliquait que les passants aient l'air si légers aujourd'hui, et bien que certains avaient un parapluie à la main et des vêtements d'eau, la plupart portaient des toilettes de printemps. C'était un beau lundi pour tout le monde.
À l'exception d'une personne.
C'était un très mauvais lundi pour Sherlock, et donc une très mauvaise semaine, mais aussi un très mauvais début de mois. Et donc, les trente jours qui allaient suivre seraient tous mauvais, car aujourd'hui, lundi premier avril, était un mauvais jour. Il n'aurait plus manqué que ce soit un lundi premier janvier, et dans ce cas, toute son année aurait été gâchée.
Était-ce excessif comme manière de penser ? Pas vraiment. Sherlock exagérait-il un peu ? Peut-être. Entamait-il sa troisième cigarette d'affilée pour calmer sa frustration ? C'était possible. Était-il assis sur un banc comme un imbécile depuis une heure, à taper du pied au sol ? Probablement. Regardait-il autour de lui avec empressement en fusillant du regard toute personne qui osait poser les yeux sur lui ? Maugréait-il tout seul dans son coin en insultant l'arbre généalogique de chaque personne qui avait eu le malheur de l'agacer ces derniers jours ? Effectivement. Était-il en colère car William, aussi connu sous le nom de « futur époux et propriété privée et exclusive de Sherlock Holmes », avait une heure de retard à leur rendez-vous ? Oui.
Il n'avait jamais eu de retard, pas même une seconde. Il était ponctuel à chacune de leur entrevue, à la toute première qu'ils avaient eu trois ans plus tôt, comme à la dernière, jeudi dernier. William était toujours à l'heure, il était même très souvent en avance. C'était plutôt Sherlock qui avait quelques problèmes avec les horloges, la sienne devait très sûrement être déréglée car bizarrement, il arrivait toujours une dizaine de minutes après William. Aujourd'hui encore, il était parti en courant de chez lui, il s'était précipité dans les rues de Londres sans prendre le temps de prendre une voiture (faisant plus confiance à ses jambes), il avait même foncé sur un pauvre enfant qui traînait sur sa route...
Il était arrivé à bout de souffle au point de rendez-vous, les cheveux tout décoiffés et le cœur battant. Et quelle surprise ?! William, alias « futur époux et propriété privée et exclusive de Sherlock Holmes », n'était pas là. Au début, Sherlock avait un peu paniqué et il s'était mis à déambuler avec désespoir dans le marché près de leur lieu de rendez-vous. Mais il n'avait pas retrouvé sa future propriété, alors il s'était assis sur ce banc et s'était lancé dans un long questionnement sur son existence.
Comment se faisait-il que « futur époux et propriété privée et exclusive de Sherlock Holmes » ne soit pas là ? Sherlock s'était-il trompé d'endroit ? Impossible, il avait lui-même choisi le lieu de rendez-vous. Avait-il oublié l'heure qu'il avait donnée ? Non il s'en souvenait, c'était onze heures. Avait-il oublié de donner l'adresse à William ? Même s'il l'avait fait, le lieu de leur rendez-vous était toujours le même. William essayait-il de lui faire passer un message ? Ce n'était pas vraiment son genre... Mais tout de même, essayait-il de mettre un terme à leur relation ? Était-il en la compagnie d'une autre personne ?! Était-il en colère contre lui ? Était-il toujours en vie ?!
Peut-être l'avait-on enlevé et tué ! Peut-être qu'il avait quitté le pays avec une femme qu'il aurait croisé dans un parc !
Sherlock n'arrivait pas à résoudre le mystère de son absence, étrangement toutes ses capacités de détective avaient disparu.
Peut-être que William n'avait pas reçu sa lettre dans laquelle il lui donnait rendez-vous. Mais c'était impossible, Sherlock se voyait encore la donner à Louis et lui demander de la remettre à William. Il faisait souvent cela, et William aussi. Ils s'écrivaient tous les deux de nombreuses lettres, ou seulement des petits mots contenant des informations assez inutiles, et comme ils étaient tous les deux très occupés, ils se servaient souvent de Louis pour s'échanger leurs mots.
