16) Soukoku - @imnot_akane

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- Avant tout, je voulais prévenir que je reprends le groupe Arctic Monkeys. Non pas que je n'ai pas l'imagination d'imaginer un groupe de musique mais que l'idée est partie de là. Alors on peut dire que Chûya et Dazai sont les créateurs de ce groupe ici.-

***

Un bruit monstre parvenait de derrière le rideau d'où se cachait Chûya. Des cris de fans et son partenaire de scène qui lui commandait de calmer sa respiration avant d'aller chanter. Il avait raison. Chûya le savait, mais c'était très compliqué de calmer sa panique alors qu'il ne savait pas combien de personnes se trouvaient derrière le rideau. Et s'ils leur hurlaient qu'ils ne les aimaient pas du tout ? C'était un concert gratuit, après tout. Ils n'étaient pas aussi populaires que les Rolling Stones, bien que leur notoriété commençait à prendre place dans le monde de la musique.
— Nous on va s'installer, on commence par 505, tu viendras quand tu pourras chanter.
Chûya regardait Ryûnosuke, qui remettait son maquillage en place devant le miroir de poche que lui tenait Atsushi.
Ils faisaient un très bon duo à la batterie et au synthé.
C'était grâce à eux que leur groupe était ce qu'il était. Après tout, si Chûya n'avait jamais dit à son cousin qu'il voulait faire partie d'un groupe, ils n'auraient probablement jamais connu cette popularité. Akutagawa lui avait présenté son petit ami, Atsushi avec qui il jouait, qui avait lui-même un ami avec qui jouer. Cet ami, une espèce de momie bandée de la tête aux pieds, avait rejoint leur petite troupe en tant que chanteur. Mais Chûya ne voulait pas se faire voler sa place. Alors une sorte de complicité et de rivalité s'était installée entre eux, ce qui faisait de ce groupe quelque chose d'unique. Deux chanteurs qui chantaient des chansons différentes au son de la guitare électrique de l'un et de l'autre.
Mais ils étaient toujours plus beaux lorsqu'ils chantaient ensemble. Rien ne pouvait le rendre plus heureux que les fois où ils chantaient depuis que son cousin lui avait présenté ce spécimen. Dazai était un homme très taquin, une grande momie couverte de bandages. Il aimait passer son temps à embêter Chûya et à le draguer.
Chûya se rendait bien compte que Dazai l'attirait, bien que ça n'avait pas toujours été le cas, et qu'il l'attirait probablement aussi. Mais il ne voulait en aucun cas le lui dire. Il aimait bien trop cette sensation de flirt pour briser cette sphère. S'il le faisait et que Dazai finissait par se lasser d'un couple, ou bien de lui, il savait qu'il serait bien plus touché qu'il ne le devrait. Tandis que s'ils restaient dans cette ambiguïté, il ne serait pas déçu lorsque l'un d'eux se tournerait vers quelqu'un d'autre.
De plus, leur mise en couple était l'une des choses que leur public attendait le plus. Ils installaient cette relation jusque sur scène, mais n'avaient jamais annoncé sortir ensemble, malgré les nombreuses questions et interviews des journalistes. Leur mise en couple serait comme signer la fin de leur intérêt en tant que groupe.
Dazai posait ses mains sur les joues de Chûya tandis qu'Akutagawa et Atsushi les abandonnaient pour rejoindre la scène discrètement.
— Eh bien mini-pouce, tu paniques, demanda-t-il en rapprochant leurs deux visages et posant son regard dans celui de Chûya.
— Ce n'est pas de ma faute si tu es incapable de ressentir un quelconque signe de stress, je suis un être humain comparé à toi. Pas une machine de confiance en soi, déclara Chûya sans quitter son regard.
— Je prends ça comme un compliment, Dazai approcha son visage délicatement, faisant frôler leurs lèvres, confondant leur respiration. Tu veux que je t'aide à te détendre ?
Chûya posa un regard brûlant sur les yeux de son partenaire. Ses lèvres étaient inévitablement attirées par celles du grand brun. Cette proximité faisait battre son cœur d'une autre manière que le stress qui le faisait paniquer depuis une vingtaine de minutes.
— Je te priverais volontiers de toute respiration si rien ne m'en retenait mais je crois bien que des centaines de personnes nous attendent derrière ce rideau, dit-il presque plus pour lui que pour Dazai.
— Mourir entre tes lèvres serait un honneur.
Chûya esquissa un sourire qu'il ne put retenir. Puis il reconnut le début de leur chanson commencer.
