18) Choso x Yuki - @milliehanemiya

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Univers alternatif, l'os peut être lu même si vous ne connaissez pas Jujutsu Kaisen.

Le pire dîner de l'année

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Les cinnamons rolls étaient de petites viennoiseries suédoises, des brioches roulées sur elles-mêmes, avec de la cannelle à l'intérieur, saupoudrée sur la pâte avant sa cuisson. Elles étaient devenues très populaires, même au Japon, et à la période de Noël, on pouvait en trouver dans de nombreuses boutiques, et même sur les marchés. Ils étaient toujours là, exposés sur des plateaux derrière des vitrines transparentes, au milieu des pains d'épices et des sablés décorés en père Noël. Même au milieu de l'odeur de sucre et de vin chaud, leur parfum boisé se détachait, et ils avaient toujours l'air appétissants. Choso adorait en manger en hiver, et il avait toujours rêvé d'en faire lui-même pour ses petits frères. Seulement... Il n'avait pas la moindre idée de comment procéder, à vrai dire, il ne savait même pas faire de la pâtisserie. Il savait cuisiner, il y arrivait assez bien, et il se débrouillait toujours pour faire de nouvelles recettes. Mais la pâtisserie était une autre histoire...
Il ouvrit son livre de recettes étrangères, à la page des cinnamons rolls qu'il avait marquée, et lut attentivement la recette. La première étape était de faire une brioche. Bien. Comment faire une brioche ? Et qu'est-ce que c'était ? La pâtisserie japonaise était très différente de celle faite en Occident, alors Choso ne connaissait pas grand-chose la-dessus... Une brioche, c'était un peu comme du pain, non ? Oui, c'était une pâte aérienne, et le pain, c'était aérien, non ? Mais y avait-il du pain en Suède ?! Il n'en avait pas la moindre idée ! Bon, la brioche ce n'était sûrement pas comme le pain en fin de compte, puisqu'elle était sucrée, et le pain non.
Apparemment, dans la brioche il y avait du beurre, du sucre, un œuf, de la farine, et de la levure. De la levure ? Qu'elle était la différence avec la farine ? Ce n'était pas la même chose ? À quoi servait la levure ? Choso gémit et se prit la tête entre les mains. Il n'allait jamais y arriver ! Il était nul ! Il était le pire frère au monde, il n'était même pas capable de faire des viennoiseries pour Noël ! Qu'allait-il faire ? Il ne pouvait pas se rendre au repas de Noël les mains vides...
Ce n'était pas un vrai repas de Noël, puisque ce n'était que le dix-huit décembre, mais tout de même... Choso avait deux petits frères, des jumeaux du nom de Yuji et Ryômen, il était très proche d'eux car il les avait en partie élevés, puisque leurs parents étaient morts quelques années après leur naissance. Leur grand-père les avait éduqués, mais c'était Choso qui s'occupait toujours d'eux, et même aujourd'hui, alors qu'ils étaient presque adultes, il ne pouvait s'empêcher de veiller sur eux. Ils avaient tous les deux vingt ans, Choso en avait vingt-six, et contrairement à eux qui venaient d'entrer à l'université, lui avait déjà terminé ses études depuis un moment. Mais ils vivaient toujours ensemble, leur grand-père était mort, et Choso ne voulait pas abandonner ses petits frères. Et vivre seul ne l'intéressait pas vraiment. Depuis qu'ils étaient adolescents, Yuji et Ryômen étaient très amis avec Megumi, un jeune homme du même âge qu'eux, et ils étaient un peu comme une grande famille. Ce soir, le père de Megumi les avait invités pour un repas de Noël familial, et naturellement, Choso avait aussi été convié. Il refusait catégoriquement d'arriver au repas les mains vides, et il tenait à ses viennoiseries. Il devait les réussir à tout prix, son repas dépendrait de sa réussite. Son destin en dépendait.
Bon, c'était un peu exagéré... Mais il tenait à ces cinnamons rolls, et il était hors de question qu'il fasse son repas de Noël sans ces viennoiseries.
Une sonnerie retentit dans l'appartement, interrompant les lamentations de Choso. Il se redressa, et regarda l'horloge au mur. Ses frères étaient partis retrouver Megumi et Nobara, une autre de leurs amis, aux alentours de treize heures. Or, il n'était que quatorze heures. Il était un peu tôt pour leur retour. Et puis ils avaient les clés de l'appartement, ce ne pouvait donc pas être eux qui sonnaient. Choso se leva en se demandant de qui il pouvait s'agir, et partit ouvrir la porte.
Une jeune femme blonde se tenait sur le pallier de sa porte, elle avait un casque de moto sous le bras, et une veste épaisse pour lui tenir chaud. Ses épaules étaient couvertes de neige, et elle semblait gelée.
— Salut, dit-elle néanmoins avec un grand sourire.
— Salut Yuki, dit Choso en se décalant pour la laisser passer. T'es vraiment venue ici en moto alors qu'il neige ? C'est pas très prudent.
— Je suis une femme courageuse. Ils sont pas là les petits ?
— Non ils jouent dehors.
— Ah super ! J'ai absolument besoin de toi, dit Yuki en retirant sa veste. J'ai aucun cadeau de Noël, et je sais pas quoi offrir.
— Je peux t'aider, mais seulement si tu m'aides en retour, dit Choso en repartant dans la cuisine.
Yuki se dépêcha de retirer ses chaussures, puis elle posa son manteau humide sur un radiateur, et suivit Choso dans la cuisine. Elle était sa meilleure amie depuis quelques années maintenant, ils s'étaient rencontrés dans un bar, où ils avaient travaillé ensemble pour financer leurs études. Depuis ils n'y travaillaient plus, mais ils étaient restés très proches, et Choso considérait Yuki comme une personne de sa famille.
— Pourquoi t'as besoin d'aide, demanda Yuki en arrivant dans la cuisine.
— Je fais des cinnamons rolls, mais je sais pas comment faire.
— Tu sais que je sais même pas faire cuire un steak ?
— ... Mais tu es une femme...
— Pardon, s'exclama Yuki en le frappant sèchement. Toi t'es un homme et pourtant tu pleures devant les films tristes !
— C'était une blague, me frappe pas, dit Choso en essayant de fuir. Et je sais que t'es nulle en cuisine, mais... Peut-être que tu seras plus douée en pâtisserie ?
— Quand je t'ai fait un pancake d'anniversaire, tu m'as dit que c'était un œuf au pancake parce que j'avais trop mis d'œufs, fit remarquer Yuki.
— C'est vrai... Tu peux au moins mélanger la pâte ? Il faut le faire à la main, et moi je peux pas avec mes longs ongles, je veux pas les salir.
— Je suis capable de rater ça aussi, mais je veux bien.
Yuki se lava rapidement les mains, puis elle s'assit sur une chaise en face de Choso, et attacha ses longs cheveux blonds dans son dos. Pendant ce temps, Choso retira le pull qu'il portait pour ne pas avoir trop chaud (il sentait que pâtisser aller lui en faire voir de toutes les couleurs), et mit un tablier. Il sortit ensuite un saladier, et commença à peser ses ingrédients avec minutie.
— Tu as déjà acheté tes cadeaux de Noël, demanda Yuki en le regardant faire. Parce que moi j'ai vraiment aucune idée, et je me disais que ça serait plus simple de le faire ensemble...
— Oui, j'ai déjà la plupart. Ceux qui me restent à trouver sont pour les personnes les moins importantes. Pourquoi tu t'y es pas prise plus tôt ?
— J'avais trop la flemme... Tu as un cadeau pour moi ?
— Peut-être.
— Je suis sûre que non, j'ai fait exprès de ne pas te dire ce que je voulais cette année, dit fièrement Yuki.
— J'ai pas besoin que tu me le dises pour savoir. Je suppose que t'as rien pour moi ?
— Si, t'es le seul pour qui j'ai quelque chose, s'indigna Yuki. Qu'est-ce que tu m'as acheté ?
— Tu te doutes bien que je te le dirai pas.
— T'es pas drôle, soupira Yuki. Je déteste Noël.
— Pourquoi ?
— Il faut faire des cadeaux, s'organiser, faire plaisir aux autres... Et je ne parle même pas des repas de famille interminables, qui finissent toujours avec des disputes.