Louis se plaignait de plus en plus d'ailleurs, surtout auprès de Sherlock, il ne l'aimait pas visiblement. Mais il faisait tout de même son travail, même si leurs mots n'en valaient pas toujours la peine, il fallait l'avouer. Le dernier mot de Sherlock étant :
« Cher Liam,
Serai-je plus séduisant avec une chemise marine ou acier ? »
La réponse de William étant :
« Cher Sherly,
La séduction est un don de naissance qui t'a malheureusement échappé. La couleur ne changera rien. »
Ce à quoi Sherlock s'était senti obligé de répondre :
« Cher Liam,
J'ai toujours su que j'aurais dû te faire arrêter. Tu as de la chance que ton crime ait été de voler mon cœur. »
Alors William avait évidemment répondu :
« Cher Sherly,
Catch me if you can.
(Tu m'as également volé ma pureté, tu es tout autant criminel). »
   Et Sherlock avait répondu par :
« Cher Liam,
   Tu me l'as offerte sur un plateau d'argent. »
Leurs mots ressemblaient souvent à cela, et autant dire que Louis en avait plus qu'assez de leur servir de messager.
Mais alors... Se pourrait-il que Louis n'ait pas transmis le mot à William ? Après tout, faire le messager l'énervait et il n'aimait pas Sherlock, alors il pourrait très bien l'empêcher de voir son frère. Sherlock ne voyait pas d'autres raisons pour justifier l'absence de « futur époux et propriété privée et exclusive de Sherlock Holmes », c'était forcément à cause de Louis.
Le jeune homme se leva et jeta sa cigarette dans une poubelle. Il devait en avoir le cœur net et se rendre à la demeure des Moriarty. Il passa sa main dans ses cheveux pour se recoiffer, vérifia que sa tenue était impeccable, et appela un fiacre pour se faire conduire chez son futur époux. Enfin chez son ami.
Il n'avait pas vraiment le droit d'aller chez les Moriarty en réalité, pour des raisons de sécurité par rapport à leur ancienne organisation, et aussi parce que William préférait qu'ils se voient ailleurs. Sa famille n'était pas au courant de leur relation, alors ils ne pouvaient pas se voir en sa présence. Sherlock ne venait presque que lorsqu'ils étaient certains d'être seuls, ce qui était plutôt rare étant donné le nombre de personnes qui vivait dans sa résidence. Et sinon, il ne venait pas pour voir seulement William.
Il devait aussi garder ses distances avec cette demeure parce que Louis ne l'aimait pas justement. Pourtant, son frère avait le droit de venir lui, Mycroft y venait régulièrement passer du temps avec Albert, un jour William lui avait même envoyé un mot pour dire « Cher Sherly, ton frère est encore venu libérer ses phéromones dans mon salon. Mon frère n'y est pas indifférent et ne cesse de lui mettre son buste sous le nez, dois-je vraiment assister à cela ? ».
Sherlock ne serait pas étonné d'apprendre qu'ils aivaient une liaison, même s'il avait toujours vu son frère en compagnie de femmes. En tout cas, imaginer Mycroft « libérer ses phéromones » dans le salon des Moriarty l'avait beaucoup amusé, William parlait d'eux comme s'ils étaient des animaux en rut.
Le fiacre finit par s'arrêter devant la demeure des Moriarty, et Sherlock se dépêcha de descendre. Il frappa quelques coups à la porte, attendit quelques instants, et des pas se firent bientôt entendre.
— Sherlock, dit Albert en ouvrant la porte. Que faites-vous ici ?
— Je cherche Liam, il est ici ?
— Oh oui, il dort.
— I-il dort ?! Pourquoi ?!
— Et bien, en général lorsqu'on dort c'est qu'on est fatigué, dit Albert en riant. Vous n'avez qu'à repasser plus tard.
— Oh non, je vais attendre qu'il se réveille, décida Sherlock en entrant de force dans la maison.
— Eh bien comme vous voulez, mais rien ne réveille Will une fois qu'il dort.
— Je l'avais remarqué.
— Vous avez déjà dormi ensemble alors, questionna Albert en penchant la tête.
— Euh... non, il s'est juste endormi une fois, inventa Sherlock.
