Chapitre 2

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Au fil des jours et des semaines, le soleil montait de plus en plus haut dans le ciel. Si le temps était au beau fixe et que la chaleur ambiante faisait du bien aux cultures, le moral de la population ne faisait que pâtir encore et encore de la situation avec la nation de Toxtnam. Jisung s'en rendait compte. Les mines étaient effacées, à peine souriantes. Tout le monde avait un proche parti à la guerre : un père, un frère, un fils, un compagnon, ou même un simple ami. L'Oméga tâchait de toujours être accueillant envers chaque personne venant à la librairie. Les gens cherchaient avant tout du réconfort, voulaient se vider la tête en lisant tout ce qui pouvait passer sous leurs mains. Jisung leur souriait, les conseillait, leur vendait des ouvrages qu'il avait lui-même étudié afin de rendre service aux siens.

La santé de Félix était vacillante. L'anxiété le rongeait constamment, dans l'attente désespérée du courrier de Changbin jour après jour. Le temps que les missives parviennent aux différents villages derrière la ligne de démarcation, l'angoisse pouvait creuser le ventre. Chan s'occupait bien de lui, prenant soin de lui faire les infusions les plus efficaces. Mais il n'était pas rare pour Félix de passer des matinées entières à être nauséeux sans raison apparente. Et Jisung s'inquiétait grandement de son état.

En plus de la situation de son ami qui l'inquiétait, le jeune homme était aussi concerné par sa relation avec sa mère. Cette dernière ne s'était pas présenté à la librairie depuis leur dernière altercation où elle avait de nouveau abordé le sujet d'un potentiel mariage arrangé. L'Oméga n'avait pas changé d'avis. Un mariage non désiré était la pire chose qui pouvait lui arriver. Lui qui rêvait de son coin de paradis, de sa liberté et de son indépendance, être enchaîné à un Alpha qui avait des pensées aussi archaïques que ses parents allait tout simplement signer la fin de sa vie heureuse. Quant bien même le temps aurait adouci ses réticences, le simple fait de se savoir associé à un Alpha inconnu lui donnait des frissons de dégoût. Ce n'était en rien une situation enviable à ses yeux.

A la fin d'une longue semaine, Jisung ouvrit les yeux grâce à la chaleur du soleil tapant sur la couverture de son lit. Il se sentit ébloui par la lumière déjà présente dans la pièce et eu énormément de mal à émerger de ses couvertures. L'Oméga sortit de son nid douillet pour contempler ses appartements, situés au dessus de sa librairie. Il n'y avait qu'une pièce à vivre, de taille modeste, où la couche prenait une grande partie de la salle. Dans le coin près de l'entrée, une cuisine à peine assez grande pour lui, qui sentait bon le romarin et la sauge grâce aux herbes séchées accrochées le long du mur faisait face à une salle d'eau sommaire où il pouvait prendre des bains s'il avait le courage de monter assez d'eau pour les préparer. Jisung soupira en voyant la vaisselle de son repas de la veille encore posée sur la table devant l'une des fenêtres de sa chambre. Il était fainéant ce jour-là et il avait hâte de prendre une journée de repos. Lui aussi se sentait fatigué.

Après avoir prit le temps de se débarbouiller et d'avoir tenté de coiffer ses cheveux à l'aide du minuscule miroir de sa salle d'eau, il fut surpris d'entendre des coups taper sur la devanture de son magasin. Jisung hésita à les ignorer. En jetant un coup d'œil à l'horloge murale, il se rendit compte qu'il avait encore quelques minutes devant lui avant de devoir descendre. L'Oméga décida de continuer à se préparer, nettoyant ses glandes de l'odeur suave et sucrée de framboise avant de sursauter en entendant les coups continuer encore sur la porte d'entrée.

Jisung tiqua. Il abandonna sa salle d'eau en boutonnant son veston de lin. N'ayant aucune idée de qui pouvait bien venir à cette heure-ci, il se pencha dans l'encadrement de sa fenêtre pour voir qui venait si tôt. Devant la librairie se trouvait une carriole ancienne tirée par un cheval plutôt musculeux. Le cocher se curait les ongles et ne daigna pas lever la tête vers lui, aussi il héla la personne pour savoir ce qu'il se passait.

Au Fil de l'Encre (𝑀𝑖𝑛𝑠𝑢𝑛𝑔 + 𝐽𝑒𝑜𝑛𝑔𝐿𝑖𝑥)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant