3) Fyolai - @little_rinrin

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Sous la neige

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     Le ciel était blanc, le sol aussi : la neige tombait lentement des nuages avant de venir se poser avec délicatesse sur le sol, créant une épaisse couche blanche toute duveteuse. Fyodor regardait ce magnifique spectacle qui lui avait tant manqué, un fin sourire collé au visage. Ses pupilles rouges brillaient. Assis confortablement dans son siège, il ne se détachait pas de ce qu'il y avait derrière la vitre. De la neige, des arbres et quelques maisons par-ci par-là ; la Russie avait un certain charme qu'il n'avait retrouvé nulle part ailleurs.
    Après plusieurs années loin de ses origines, Fyodor avait décidé de revenir dans la grande maison familiale des Dostoyevsky, accompagné de celui qu'il aimait. Il savait que la résidence n'était plus habitée depuis quelques années, sa famille était morte et donc la maison et les terres lui revenaient, étant le seul encore en vie. Nikolaï et lui avaient donc pris un avion à Tokyo avant de monter dans un train. Ils étaient passés par de nombreuses campagnes, tout était magnifique.
    Le train s'arrêta soudain, arrivant dans une petite gare où il n'y avait personne. Reconnaissant l'endroit, Fyodor se leva et prit ses affaires avant de faire signe à son amoureux de le suivre. Ils sortirent du wagon et, tout juste après, le train repartit à toute vitesse, disparaissant au loin. Fyodor sourit doucement et ferma les yeux en sentant l'air glacial frapper sa peau. À ses côtés, Nikolaï enfonça un peu plus sa tête dans le gros manteau qu'il portait. Les mains dans ses poches, le teint pâle et ses cheveux blanc volant au gré du vent, Nikolaï observait son petit ami avec un grand sourire. Fyodor avait l'air heureux, et c'était le principal à ses yeux.
    – On a une vingtaine de minutes de marche jusqu'à chez moi, annonça Fyodor en venant poser son regard rougeâtre sur Nikolaï. Il fait un peu froid, mais ça va aller ?
    Nikolaï acquiesça en souriant.
    – Il n'y aucun problème, le froid ne me dérange pas, s'exclama-t-il joyeusement.
    Il s'avança vers Fyodor et lui prit une main, entrelaçant leurs doigts, avant de les mettre dans sa poche. Cette action eut le don de faire rire Fyodor, qui déposa un chaste baiser sur les lèvres de Nikolaï avant de commencer à marcher. Nikolaï laissa Fyodor le guider : ils partirent de la gare. Ils ne virent aucune route, mais il y avait de nombreux panneaux directionnels. Alors Nikolaï supposa qu'il fallait prendre des chemins pour se rendre chez Fyodor, la neige devait les cacher. Leurs bottes s'enfonçaient dans le duvet de neige à chacun de leur pas, leurs épaules se frôlaient et leurs cheveux volaient dans le vent. Mais, alors qu'ils se retrouvaient entourés de quelques arbres et d'une grande étendue de neige, Nikolaï s'arrêta subitement, lâchant des affaires sur le sol. Il posa sa main libre sur la hanche de Fyodor et il vint le tirer vers lui. Fyodor eut un mouvement de surprise : il sursauta, puis il cligna des yeux en regardant Nikolaï, quelque peu perdu. Il lui offrit un grand sourire.
    – Puis-je avoir l'honneur de danser avec le prince des neiges ?
    Fyodor rougit un instant, l'air perdu.
    – Le prince des neiges ?
    Il pencha légèrement la tête et une mèche de ses cheveux tomba sur le devant de son visage. Nikolaï acquiesça et, dans un mouvement doux, il vint replacer les cheveux de Fyodor derrière son oreille.
    – Ta beauté est envoutante, froide comme la neige, mais aussi resplendissante. La neige est d'un blanc pur, et toi, tu as un charme pur, lui susurra-t-il avant de déposer un baiser sur ses lèvres.
    Les joues de Fyodor rougirent davantage.
    – Alors... Puis-je avoir une danse ?
    – Avec plaisir, répondit Fyodor dans un ricanement.