— Je crois qu'on nous attend.
Il attira Dazai, qui s'était redressé, vers son visage et lui offrit un tendre baiser empli de passion. Comme pour le remercier de lui avoir fait penser à autre chose pendant quelques secondes. Puis il partit, devant cette foule de personnes qui hurlaient à son entrée sur la scène. Il commença sa chanson d'une voix d'une douceur qui cassait avec sa personnalité explosive.
— I'm going back to 505...
Il joua de sa douce voix sur le son de la musique créée par les deux musiciens derrière son dos le temps du premier couplet. Puis il fit entendre les cordes encore détendues de sa guitare électrique. Et comme si Atsushi avait compris que Chûya se sentait bien moins angoissé qu'il y avait encore une minute, la batterie se démarqua, lui permettant de gagner d'un niveau dans la chanson. Le public hurlait déjà les paroles sur sa voix. Il se tenait devant le microphone, les paupières closes, concentré au maximum. Il ne devait en aucun cas rater la moindre note vocale, ou musicale.
Mais son attention se dirigea irrémédiablement vers une grande momie qui avait une fois de plus goûté ses lèvres il y avait un instant. Un sourire se dessina de nouveau sur son visage, ce n'était pas la première fois. Il ouvrit les yeux vers les coulisses où Dazai remettait ses accessoires et l'observait avec un large sourire. Cet homme finirait par l'avoir un jour où l'autre.
Dazai portait une chemise blanche volontairement ouverte sur la naissance de son torse. S'y joignaient un jean noir à trous et une veste en cuir noir qu'il avait nouée autour de ses hanches.
Chûya aurait voulu s'imaginer lui arracher ses vêtements, sachant pertinemment ce que Dazai voulait faire, mais il devait se concentrer sur la musique.
La voix du rouquin se fit plus puissante. Il aimait chanter de manière moins retenue. Il n'était jamais très à l'aise lorsque sa voix était l'objet d'une sorte de fanatisme, sur un ton délicat qu'il n'aimait réellement employer que lorsqu'il chantait avec son partenaire en privé.
Il ne chantait pas seulement lorsqu'il fallait enregistrer ou passer sur scène, il utilisait parfois ses vocalises dans son salon, murmurait lorsqu'il était seul avec ses pensées ou bien plus franchement lorsqu'un brun vêtu de bandages se trouvait à ses côtés. Il chantait avec cette voix suave seulement avec lui habituellement. Mais il avait dû se plier à la demande de son producteur, lorsqu'il s'était imaginé inverser les rôles entre Dazai et lui.
Alors lorsque ce passage de la chanson se jouait, il libérait doucement sa voix.
— But I crumble completely when you cry. It seems like once again you've had to greet me with goodbye. I'm always just about to go and spoil the surprise. Take my hands off of your eyes too soon.
Il avait retiré le microphone de son trépied et se baladait sur la scène plus librement. Dazai apparut à son tour et s'approcha. Il se mit à reprendre les dernières paroles en chœur avec lui, le regard plongé dans celui du roux.
— I'm going back to 505. If it's a seven hour flight or a forty-five minute drive. In my imagination you're waiting lying on your side, with your hands between your thights and a smile.
Chûya termina la chanson sur un duo de guitares. Ils étaient assez proches pour donner l'impression de valser ensemble. Dès l'entrée de Dazai sur la scène, la foule s'était mise à hurler de plus belle, heureuse de retrouver le duo réuni sur scène. Leur duo avait formé une bulle de tension sur le plateau. Le public semblait sentir leur complicité depuis leur place, et évidemment que Dazai allait taquiner son Chûya devant des centaines de personnes. Immédiatement après la fin de leur chanson, ils reçurent des cris de tout leur public. Dazai se décida à prendre la parole le premier.
— Bonsoir tout le monde !
Leur public les acclama, une fois de plus, de tout plein de cris.
— Mini-pouce, tu es devenu mal poli, s'interrogea-t-il en se tournant vers le désigné. Un petit bonjour !
— Excuse-moi la momie, je remarquais l'effort vestimentaire de ton grand corps. T'essayerais pas de me copier, à tout hasard ?
Dazai fit une mine choquée. Il l'avait clairement fait exprès pour l'embêter. Chûya portait un jean et une veste en cuir noirs, un t-shirt blanc et portait des chaînes à ses hanches et son chapeau pour accessoires. Tout avait été calculé.
— Comment oses-tu, mon Chûya, penser que je t'ai copié ! Pas une seule seconde cette idée ne m'effleurerait l'esprit, s'exclama-t-il avec sarcasme.
— Oui, bien-sûr, répondit le chanteur avec dédain.
Il croisa les bras. Dazai s'approcha et tendit la main pour la poser sur son visage. Il lui offrit un de ses nombreux sourires charmeurs. Cela sentait la réplique crue.
— Tu préfèrerais me voir sans, demanda-t-il d'un ton chargé de sous-entendus.
Le public s'exclama. Nombre de fans qui n'attendaient que de les voir enfin s'embrasser devant eux après chaque jeu qu'ils se faisaient durant leurs concerts.
Chûya ne lui répondit pas, à la place, il lui offrit un regard entendu. Rentrer dans son jeu. C'était ce que le public voulait, et au fond, lui aussi. Leurs visages se rapprochaient, manquant de se frôler avant que la voix d'Akutagawa n'intervienne.
— Les gars, vous aurez tout le loisir de visiter vos cavités buccales respectives après le concert.
Ils s'écartèrent l'un de l'autre, le public hurla après avoir entendu la voix d'Akutagawa, qu'ils n'entendaient que depuis récemment. Habituellement c'était Atsushi qui prenait la parole, mais il semblait perdu dans un rire qu'il devait absolument contrôler pour ne pas faire saturer les microphones. Dazai ne se retint pas de lui lancer une réplique de ton cru, hors du micro.
Alors la musique reprit sur une chanson que Dazai devait chanter, de sa merveilleuse voix mielleuse. Il prit une petite seconde pour reprendre son sérieux, et coller avec la vibe de la chanson qu'il interprèterait.
- I wanna be your vacuum cleaner, breathing in your dust...
Dazai fixait Chûya profondément. "mI wanna be yours était un condensé de petites phrases de drague qu'il avait sorties à Chûya depuis qu'ils s'étaient rapprochés. Ils se regardaient comme deux amants interdits. Leur attirance l'un envers l'autre se clarifiait de plus en plus. Toutes ces petites déclarations toutes aussi débiles les unes que les autres ne purent empêcher Chûya de penser que cet homme était tout de même assez perché. Qui disait à quelqu'un qu'il voulait être son aspirateur ou sa cafetière? Personne, hormis cet homme qui le faisait tomber à la renverse. Malgré la débilité des paroles aux yeux du rouquin, il y avait une phrase qui lui plaisait énormément. Et la manière que son partenaire avait de la lui prononcer.
— At least as deep as the Pacific Ocean, now I wanna be yours...
Ces treize mots, Dazai les lui dédiaient chaque fois avec une douce caresse dans ses cheveux et un regard d'une douceur incommensurable. Il le jurait, cet homme aurait un jour son âme. Si ces paroles le touchaient autant, c'était parce qu'une fois, Dazai lui a expliqué qu'il avait pensé à lui durant toute l'écriture de cette chanson. Et qu'au moment où il ne savait pas quoi ajouter de plus, les beaux yeux bleus de Chûya étaient apparus au-dessus de son épaule, en train de lire son travail.
Dazai s'écarta doucement de lui et reporta son attention sur le public qui hurlait les paroles à s'en détruire la trachée. Il s'assit délicatement au bord de la scène, et fit signe au rouquin pour qu'il le rejoigne. Chûya s'installa alors à ses côtés. Il sentit son chapeau se lever de sa tête, mais il connaissait assez bien son partenaire pour savoir qu'il venait simplement de le lui substituer. La main de Dazai se glissa sur celle de Chûya à ses côtés et entrecroisa leurs doigts. Décidément, il avait décidé de le faire craquer ce soir.
La chanson de Dazai terminée, Chûya fit signe à leurs amis de continuer directement sur celle qu'il devait enchaîner. Il se releva rapidement et recula pour atteindre le centre de la scène. Dazai voulait le perturber ? Bien il allait lui remettre les idées en place. Évidemment qu'il allait répondre à cet appel à la tentation. Il fit résonner les cordes qui produisirent une musique devenue bien trop connue pour quelques simples notes mais qui firent réagir toute une foule, et même son partenaire. Ce dernier se redressa même pour le rejoindre lentement. Il reposa le couvre-chef volé il y a quelques instants sur la tête de son propriétaire.
— Have you got colour in your cheeks ?
Chûya se perdit instantanément dans ses souvenirs à la seconde où il eut prononcé cette phrase.