— J'aime bien les repas de famille, c'est important de passer du temps avec sa famille. Même si c'est vrai que c'est long...
— Tu aimes bien ? Même la partie où on te sort la fameuse phrase « Alors, toujours pas de petite amie ? », demanda Yuki en haussant un sourcil.
— Arrête, j'ai un repas ce soir et je suis sûr qu'on va me le demander... J'essaye de me préparer mentalement à ça..., dit Choso avec dépit. J'hésite à dire que je suis aromantique pour être tranquille.
— Tu auras l'air bien le jour où tu rencontreras quelqu'un, répliqua Yuki d'un air moqueur.
— Au moins je serais tranquille en attendant. Je pense que cette question devrait être interdite.
— Je suis d'accord, dit Yuki d'un air épuisé.
Elle appuya son menton sur sa main, et regarda Choso peser sa farine. Ils étaient tous les deux célibataires depuis de nombreuses années, et à chaque Noël, ils subissaient le même interrogatoire. « Tu n'as ramené personne cette année ? », « Toujours pas de copine ? », « Alors ce grand amour, il arrive quand ? ». Choso endurait cette torture depuis son plus jeune âge... Au départ, c'était son grand-père qui lui posait ces questions, il avait toujours aimé le taquiner sur son absence de relations amoureuses... Et de relations sociales en général. Il pensait qu'il serait libéré de cet interrogatoire digne des enfers après la mort de son grand-père... Mais pas du tout. Il avait commencé à être invité aux repas chez Megumi, et malheureusement pour lui, son père adoptif adorait se mêler de la vie des autres. En particulier de la sienne. Autant dire qu'il se faisait torturer à chaque fois qu'il le voyait...
D'habitude, il se rassurait en disant qu'il n'était pas le seul à subir cette torture. Ses frères aussi la subissaient, tout comme Megumi, Nobara, et tous les invités qui avaient le malheur d'être célibataire. Seulement, Yuji s'était trouvé une petite amie, tout comme Nobara, ce qui faisait deux personnes en moins à torturer. Alors, pour compenser cela, l'attention de Satoru, le père de Megumi, était encore plus focalisée sur Choso et les autres victimes... Choso tenait le coup en pensant à Yuki, qui subissait la même chose de son côté.
Choso soupira en pensant à ce qui l'attendait ce soir, et fit glisser son saladier à Yuki pour qu'elle mélange la pâte.
— Avec un peu de chance, ce soir il y aura un nouveau couple qui attirera suffisamment l'attention de Satoru pour qu'il t'oublie, dit Yuki avec un sourire compatissant.
— Aucun couple n'est suffisamment intéressant pour qu'il oublie de nous torturer. Sauf si Megumi lui présente officiellement quelqu'un...
— Ça va aller, dis toi que c'est juste un mauvais moment à passer. Au pire tu t'inventes une petite amie.
— Je pourrais, oui... Tu veux pas venir avec moi ce soir, demanda soudain Choso.
— Au dîner ?
— Oui ? Shoko, Mei-Mei et Utahime seront là, tu les as déjà rencontrées non ?
— Tu veux aussi qu'on fasse semblant d'être ensemble, demanda Yuki avec un sourire.
— Oh non, non, je ne te demanderais pas ça..., dit Choso, mal à l'aise. Je me disais juste que ça serait plus supportable si on était ensemble...
Il détourna les yeux avec gêne, alors que Yuki lui lançait un regard amusé. Elle remonta ses manches sur ses biceps, puis elle plongea sa main dans la pâte briochée, et commença à mélanger ses ingrédients. Choso la regarda faire en s'asseyant. La pâte était compacte, difficile à mélanger, elle ressemblait à une forme ronde, pleine de morceaux de beurre et de farine, enveloppée dans un filet de blanc d'œuf. Yuki dut utiliser sa force pour la mélanger, si bien que ses veines apparurent sur ses avant-bras. Choso ne put s'empêcher de remarquer cela, et de fixer la manière dont sa main tournait dans le saladier.