    Ainsi, les deux jeunes hommes se mirent à danser sous la neige, Nikolaï chantonna, Fyodor sourit. Ils bougeaient avec coordination, les doigts entrelacés, comme si chacun était fait pour être avec l'autre. Les intempéries ne les dérangeaient pas, loin de là. Ils tournaient, valsaient, de droite à gauche et d'avant en arrière. Leur souffle chaud se mélangeait, ils étaient proches, très proches, se collant presque l'un à l'autre. Ils dansaient, encore et encore, de plus en plus vite, mais aussi avec de plus en plus de joie. Le tout sous la neige tombante. Rien d'autre ne les importait si ce n'était eux-mêmes. Puis, au bout d'un moment, ils commencèrent à ralentir. Nikolaï fit un pas, puis un second, avant de venir serrer Fyodor un peu plus contre lui. Il déposa un baiser sur la joue du noiraud avec rapidité puis il le fit tourner avant de le faire se pencher en arrière avec douceur. Fyodor n'était plus que retenu par les bras de son amoureux, leurs visages toujours aussi proches.
    – Je t'aime, murmura Nikolaï avec amour.
    – Moi aussi, répondit Fyodor sur le même ton que lui. Je t'aime aussi.
    Il vint placer ses mains dans les cheveux blancs de Nikolaï, toujours aussi souriant, puis il l'embrassa avec amour. Leur échange dura un petit instant. Nikolaï releva Fyodor afin de répondre correctement au baiser de son amoureux, le tenant toujours par la taille. Leurs lèvres se mouvaient ensemble et leurs langues s'étaient rejointes pour une danse enflammée. Fyodor sentit une agréable et douce chaleur grimper avec lenteur dans tout son corps et il se sentit encore plus heureux. Il dut malgré tout arrêter leur échange passionné.
    Nikolaï fit la moue et Fyodor vint passer ses mains sur ses joues. Il les lui caressa à l'aide de ses pouces.
    – On devrait y aller... La nuit commence à tomber, je ne voudrais pas qu'on finisse le chemin dans le noir...
    Nikolaï acquiesça, puis ils reprirent la route, leurs mains toujours collées ensemble.
    Ce ne fut qu'après un peu plus d'un quart d'heure que le couple arriva face à une grande maison familiale entourée de nombreux arbres : le toit était recouvert de neige et de grandes fenêtres aux volets fermés se situaient sur la façade de la maison. Elle ne semblait pas avoir été ouverte depuis un moment.
    Ils arrivèrent sur le pas de la porte et Fyodor prit les clés. Il déverrouilla la porte avant d'inviter Nikolaï à entrer.
    Les voilà ainsi arrivés dans la résidence Dostoyevsky.
    Un sourire se dessina sur les lèvres de Fyodor alors qu'il regardait autour de lui, c'était un petit sourire. Le parquet grinçait sous leurs pas, les pièces étaient sombres et la maison avait une odeur de renfermé, prouvant que personne n'était venu ici depuis un moment. D'un commun accord, le couple s'occupa rapidement de remettre la maison en ordre : ils ouvrirent les volets, passèrent rapidement l'aspirateur, soulevèrent les quelques meubles qui étaient surplombés de grands draps blancs et ils firent le tour de ce qu'ils possédaient, comme la nourriture notamment.
    Puis, après une bonne heure, ils se posèrent dans le grand salon lumineux. À présent habillé de vêtements plus légers et agréables à porter que son gros manteau, Fyodor vint s'affaler dans le canapé brun, regardant le plafond, tandis que Nikolaï vint s'asseoir à ses côtés.
    – Wow, murmura alors Fyodor.
    Nikolaï lâcha un ricanement et vint enlacer son amoureux, l'entourant de ses bras et le serrant contre lui. Il commença à jouer avec ses cheveux noirs, les caressa et le coiffa. Et le Fyodor ne put que sourire. Il se sentait bien à cet instant précis, comme au chaud, même si la grande maison peinait à se réchauffer pour le moment.
    – Ça faisait longtemps que je n'étais pas venu ici, continua alors Fyodor.
    – Et... Qu'en penses-tu ? Ça te fait plaisir d'être ici ?
    – Tu es là, avec moi, alors oui. Je suis heureux.
