Gagnam,
2010 - Dosan Park
Kim Sunoo.ㅤㅤㅤㅤ 𝐋𝐄𝐒 𝐆𝐄𝐍𝐒 peuvent imaginer la difficulté qui s'étend devant moi en tant que jeune adulte. Une condamnation à errer dans les couloirs d'une faculté austère, contraint de subir autorités enseignantes et obligations étudiantes sans fin.
Cependant, heureusement, pour rétablir un semblant d'équilibre dans cette existence chaotique, Dieu créa les compagnons de vie : les amis. Pourtant, à l'époque, avoir des amis n'était pas dans mes priorités.
Il est vrai que lorsqu'on interroge certains ayant déjà été confronté à ces souffrances sur leur attachement aux bancs des amphithéâtres, ils s'empressent de répondre : " Pourquoi j'allais à la fac ? C'est pourtant évident... Les potes bien sûr ! "
La joie de se retrouver en groupe — Non, ça c'est trop simple. C'est plutôt une meute ou même une famille — ensemble capable des plus grands crimes. Les amis sont essentiels car ils assurent divers rôles tels que celui d'être présent lorsque nos peine deviennent trop difficile à supporter, ou encore partager nos rires mais aussi bien pleurer avec nous, nous apportant réconfort et soutien.
Dans mon enfance, je me dissimulais souvent derrière les jupons de ma nounou, couvert d'un voile de morve et le faciès trempé par une flottille de pleurs abondants. Si ce n'était pas elle qui me prodiguait ses soins affectueux alors, c'était dans les bras robustes paternels que je me réfugiais avec ferveur.
À six ans, je n'étais pas tellement grand; pas plus haut que trois pommes. Je restais souvent planté dans mon coin à jouer avec les pans de mon vêtement, la manche trop longue recouvrant même mes petits doigts.
J'étais peu désireux de me salir, déjà conscient du monde rempli de microbes dans lequel je vivais. Je regardais avec dédain, les autres s'amuser dans ce parc immense qui avait bercé mon enfance. Ils avaient, voilà, cette manie de se tacher n'importe comment. Je ne voulais pas les rejoindre.
C'était l'enfer pour moi. Alors oui, je n'avais pas d'amis. Les filles étaient les pires; souvent cruelles à cause de mes grosses joues et du fait que je ne sois pas spécialement beau. J'avais pour habitude de leurs lancer des répliques acerbes, ces insultes que j'avais entendu par hasard de la bouche de notre jardinier.
Au fond, on ne pouvait pas dire que je souffrais de solitude puisque rester seul n'était pas tant une fatalité à mes yeux. Je n'aimais pas grand monde de toute façon.
Toutefois, il y a eut ce garçon, un peu plus âgé que moi que je voyais souvent au parc. Il s'appelait Heeseung et était non seulement plus grand en taille, mais aussi plus fort physiquement. Et jamais une minute ne passait sans qu'il n'en joue. Son activité favorite ? Me mettre dans la poubelle ou glisser des vers de terre sous mon chandail.
Heeseung était bizarre comme moi. Et c'était sans doute la seule chose qui nous reliait dans cette innocence enfantine.
À la fin de la journée, nous finissions toujours de la même façon. Moi en pleure et lui poussant des éclats diaboliques. Moi boudant et lui essayant de s'excuser avec du chocolat au samedi suivant. Et quand bien même je jurais que plus jamais je ne lui parlerais, je restais faible devant ses yeux de bambi.
Un jour, il n'est plus jamais revenu. C'était la première fois que je ressentais l'amertume de la solitude ; elle qui m'avait pourtant semblé être d'une bonne compagnie.
Lorsqu'on atteint un certain âge, il advient que nos géniteurs ne s'avèrent plus suffisants pour combler nos besoins de réconfort. Peut-être aurais-je pu me confier à mon père sur ce sentiment autrefois. Sans conteste, il a toujours représenté celui en qui je peut déverser mes pensées les plus secrètes.
Malheureusement, cela ne dure pas bien longtemps. Oui, parce que vient l'heure de la mutation.
L'adolescence, ô temps béni de tumulte hormonal où fleurit la puberté ! Ceux ayant déjà parcourus le même chemin que moi savent à quel point ce tournant annonce son lot d'aventures. Acné proliférante, fragrance corporelle plus affirmée, sueurs abondantes, voix brisée parfois chevrotante, croissance pilifère massive et éveil sexuel.
Se joignent à ces transformations physiques, nos premières passions amoureuses. Les hormones travaillent sans relâche, bouillonnant dès lors que nait l'attirance pour autrui.
Je me souviens de ce jour fatidique où la révélation s'est imposé à mon esprit, quant à mes penchants amoureux pour le sexe masculin.
Je me situais aux vestiaires après une journée scolaire à la piscine. Là-bas, en toute intimité virile sous les flots d'eau salvatrice, j'avais pu contempler l'aspect angélique d'un de mes camarades. Ce dernier affichait des tablettes lactées exceptionnelles.
Un détail qui me fait constater que moi-même n'a pu franchir le même cap physique et esthétique que les garçons de ma classe. Telle une plume frêle face au roc infranchissable : voilà l'image malheureusement véridique qui symbolise ma condition actuelle.
Cependant — et je sens l'étincelle d'une fierté inextinguible naître dans mon cœur — il serait erroné d'affirmer que mon corps manque d'énergie... Non. Pour sûr, mes bras frêles possèdent une force bien tangible, quoique invisible aux yeux damnés du commun des mortels.
Le taekwondo a forgé en moi, jeune, l'assurance impérieuse destinée aux plus grands conquérants d'empires antédiluviens — ou presque. Ma dépense physique est juste imperceptible à première vue.
Il me suffit de me rappeler toutes ces années pour me dire que l'innocence est précieuse, l'enfance magique, l'adolescence tumultueuse.
Le monde d'adultes, cauchemardesque.
Et quand on grandit, on change.
VOUS LISEZ
Tattoo
أدب الهواةIssu d'une famille aisée, Sunoo intègre une prestigieuse école d'art en Corée du Sud, avec l'espoir de concrétiser son rêve sur les pas de ses ancêtres. Cependant, il est surpris d'y retrouver son meilleur ami, tous deux pataugeant entre addiction e...