— Ah bien sûr. Dans ce cas je vous laisse le rejoindre, moi j'ai à faire, je m'en allais justement retrouver Mycroft.
— Il est en déplacement, dit Sherlock en fronçant les sourcils.
— Oui, je vais le retrouver, dit Albert en enfilant un haut forme. Nous avons un voyage d'affaires ensemble.
— Très bien.
— Je peux vous poser une question ?
— Oui ?
— Avez-vous une liaison avec William, questionna Albert d'un air entendu.
Sherlock pencha la tête et sourit. Une liaison avec William ? Avec « futur époux et propriété privée et exclusive de Sherlock Holmes » ? Non. Aucune chance. Cela n'arriverait jamais !
— Non, nous sommes juste de très bons amis, dit Sherlock en hochant la tête.
— Will parle beaucoup de vous et vous passez un temps considérable ensemble, alors je me demandais si vous ne l'aimiez pas un peu.
Eh bien...
Est-ce que penser en permanence à une personne à tel point qu'elle hantait ses rêves, oublier la morosité de sa vie lorsqu'on était à ses côtés, pouvoir passer des nuits entières avec elle dans les draps mouillés d'un lit, attendre avec impatience chacun de ses mots inutiles, et imaginer la douceur de sa peau contre ses lèvres... Est-ce que tout cela revenait à aimer une personne ? Si c'était le cas, alors Sherlock était follement épris de William.
Aucun mot n'avait jamais été posé sur leur relation. Les choses s'étaient faites toutes seules, dès leur première rencontre ils s'étaient appréciés, et chacune de leur rencontre suivante n'avait fait qu'ancrer leur image dans l'esprit de l'autre. Jusqu'à ce jour où Sherlock avait fait venir William chez lui, ils avaient un peu bu tous les deux, peut-être pour se donner du courage, et ils avaient fini par s'échanger un premier baiser. Sherlock s'en souvenait très bien. À peine avait-il posé ses lèvres sur celles de William qu'il en était devenu fou, addicte. Ils s'étaient pressés l'un contre l'autre et s'étaient arraché leurs vêtements, Sherlock avait porté William jusque dans son lit, et il lui avait volé des baisers tout au long des heures qui avaient suivi.
Ils n'avaient pas essayé de se dire quoi que ce soit, leurs sentiments étaient évidents, trop fort pour être exprimés par de simples mots. Ils s'étaient compris dans leur silence, et depuis leur addiction mutuelle ne faisait que grandir. Bien qu'ils ne l'aient jamais dit à personne, après tout cet amour leur appartenait.
— Je tiens beaucoup à lui, dit finalement Sherlock. C'est mon meilleur ami.
— Je vois. Bien alors je vais vous laisser prendre soin de mon frère, je reviendrais sûrement très tard, dit Albert en sortant. Oh et... il n'y a personne d'autre à la maison. Au revoir.
Albert hocha poliment la tête, levant brièvement son haut forme, puis il s'en alla vers le fiacre qui l'attendait. Venait-il vraiment de signaler à Sherlock qu'il allait être seul avec William ? Il lui avait dit cela avec la plus grande innocence, comme s'il ne s'agissait que d'une parole en l'air. Mais avait-il dit cela pour la raison à laquelle Sherlock pensait ?!
Non non, il ne devait pas avoir l'esprit pervers. Albert avait dû dire ça pour... Pour plaisanter. Peu importe.
Sherlock ferma finalement la porte de la demeure, et s'avança à la hâte dans la maison. Il se dirigea d'abord vers la chambre de William, mais celle-ci était vide. Et bien, où dormait-il si ce n'était pas dans sa chambre ? Peut-être dans celle de l'un de ses frères ? Sherlock ne savait pas vraiment où elles étaient, alors il ouvrit au hasard des portes, mais toutes les pièces étaient désertes. Mais où était-il ?!
— Liam, appela Sherlock.
Aucune réponse. Il ne dormait tout de même pas dans le salon, si ?
Le jeune homme se dirigea vers la pièce de séjour et se dépêcha de contourner les somptueux canapés, avant de pousser une exclamation de surprise.