En réalité, il avait toujours voulu inviter Yuki à ses repas de famille. Elle était la seule personne qui comptait pour lui en dehors de sa famille, et avec elle, les moments les plus pesants devenaient agréables. Tout était simple à ses côtés, elle se prenait si peu la tête qu'elle n'avait jamais de problèmes, et Choso aimait sa personnalité. Il ne se voyait pas aller à un repas de famille avec une autre personne qu'elle, mais il n'avait jamais osé l'inviter.
Cela pouvait avoir l'air d'un rendez-vous, or, ils n'étaient que meilleurs amis. Choso aimerait bien qu'il y ait un peu plus, mais Yuki n'avait pas l'air d'être intéressée par lui, et il n'avait pas envie de tout gâcher entre eux. Yuki n'avait jamais été en couple apparemment, et même si elle s'amusait à demander aux hommes qu'elle rencontrait quel était leur type de femme, elle ne semblait pas vraiment y accorder de l'importance. En tout cas, elle n'avait jamais sérieusement cherché quelqu'un, et elle avait rejeté toutes les avances qui lui avaient été faites.
— Ça pourrait être cool d'être ensemble, dit soudain Yuki.
— Hein, dit Choso avec surprise.
— Ce soir. Ça serait cool qu'on aille ensemble au repas, et je rêve de voir Satoru te torturer avec ses questions indiscrètes. Et puis on a qu'à dire qu'on est ensemble, ça serait crédible, on se voit presque tous les jours, ajouta Yuki d'un air innocent.
— Tu es sûre ?
— Oui, c'est ce qui me semble le plus simple. En plus ma famille pense déjà qu'on est ensemble, alors ça arrange tout le monde.
— Tu sais que si on dit ça, on ne nous lâchera plus jamais ? Si jamais tu rencontres quelqu'un ça risque d'être compliqué.
— T'inquiète pas pour ça, dit simplement Yuki.
— Tu sais les repas de famille ça fait très officiel. On risque de te poser beaucoup de questions.
— Ça me fait pas peur, et puis j'ai très envie de voir ce fameux Satoru et d'entendre les questions tordues qu'il pose, dit Yuki avec un grand sourire.
— Tu sais qu'il te demandera si on compte se marier, ou si tu es enceinte, demanda Choso avec perplexité.
— J'aurai qu'à dire que j'en suis à deux mois, proposa Yuki avec sérieux.
— Si tu veux, mais tu n'auras pas le droit de manger de sushis dans ce cas.
— Quoi ?! Pourquoi ?!
— Les sushis sont interdits aux femmes enceintes, le saucisson aussi.
— Je serai jamais enceinte, c'est décidé, répondit immédiatement Yuki. Désolée Choso mais on devra adopter.
— Mais moi je veux des enfants qui soient de moi.
— Mais quel égoïste s'indigna Yuki. Désolée, mais je préfère les sushis aux bébés.
— Bon alors tu mangeras des sushis, mais pas au poisson cru.
— Mais c'est les meilleurs !
— Yuki à un moment il faut faire des compromis, tu peux pas tout avoir non plus, s'exclama Choso avec agacement.
— Mais je mange quoi alors ?
— Des sushis végétariens ou à l'omelette !
— J'aime pas ça, y'a que les tiens qui sont bons mais les autres sont ignobles ! Je vais pas venir chez toi à chaque fois que je veux manger des sushis, répliqua Yuki d'un ton vif.
— Yuki, si tu es enceinte de moi c'est qu'on est ensemble, donc on vit ensemble, donc je pourrais te faire tes sushis quand tu en as envie, répliqua aussitôt Choso d'une voix forte.
— Yuki est enceinte, s'écria soudain une nouvelle voix.
Choso tourna aussitôt la tête, tout comme Yuki, et vit que ses petits frères se trouvaient dans l'encadrement de la porte. Ryômen et Yuji portaient encore leurs manteaux couverts de neige, et ils n'avaient pas retiré leurs chaussures. Megumi se trouvait entre eux, il se tenait à leurs épaules, et l'une de ses jambes était pliée, comme s'il s'était blessé. Et Nobara se trouvait près de Yuji, elle était la seule à ne pas être couverte de neige, signe qu'elle avait dû gagner leur bataille de neige dehors. Il ne manquait plus que ça ! Les frères de Choso débarquaient au pire moment de sa conversation, et ils ramenaient un blessé en plus de ça !