Il avait écrit cette chanson il y a quelques mois. Dazai comme lui n'allaient pas très bien psychologiquement. Chûya sortait d'une relation qui l'avait affecté d'une mauvaise façon, et Dazai avait certaines périodes plus compliquées à vivre que d'autres. Ils s'étaient irréprochablement attirés tels deux âmes-sœurs en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire.
Un soir, après un concert particulièrement douloureux, Chûya s'était retrouvé dans une boîte de nuit, sans réellement savoir comment. Il avait assez bu pour en ressentir les effets, mais pas assez pour perdre pied avec la réalité. Son ex petit ami était venu le voir, ayant fait remonter des souvenirs qu'il aurait préférés garder enfouis, et une violente dispute avait éclaté. La police était intervenue et avait appelé Dazai, sur demande de Chûya, pour qu'il le raccompagne.
— Alors mini-pouce, il s'est passé quoi, lui avait-il demandé lorsqu'ils eurent passé le pas de la porte de l'appartement de Chûya.
Celui-ci hésitait à lui en parler. Il aurait eu besoin de soutien. Il voulait que Dazai le serre contre son corps et lui rappelle que toute cette histoire était terminée. Mais il savait que Dazai n'était pas en état de pouvoir supporter un proche dans le besoin. Alors il s'était demandé ce qu'était Dazai à ses yeux.
"Un simple partenaire !" Lui hurlait son immense déni. Mais sa raison lui signalait bien plus qu'un partenaire.
C'était ce soir-là qu'il avait réalisé qu'il aimait cet abruti différemment. Et Dieu, que c'était plaisant !
— Dazai, si je t'embrassais maintenant, comment est ce que tu réagirais, lui avait-il demandé d'un ton empli de doutes.
Dazai pouvait très bien refuser ses avances. Il pouvait lui dire qu'il ne l'aimait pas de cette manière, qu'il n'était pas ici pour ce genre de choses.
— Essaye donc, tu verras bien.
Quelques secondes s'écoulèrent avant que Chûya ne se décide à poser ses mains contre les joues de Dazai, qui se laissa attirer vers le visage du rouquin. Ils déposèrent un doux baiser expérimental sur leurs lèvres.
C'était doux, c'était chaud. C'était apaisant et appétissant. Ce n'était pas parfait, mais c'était harmonieux. C'était un baiser désiré. Il avait le goût de vin rouge et de whisky. Mais il se transforma en un baiser plus profond. Dazai profita d'une respiration pour glisser sa langue contre celle de Chûya et l'inviter à danser. Chûya ne savait pas encore ce que cela signifiait. Mais c'était quelque chose qu'il aimait énormément. Il sentit les doigts fins de son partenaire se cacher dans ses cheveux et au creux de la peau de ses reins, le collant un peu plus à son corps. Ses mains semblaient avoir été créées pour correspondre au corps de Chûya, qui lui répondit par de doux soupirs de bien-être.
C'était cette nuit-là, où Chûya ne voulait en aucun cas décevoir ce partenaire, qu'il avait dévoilé tous ses secrets les mieux gardés. Dazai n'aurait jamais parié que les hanches de Chûya pouvaient danser pour le plaisir de ses yeux. Que sa voix pouvait s'élever pour autre chose que râler ou chanter. Que son corps entier savait exactement ce qu'il devait faire pour être le plus irrésistible possible.
Alors, bien que Chûya ne savait pas vraiment ce que cela signifiait pour Dazai, il avait immédiatement pensé aux paroles de la chanson à présent baptisée Do I wanna know ?. Même la mélodie s'était naturellement créée dans les bras dévêtus de ces bandages que portaient Dazai habituellement. Mélodie qu'il avait fredonnée quelques instants au creux du cou de cet homme, qui s'y était intéressé par la suite. Mais persuadé que Dazai passerait à autre chose dès le lendemain, Chûya n'avait pas dit le moindre mot.
Mais sur scène, Chûya regardait actuellement Dazai, qui lui offrait une expression émerveillée. Une expression que Chûya appréciait tant qu'il se la photographiait mentalement. Il se permit de se rapprocher de lui et de faire lentement glisser son doigt le long de sa mâchoire, alors que Dazai chantait les chœurs.
— Do I wanna know... ?
Dazai glissa entre ses longs doigts une mèche de cheveux rousse.
Chûya fit élever sa voix pour ne pas trahir son déséquilibre.
— If this feeling flows both ways...
La voix mielleuse de Dazai le faisait fondre. C'en était détestable tant il se sentait niais et faible face au charme du brun. Il se promettait de le faire comprendre dès que possible à cette momie enveloppée de papier toilette.

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