William était bien là, à moitié allongé sur le canapé principal. Ses jambes pendaient dans le vide, et une simple veste avait été déposée sur son torse. Il semblait profondément endormi, il ne devait pas avoir entendu l'appel de Sherlock, ni même le départ de son frère. Albert aurait tout de même pu le porter dans sa chambre, ce ne devait pas être très confortable de dormir ici.
Sherlock s'avança à pas de velours de lui. Il souleva avec délicatesse sa tête et plaça un coussin dessous, puis il s'écarta et partit s'asseoir sur un fauteuil en face de lui. Il allait attendre, il avait toute la journée devant lui. Oh John risquait de s'énerver s'il restait là toute la journée à ne rien faire, mais peu importe. Il préférait voir William que de s'ennuyer chez lui sur des enquêtes qui n'avaient aucune subtilité, et il devait savoir pourquoi est-ce qu'il n'était pas venu à leur rendez-vous.
William devait être vraiment épuisé pour s'endormir au beau milieu de la journée, peut-être qu'il était malade. Ce ne serait pas étonnant, il passait son temps à organiser des événements, il réfléchissait en permanence, il prévoyait sans cesse, et en parallèle de cela il devait garder son image de noble face à la bonne société. Ses neurones devaient être en surchauffe, à sa place Sherlock détesterait avoir plusieurs rôles à tenir. Il détestait aussi le fait que William ait été le Prince du crime. Bien qu'il avait « arrêté » aujourd'hui, il l'avait été et Sherlock était forcé de reconnaître que son futur époux était un criminel. Il se rassurait en se disant que c'était pour le bien de leur patrie, l'égalité ne se gagnerait jamais sans lutte.
D'ailleurs, William n'était même pas au courant qu'il avait été nommé futur mari de Sherlock. Il devait peut-être songer à le prévenir. Oh peu importait, William était intelligent, il pourrait le comprendre tout seul tout de même...
— Sherlock ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
Le jeune homme, qui avait attrapé le journal pour le lire et s'occuper, releva la tête et vit que William avait ouvert les yeux.
— Je suis venu lire le journal. J'adore parcourir la ville rien que pour lire un journal que je possède déjà chez moi, répliqua Sherlock.
William se redressa gracieusement et se recoiffa.
— Je ne m'attendais pas à te voir, je ne suis pas présentable, s'excusa-t-il doucement.
— Oh je t'ai vu dans des états bien moins présentables. Alors ?
— Alors quoi ?
— Tu n'as pas eu mon mot n'est-ce pas ?
— Ton mot ?
Sherlock soupira et baissa son journal, qu'il jeta sur la table devant lui.
— C'est bien ce que je pensais. Je t'avais donné rendez-vous, je t'attends depuis plus d'une heure.
— Vraiment, s'étonna William. Je n'ai pas reçu ton message, je n'ai pas regardé le courrier.
— C'est Louis qui a dû jeter le message. On ne peut pas lui faire confiance, il nuit à notre... Amitié, s'exclama Sherlock.
— Notre amitié, répéta William avec un sourire.
— Notre profonde amitié.
William se leva et lissa ses vêtements. Il ne portait pas sa veste de costume pour une fois, seulement une chemise blanche impeccable et un veston marron. Cette tenue légère lui allait plutôt bien, Sherlock le préférait ainsi. William passa la main dans ses cheveux et s'approcha de lui.
— Alors nous sommes amis, dit-il avec amusement.
— Meilleurs amis, c'est ce que j'ai dit à ton frère lorsque je l'ai croisé, affirma Sherlock. Qu'est-ce que tu leur dis toi ?
— La même chose. Après tout c'est vrai, nous sommes de très bons amis non ?
— Bien sûr, nous le sommes dès le premier jour.
— C'est cela.
William s'assit sur l'accoudoir du fauteuil, avant de passer un bras autour de son cou.
— Et puis, il est normal que des amis aient des rendez-vous ensemble, dit-il en penchant la tête.
— Oui, et que nous nous échangions aussi souvent des mots, ajouta Sherlock en posant sa main sur sa cuisse.
— Et que nous passions quelques nuits à l'hôtel. Qui ne ferait pas cela avec son meilleur ami ?
— Personne.