— Vous allez avoir un enfant, demanda Nobara avec excitation.
— Mais je savais pas que vous étiez ensemble, s'écria Yuji en lâchant Megumi pour se précipiter vers lui. Depuis quand ?! T'es vraiment enceinte ?! Enfin félicitations ! Choso pourquoi tu m'as rien dit ?! Enfin je m'en doutais, mais quand même ! Je vais être tonton, je vais être tonton ! Oh mon dieu !
— Non, on est pas ensemble, s'empressa de dire Choso alors qu'il rougissait violemment.
Yuji ne sembla pas l'entendre et sauta sur Yuki pour la prendre dans ses bras, les yeux déjà embués de larmes. Il n'allait tout de même pas pleurer ?! C'était tellement embarrassant, Yuji pensait vraiment que Yuki était enceinte, il n'allait plus jamais laisser Choso tranquille. Pire, il était capable de le répéter à tout le monde ! Choso voyait déjà tout le monde débarquer chez lui pour le féliciter, lui demander depuis combien de temps il était en couple pourquoi il n'avait rien dit, et quand arriverait le bébé ! Satoru serait même capable d'arriver chez lui et de lui offrir tout un tas de cadeaux pour son bébé inexistant ! C'était horrible, Choso devait à tout prix empêcher que cette rumeur se propage !
— On est pas en-
— Je suis tellement heureux pour vous, s'exclama Yuji en fondant en larmes. Je m'y attendais pas, c-c'est tellement soudain, j-je pensais pas... Je suis tellement heureux, wow Yuki, ça se voit même pas, tu dois être au début non ? Ça sera une fille ? Un garçon ? Mon dieu c'est tellement bien ! Je vais être tonton ! Je vais être tonton ! Ryô t'entends ça ?! On va être tonton ?
— T'es vraiment en train de pleurer, demanda Ryômen d'un air moqueur.
— Je suis sensible !
— Je vais être tata, dit joyeusement Nobara en fonçant à son tour sur Yuki. Je vais être tata !
— Quoi ? Mais on est pas de la même famille, dit Choso. Et on est pas ensemble et Yuki n'est-
— Attends mais où va dormir le bébé, s'exclama Yuji en se tournant vers Choso. Y'a pas de chambre pour lui ici ! Tu vas déménager ?! C'est trop bien, tu pourras enfin vivre seul ! Tu vas vivre avec Yuki ! Tu seras papa ! C'est trop bien ! Il faut que j'appelle Yuko pour lui raconter tout ça ! C'est incroyable !
— Attends mais ça veut dire que vous avez couché ensemble, demanda Ryômen d'un air incrédule. Genre pour de vrai ?!
— En général c'est comme ça qu'on a un enfant, répondit Megumi, qui s'appuyait toujours sur lui pour tenir debout.
— Je suis tellement heureux pour vous, dit Yuji en pleurant à chaudes larmes.
— Je peux être la marraine, demanda Nobara d'un air empressé.
— Les garçons, calmez-vous, tenta Choso.
— C'est pas ce que vous croyez, dit Yuki en riant.
— Je suis choqué, je pensais que tu l'avais jamais fait avec une fille, dit Ryômen. Je pensais que t'étais trop timide pour ça.
— Je vais être tonton... J'ai besoin de m'asseoir pour me faire à cette nouvelle, je sais pas si je suis prêt mentalement...
— Mais vous avez couché quand ensemble ? Qui le savait ? T'es sûr qu'il est de toi ?!
— Oh mais on s'en fiche Ryô, c'est évident qu'il a une vie sexuelle, t'es pas le seul à en avoir, s'exclama Yuji. On va devenir tonton ! Je suis tellement content pour vous ! Je pensais que ça arriverait jamais, que je serais jamais tonton, entre Ryô qui fait fuir tout le monde et toi qui est si timide... J'avais peur que t'avoues jamais tes sentiments à Yuki et que vous finissiez jamais ensemble, mais en fait vous êtes allés vite ! Je suis tellement heureux...