    Fyodor sourit doucement et vint embrasser son petit ami avec amour. Il se redressa afin de s'asseoir pour être face à Nikolaï, puis il vint lui prendre les mains, le regardant à présent dans les yeux. Il pouvait voir ses yeux clairs. Nikolaï rayonnait : il avait un grand sourire qui relevait ses pommettes, ses pupilles étaient remplies d'étoiles. Et Fyodor ne pouvait que le trouver absolument magnifique.
    Son cœur battit à tout rompre.
    – J'ai quelque chose à te dire, commença-t-il. Enfin... À te demander, plutôt.
    – Je suis toute ouïe, s'exclama Nikolaï sans s'arrêter de sourire.
    Fyodor se mordit la lèvre inférieure, pourtant toujours souriant. Son cerveau tournait à toute allure.
    Il avait réfléchi de nombreuses fois à comment il pourrait parler de ça avec son petit ami, il avait vu et revu différentes façons d'y parvenir. Et même les conseils de son meilleur ami manipulateur de gravité ne l'avaient pas réellement aiguillé et aidé. Alors, il avait fait un choix simple : il en parlerait à Nikolaï dès qu'il se sentirait prêt. Et aujourd'hui, dans la maison de son enfance, en Russie, le vingt-quatre décembre au soir et accompagné de celui qu'il aimait plus que tout au monde, Fyodor se sentait prêt.
    – Je voulais te demander... Est-ce que ça te dit qu'on vive ensemble ?
    Le cœur battant, Fyodor crut attendre une éternité avant d'avoir la réponse de Nikolaï. Il resta un instant immobile, clignant des yeux cinq fois avant d'avoir une quelconque réaction. Ses yeux s'agrandirent, tout comme sa bouche qui forma un grand O, et il resserra les mains de Fyodor dans les siennes avant de sourire de plus belle. Le genre de sourire qui réchauffe les cœurs, le genre de sourire qui donne envie de sourire aussi – ce que Fyodor ne put s'empêcher de faire en voyant la réaction adorable de Nikolaï. Enfin, il vint serrer Fyodor contre lui, sautillant presque.
    – Bien-sûr que oui, oui et oui ! Je rêve de vivre avec toi depuis looonnngtemps — Nikolaï embrassa chastement Fyodor avant de reprendre — Je prendrais soin de toi, je te chérirai, je te le promets.
    – Je n'en doute pas, murmura alors Fyodor en venant coller son front contre celui de Nikolaï.
    Les deux jeunes hommes restèrent un instant dans cette position, souriant, sentant le souffle chaud de l'autre s'écraser sur ses lèvres. Ce fut un moment des plus agréables. Puis, Nikolaï fondit sur les lèvres douces et sucrées de Fyodor, qui répondit directement à l'échange. Leurs corps se collèrent l'un à l'autre sans attendre. Nikolaï posa ses mains sur ses hanches, le faisant s'allonger avec délicatesse sur le canapé. Il le surplomba de tout son corps, l'embrassant avec passion et amour. Fyodor se laissait totalement faire, le cœur battant à tout rompre. Il vint même placer ses mains sur le torse de Nikolaï, s'accrochant presque à son haut.
    La même chaleur que celle qui était venue lors de leur baiser sous la neige apparut dans son bas-ventre. Il se sentit bouillir sous les baisers et les mains baladeuses de Nikolaï, ne pouvant s'empêcher de sourire contre ses lèvres.
Comme pour Fyodor, Nikolaï sentit la chaleur augmenter un peu plus dans la pièce à chaque seconde. Il finit par se séparer de Fyodor et déposa quelques baisers papillons sur son cou et sa mâchoire.
    – Je t'aime Fyodor, je suis heureux de passer Noël avec toi.
    Fyodor sourit de plus belle.
    – Je t'aime aussi, répondit-il. C'est sans doute le meilleur Noël que j'ai pu passer...
    Puis, en guise de réponse, Nikolaï vint reprendre possession des lèvres de son amoureux avec ferveur.
    La nuit de Noël s'annonça passionnée pour Fyodor et Nikolaï, qui se partagèrent tout l'amour qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre sans retenue.

Calendrier de Noël 2023Où les histoires vivent. Découvrez maintenant