Sherlock caressa lentement la cuisse de William, avant de l'attirer sur lui et de lui voler un baiser. William lui répondit immédiatement, il passa ses mains derrière sa nuque pour approfondir leur baiser, et sourit contre ses lèvres. Sherlock continua en le serrant dans ses bras, et William passa des mains dans ses cheveux avec envie.
— Tu sens le tabac, dit William entre deux baisers.
— Et toi tu sens le parfum, constata Sherlock en embrassant son cou.
— Tu fumes beaucoup trop, tes poumons doivent être tous pollués.
— J'ai fumé quatre cigarettes ce matin. Une pour me préparer à te voir, et trois pour contenir ma frustration de ne pas te voir au rendez-vous.
— Je n'aime pas cette odeur, tu devrais arrêter de fumer.
— Tu penses que je vais arrêter pour toi, demanda Sherlock avec amusement.
— Oui. Tu sais ce qui est arrivé à la dernière personne qui n'a pas fait ce que je voulais ?
— Je suppose que plus personne n'a dû en entendre parler. Mais ça serait un honneur de me faire tuer par le Prince du crime en personne, moi aussi, il n'y a qu'à toi que je veuille confier mes derniers instants.
— Je n'aurais pas le temps de te tuer, tu mourras très certainement d'un cancer du poumon avant.
— Dans ce cas, j'espère que tu viendras me voir sur mon lit d'hôpital, dit Sherlock en défaisant le veston de William.
— Que fais-tu ?
— Et bien je profite de mes derniers instants avant de mourir d'un cancer !
William sourit. Il retira rapidement ses chaussures en les laissant tomber au sol, sur le côté du fauteuil. Il changea ensuite de position, monta à califourchon sur Sherlock, et reprit leur baiser.
— Il faut que tes derniers instants valent la peine d'être vécus alors, dit-il en enlevant lui-même son veston.
— Tu as raison. Et si tu faisais tout ce que je voulais pour mes derniers instants ?
— J'exaucerais chacun de tes vœux, dit William avec un petit sourire.
Satisfait, Sherlock posa ses mains sur les fesses de son futur époux, il l'attira un peu plus contre lui, et déposa ses lèvres sur les siennes. Les lèvres de William lui avaient manqué, ce devrait être interdit d'en être privé aussi longtemps. Sherlock n'avait pas pu lui voler de baiser depuis au moins une semaine, ils n'avaient pas réussi à se voir seuls depuis un bon moment. C'était frustrant, Sherlock n'arrivait pas à travailler correctement lorsqu'il n'avait pas sa dose de William. C'était un besoin vital de l'embrasser.
Il exagérait peut-être un peu, mais il avait besoin de voir William, sinon il pensait constamment à lui et il n'arrivait pas à se concentrer sur autre chose. Ce que ce pouvait être agaçant d'être amoureux... Sherlock se demandait si William ressentait la même chose. Si lui aussi, son ventre le démangeait lorsqu'il était en sa présence, que son cœur s'ennuyait loin de lui, et que ses pensées divaguaient jusqu'à toujours revenir vers lui...
Sherlock entrouvrit les yeux, et vit que William le regardait déjà. Ses yeux écarlates étaient à moitié clos, mais ils brillaient d'envie pour lui. Sherlock ne put s'empêcher de resserrer son emprise sur sa taille, il approfondit leur baiser, avant de baisser ses mains sur ses fesses.
— Tu penses à moi Liam, demanda Sherlock à quelques centimètres de son visage.
— À qui d'autre veux-tu que je pense, répondit William dans un souffle.
— Je veux dire... Quand je ne suis pas là, tu penses à moi ?
— Hmm... et bien, lorsque je ne pense pas à ma famille, à tous les crimes que j'ai organisés, à la promesse que j'ai faite de ne plus tuer, à tous ces nobles qui m'irritent au plus au point toute la journée, aux nombreuses règles de bonne conduite que je dois suivre, et à tout ce que j'ai à faire durant mes si courtes journées... Oui, il m'arrive de penser à toi.
Sherlock jeta un regard blasé à William, alors que celui-ci souriait doucement.
— Je suis honoré que tu trouves le temps de penser à moi quelques secondes dans la journée, dit-il d'un air contrarié.
