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ㅤㅤㅤ— « 𝐂𝐇𝐀𝐂𝐔𝐍 cherche sa moitié

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ㅤㅤㅤ— « 𝐂𝐇𝐀𝐂𝐔𝐍 cherche sa moitié. »

De l'œuvre, le Banquet.

Aristophane parle du mythe des âme sœurs. Du fait que nous soyons destinés à rencontrer quelqu'un, l'aimer si fort qu'il transcendera tout sentiment qu'on aurait pu ressentir auparavant. Cette théorie concerne les êtres qui seraient à la base androgynes. Des êtres à quatre membres et deux visages.

L'amour est au cœur de toutes choses.

Il a vu naissance bien avant les hommes, et nous en avons pris conscience en venant au monde. Il arrive que cet amour devienne si fort qu'on ne lui trouve pas de limites. Aristophane parle aussi des androgynes qui furent brutalement séparés à cause de la jalousie de Zeus face à ces êtres en parfaite cohésion.

Je m'intéresse de plus en plus à cette légende.

En particulier parce que le diapo' expose le mythe des âme sœurs. Une sculpture aux rêveurs un peu déments qui embrassent l'amour, l'inconditionnel, celui qui ne se consume jamais au point de réduire les cœurs en cendres.

Six heures trente et deux comprimés d'euphytose pour apaiser l'anxiété croissante.

Je démarre la rediffusion du cours de sculpture, installé au milieu de ma chambre, cheveux retenus en un chignon et mes vêtements protégés par un tablier. Je ne m'y étais jamais intéressé auparavant, à l'argile. Puis j'ai pensé à mon cursus universitaire.

Je contemple la statue de deux créatures ailés dans une position romanesque. Je suis fasciné au point de vouloir les dessiner. Je passe sur internet, cherchant une image que je sauvegarde.

Je remplace alors ma peinture par un autre papier épais vierge. Me mordant la lèvre par réflexe, j'ordonne la palette de couleurs terreuses à côté d'une nuance de gris. Mon choix se porte sur un pinceau fin. Et voici la première tâche grise qui dénature la surface immaculée de la toile.

Je répète le geste en jetant des oeillades au mythe des âmes sœurs. De temps en temps, je plonge le pinceau dans la térébenthine, les poils se frottant au silicoil — une bobine au fond de la solution de dilution — pour se débarrasser de l'excès de peinture.

Ma messagerie ne cesse de vibrer sous les incalculables tentatives d'appels de Giselle. Je ne répond pas, mettant le téléphone sous silencieux. Je me sens cotonneux, reconnaissant de suite les effets de mes comprimés. Je risque la damnation éternelle si l'addict que j'étais se faisait prendre.

Je m'en suis sorti ça doit faire quoi ? Deux ans ?

Vive la rechute.

Ils ne savent pas ce que je vis. Je ne peux pas me passer de ces cachets. C'est ma bouée de sauvetage. Sans eux, je serais à la dérive, à couler sous les flots nacrés d'une mer meurtrière. Et j'en ai besoin. Le besoin viscérale d'un havre paisible sans devoir livrer bataille aux démons.

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