Choso rougit un peu plus en entendant Yuji parler, et sentit le regard de Yuki se porter sur lui. Yuji ne venait pas de dire à voix haute qu'il aimait Yuki et devant elle, n'est-ce pas ?!
— Je suis soulagé que tu lui aies avoué tes sentiments, dit Yuji avant de se moucher bruyamment.
Et si, il l'avait bien dit. Choso se laissa tomber sur une chaise, dépité, et fixa le vide en se demandant quel serait le meilleur moyen de disparaître. Sortir dehors, se jeter dans la neige et attendre de mourir d'hypothermie ? Ou bien verser du cyanure dans sa pâte de cinnamons rolls et tout avaler ? Ou alors se jeter sur les rails de la gare qui se trouvait près de chez lui, en priant pour que le train qui arriverait n'aurait pas le temps de freiner pour l'éviter. Ces trois solutions étaient les seules que Choso voyait pour se sortir de là. Yuji était en train de lui coller la honte de sa vie et de dévoiler ses sentiments à la femme qu'il aimait depuis des années. Il ne pourrait jamais s'en remettre, la mort était sa seule option.
Yuji essuya ses larmes sans remarquer l'état de détresse de Choso, que Ryômen se mettait à compter les soirs que Choso avait passé seul à la maison, et les fois où il était resté enfermé avec Yuki dans sa chambre, et que Nobara se penchait sur le ventre de Yuki pour voir s'il était déjà rond. Il n'y en avait vraiment pas un pour rattraper l'autre. Mais heureusement, Megumi vit le désespoir de Choso, et l'air surpris de Yuki, et leur vint en aide.
— Vous n'êtes pas ensemble, n'est-ce pas, demanda-t-il avec calme.
— Non, répondit Yuki, alors que Choso continuait de fixer le vide devant lui.
Il donnerait tout pour qu'une bombe tombe sur sa maison et le tue instantanément. Ou bien qu'il soit pris d'une soudaine crise cardiaque et meurt en quelques secondes. Ou bien que par miracle, Yuki perde soudain sa mémoire et oublie ce moment terriblement embarrassant.
— Quoi, dit Yuji d'une voix étranglée, comme s'il venait d'apprendre un véritable drame.
— Hein, mais pourquoi, s'exclama Nobara.
— Je savais que Choso avait jamais eu de relation, répondit alors Ryômen d'un air supérieur. Il n'osait même pas regarder des personnes qui s'embrassent dans un film avec nous.
— Mais alors de qui est le bébé..., murmura Yuji d'un air abasourdi.
— Yuji, il n'y a pas de bébé, dit Megumi.
— Quoi ?!
— Je suis pas enceinte, c'était pour rire, expliqua Yuki.
— Je serais pas tonton ?! Quoi ?!
Je serais pas tata ?!
— Choso m'a juste demandé de l'accompagner à votre dîner de ce soir et je lui ai proposé de faire croire qu'on était ensemble et que j'étais enceinte, expliqua Yuki en recommençant à mélanger la pâte de cinnamons rolls, qu'elle avait abandonnée avec l'arrivée de Yuji, Ryômen et Megumi.
— ... Oh. Oh... Ah... Donc... Donc il... Oh...
— Tu dois avoir mal à la cheville, je vais te faire un bandage, déclara soudain Ryômen en attirant un peu plus Megumi contre lui.
— Attendez me laissez pas seul avec eux, s'exclama Yuji en se précipitant après eux.
— Je viens avec vous, s'écria Nobara.
Ils se levèrent et se précipitèrent après Ryômen et leur meilleur ami, laissant seuls Choso et Yuki. Choso ne réagit pas. Il resta immobile, les yeux perdus dans le vide, sur la chaise vide devant lui. Il écouta distraitement ses frères s'éloigner et partir se réfugier dans la salle de bain. Il n'avait jamais été aussi humilié, dans une situation si embarrassante... Il n'osait plus bouger, tourner la tête, relever les yeux, ni même battre des cils. Sortir de sa paralysie l'obligerait à se confronter à Yuki, et il n'était pas prêt à ça. Il préférait faire la statue et ne pas prendre le risque de voir la réaction de Yuki.