— Tu peux l'être, tu es les seules pensées de distraction que je me permets, et ce sont les seules pensées qui me réjouissent.
— Tu te rattrapes bien, dit Sherlock en souriant.
William ne répondit pas et préféra reprendre leur baiser, en se pressant un peu plus contre lui. Sherlock lui rendit de nouveau son baiser, et cette fois-ci il commença à ouvrir sa chemise pour venir embrasser son cou avec envie. Mais des pas retentirent soudain dans l'appartement et quelqu'un arriva avant même que Sherlock ou William n'aient le temps de se séparer.
— J'ai oublié ma... Oh, je vois que vous avez trouvé de quoi vous occuper !
Sherlock tourna la tête avec surprise, et vit que Albert se trouvait à l'entrée de la pièce. Il n'avait pas l'air vraiment surpris de trouver Sherlock et William dans cette position, il avait même un sourire au visage, et une lueur d'amusement dans les yeux. William s'écarta immédiatement de Sherlock et referma sa chemise avec gêne.
— Albert, ce n'est pas ce que tu crois, dit-il maladroitement.
— Ne t'inquiète pas, je m'en doutais un peu, avoua Albert en attrapant une veste qui était posée sur un canapé. Vous n'êtes pas très discrets.
— Oh...
— Ne t'inquiète pas, je ne dirais rien à Louis, rassura Albert. Eh bien, passez une agréable journée !
Il leur adressa un sourire entendu, puis il s'éloigna et la porte d'entrée claqua, signe qu'il était parti. Son intrusion avait été rapide, mais elle avait suffie à mettre William mal à l'aise, et à briser leur moment d'intimité, ce qui déplaisait fortement à Sherlock. Cela faisait un moment qu'il n'avait plus passé de tels moments avec William, et il devait bien avouer que cela lui manquait. Il voulait retrouver son futur époux, passer du temps avec lui sans craindre d'être surpris, et lui arracher ses vêtements n'importe où, n'importe quand. Il savait bien que c'était difficile, ils étaient deux hommes alors ils ne pouvaient pas être librement ensemble, et puis William vivait avec sa famille. Si Albert était souvent en déplacement et qu'il passait de nombreuses nuits dehors, ce n'était malheureusement pas le cas de Louis, qui passait son temps collé à William.
Sherlock lui-même vivait avec John, alors il ne pouvait pas toujours faire venir William chez lui, et ils étaient obligés de se voir en cachette, dans des ruelles entre deux places, dans les vestiaires d'une réception, dans des hôtels éloignés de la ville... Sherlock commençait à se lasser de cette situation. Il voulait seulement être avec William, sans avoir à passer par toutes ces complications...
— Qu'y a-t-il, demanda William en voyant que le visage de Sherlock s'était fermé.
— Rien, dit Sherlock avec un sourire.
— Allons dans ma chambre, nous serons plus tranquilles, proposa William en lui prenant la main pour l'inviter à se lever.
— Et si Louis arrive, répondit Sherlock sans se lever.
— Il est en ville, il ne reviendra pas avant un moment.
— Mais c'est lui qui a réceptionné mon mot, il sait que nous sommes ensemble. Le connaissant, il fera exprès de venir, soupira Sherlock.
William ne répondit pas, et regarda Sherlock sans savoir quoi dire. Il n'y avait rien à dire après tout, Sherlock avait raison. Louis le détestait et l'éloignait de son frère dès qu'il le pouvait, ce ne serait pas surprenant de le voir arriver ici juste pour faire partir Sherlock.
— Je lui parlerai, décida William.
— Tu l'as déjà fait, et ça n'a servi à rien.
— Alors je le referai jusqu'à ce qu'il t'accepte.
— Liam, tu ne lui as jamais vraiment dit que nous étions ensemble, tu veux vraiment lui en parler ?
— Je peux en parler à ma famille, ça ne me dérange pas.
— Vraiment, dit Sherlock avec surprise.
— Je peux le faire pour toi. Je sais bien que cette situation ne te convient pas et je t'ai fait suffisamment patienter. Je suis désolé, dit William en se rasseyant sur ses cuisses.
— Je ne veux pas t'obliger à parler de notre relation, dit Sherlock d'un ton plus doux.
— Je dois le faire, cette relation compte pour moi et ma famille doit le savoir. Et puis si Louis et Albert sont au courant, nous pourrons passer plus de temps ensemble, ajouta William avec un sourire.
— Si tu leur disais, Louis ferait exprès de venir te voir sans prévenir, juste pour nous interrompre quand on est ensemble, fit remarquer Sherlock en le prenant pas la taille.
— Nous n'avons qu'à vivre ensemble alors.
Sherlock éclata de rire par réflexe, avant de voir l'air sérieux de William. Il s'arrêta aussitôt de rire et le regarda sans comprendre.
— Tu n'es pas sérieux.
— Je n'ai jamais été aussi sérieux.
— Tu veux que nous vivions ensemble ?! Mais tu es incapable de rester loin de ta famille !
— Je suis heureux avec toi, et je ne vivrais pas toujours avec ma famille. Tu ne veux pas vivre avec moi ?
— Si, mais... Tu es sûr que tu y survivras, demanda Sherlock en riant. Si nous vivons ensemble, je te garderai pour moi tout seul et tu ne pourras plus t'échapper !
— Ça me va, dit William avec un sourire.
— Tu veux vraiment qu'on vive ensemble, demanda Sherlock d'un air touché.
— Oui. Je me disais que tu en avais peut-être envie aussi, et on pourrait passer plus de temps ensemble sans que ça ne soit suspect. J'aime beaucoup vivre avec ma famille, mais je veux aussi vivre avec toi, je me sens prêt pour cela. Mais je ne veux pas te presser, si tu n'en as pas envie tout de suite, je peux attendre.
— J'en ai envie, s'exclama aussitôt Sherlock. Je rêve de ça depuis des années !
— Alors nous chercherons des appartements à vendre. Nous n'aurons qu'à dire que nous emménageons ensemble car nous sommes bons amis et que je veux vivre seul, proposa William.
— C'est une très bonne idée ! J'irai faire un tour en ville pour voir s'il n'y a pas des annonces d'appartements !
— Très bien, dit William d'un air ravi. En attendant, nous pouvons peut-être poursuivre notre rendez-vous d'aujourd'hui ?
— Oui, mais on devrait sortir et aller dans un hôtel pour... Nous occuper comme nous le voulons, dit Sherlock d'un air entendu.
— Ou alors, nous allons dans ma chambre. J'ai fait installer une serrure sur la porte, à présent je peux la fermer à clé.
William observa longuement Sherlock, alors qu'un sourire étirait les lèvres de ce dernier. Il n'y avait pas de serrure avant, ce qui faisait que tout le monde pouvait entrer dans la chambre de William à n'importe quel moment. Pour cette raison, ils n'avaient jamais rien osé faire ici, mais si la chambre pouvait se verrouiller... Cela changeait tout. Sans attendre de réponse, William se releva et récupéra ses chaussures, pour ne laisser aucune trace de son passage dans le salon, et s'en alla. Sherlock comprit aussitôt où il allait et se dépêcha de le suivre, alors qu'un feu se mettait à brûler dans son ventre, et qu'une nouvelle excitation l'envahissait.
Il suivait son futur époux dans les longs couloirs de sa demeure, il entra dans sa chambre et vit son lit parfaitement bordé, encore vierge de toutes caresses, puis il le regarda fermer la porte à clé, et s'adosser contre. William plongea son regard dans le sien et défit lentement sa chemise, il la laissa ensuite tomber au sol, et l'attira contre lui en passant ses bras autour de son cou. Sherlock l'enlaça, un sourire aux lèvres, et embrassa son cou pour goûter à la douceur de sa peau de pêche.
— Ne me dis pas que tu vas te contenter de ça, demanda William, en passant sa main dans ses yeux pour les défaire.
— J'y vais pas à pas, pour que notre plaisir dure aussi longtemps que possible. J'ai toujours préféré les feux qui grandissent lentement dans leur âtre que ceux qui explosent brutalement.
— Moi aussi, répondit alors William, alors que Sherlock le soulevait par les cuisses.

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