Mais rester ainsi sans rien faire ne ferait que prolonger ce moment de gêne. En même temps, Choso préférait disparaître plutôt que de croiser de nouveau le regard de Yuki. Que pensait-elle de tout ça ? Elle devait être mal à l'aise, après tout Choso était censé être son meilleur ami, il ne devait pas éprouver de sentiments pour elle... C'était tellement gênant...
— Au moins on est sûr d'être crédible ce soir, finit par dire Yuki.
Choso prit son visage entre ses mains pour cacher les rougeurs de ses joues, avant de laisser tomber sa tête sur la table pour se cacher. Cette réaction provoqua le rire de Yuki, qui s'écarta de la pâte de cinnamons et vint l'enlacer par-derrière.
— C'est pas grave, c'était drôle !
— Je vais mourir de honte.
— Mais non ! C'est pas grave si t'as jamais couché avec quelqu'un, je peux t'apprendre si tu veux !
— Yuki, s'exclama Choso en se redressant vivement, les joues rouges.
— Je rigole, dit Yuki en embrassant sa joue. Et puis c'est normal qu'ils pensent qu'on est amoureux, mes amies aussi pensent ça.
— C'est super gênant...
— Mais non, c'est drôle, et puis ça montre qu'on a une bonne complicité ! Tu sais Yuji a tendance à voir de l'amour partout, mais ça veut pas dire que c'est vrai.
Au contraire, Yuji avait le don de voir les couples à venir avant les principaux concernés. Par exemple, il avait dit à Nobara qu'elle allait bien avec sa meilleure amie, et maintenant, elles étaient ensemble. À chaque fois qu'il voyait un couple quelque part, celui-ci finissait par exister, et en général, c'était un couple qui marchait très bien... Mais visiblement, les dons de voyance de Yuji ne marchaient pas sur Choso. Choso préféra garder cela pour lui, Yuki venait presque de le repousser, de le « friendzoner » comme dirait Yuji (Choso n'avait aucune idée de ce que ça voulait dire, mais peu importe). Mieux valait qu'il fasse croire que Yuji avait mal interprété ses sentiments, et qu'il n'était pas du tout amoureux de Yuki.
— Tu as raison, Yuji a tendance à s'imaginer des choses...
— Mais oui ! Il est pas voyant en même temps, il peut pas tout savoir ! Et puis il est un peu fleur bleue, pour lui tout le monde s'aime, dit Yuki en partant se laver les mains.
— C'est vrai...
— Tu veux quand même qu'on dise qu'on est en couple ce soir ?
— Je sais pas. Comme tu veux.
— C'est pas une réponse ça !
— Mais toi choisis, moi dans tous les cas je pourrai pas me sortir de cette situation. Si je ramène une fille à un repas de famille, tout le monde la considérera comme ma future épouse et ça jusqu'à ma mort.
— Je vois, dit Yuki en riant. Je veux bien endosser ce rôle alors, personne ne le ferait mieux que moi.
— Merci, dit Choso, soulagé que Yuki n'ait pas changé d'avis.
— Est-ce qu'il faut bien s'habiller ? Parce que j'ai pas de vêtements de soirée et j'ai pas très envie de repasser chez moi.
— Je te conseille de bien te préparer. Officiellement, y'a pas besoin de se faire beau, mais Satoru se prépare toujours bien, comme ça il peut se vanter toute la soirée d'être le plus beau.
— Ça m'a l'air d'être un drôle de spécimen. Tu peux me prêter des vêtements pour ce soir ?
— Oui mais tu flotteras dedans.
— Ça me dérange pas, j'aime bien porter tes vêtements. On fait quoi pendant que la pâte repose, questionna Yuki en mettant un chiffon sur la pâte cru, qui devait à présent gonfler.
— On déprime ensemble en pensant à notre avenir inexistant, proposa Choso avec sérieux.
Et au râteau que je viens de me prendre, ajouta Choso mentalement.
— Ou alors, on se prépare une petite histoire sur notre couple, comme ça si on nous pose des questions ce soir, on saura quoi répondre, répondit Yuki en venant près de lui pour passer son bras autour de ses épaules.
— Si tu veux, dit Choso sans conviction.
— Super, on va faire ça dans ta chambre, déclara Yuki en obligeant Choso à se lever.

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