Chapitre 14

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Les jours furent terriblement long en attendant la première lettre de Minho après son départ de Pyeonan.

La journée où les Alphas avaient quitté le bourg avait été étrange. Le groupe d'amis s'était réfugié dans la maison en haut de la butte, refusant de se lâcher la main ou même un pan de chemise le temps de s'installer tous ensemble dans la cuisine. Félix avait été inconsolable pendant une grande partie de la matinée, les yeux rouges et le nez écarlate à force de se moucher. Ses mains restaient crispées sur son ventre comme si l'enfant qu'il portait était la seule trace encore existante de Jeongin dans son quotidien. Chan semblait peiné par le départ de Seungmin. De ce qu'il en avait vu, Jisung savait bien que les deux s'entendaient bien l'un avec l'autre. Quant à lui...

Son cœur était fendu en deux et la douleur avait pulsé toute la journée. Ce fut Hyunjin, en compagnie de Changbin et de Chan qui cuisinèrent plat lorsque le soleil fut arrivé au zénith. Jisung eu du mal à manger, mais avec Félix ils échangèrent des regards pour se donner du courage lors du repas. S'affamer n'allait pas faire revenir les Alphas plus rapidement, aussi ils mangèrent autant que possible avant de devoir reprendre leurs activités habituelles.

Ce fut la mort dans l'âme que Jisung avait tenu la librairie les jours suivants. L'odeur de Minho était restée vive encore une journée entière avant de commencer à disparaître dans ses appartements. Lorsqu'il était rentré chez lui le lendemain du départ, il avait tenté de retrouver la moindre bribe de pistache quelque part chez lui. Mais rien à faire. L'Alpha était bel et bien parti et il ne pouvait rien y faire. Les journées semblaient fades, sans intérêt. Il n'y avait pas une heure sans que Jisung ne pense au soldat retourné au front, en se disant que Minho pouvait trouver telle anecdote amusante, telle situation hilarante... Le jeune homme comprit en cet instant la terrible force que possédait Félix. Malgré ses apparences fragiles, il avait une puissance de caractère bluffante pour tolérer l'absence de son Alpha à ce point au sein de son foyer. Un foyer qu'il avait bâti de ses mains avec lui, en portant l'enfant de son compagnon dans son ventre. Jisung admirait sincèrement son ami. En quelques jours, lui pensait déjà devenir fou.

Son vague à l'âme n'était pas vraiment discret. Si d'ordinaire, Changbin était plutôt taquin à son égard pour lui remonter le moral, l'Oméga n'eut aucun mot déplacé concernant son histoire avec Minho. Au contraire, il était d'une bienveillance incroyable et semblait réellement peiné lorsqu'il lui faisait signe que non, aucun courrier de Myosoan n'était arrivé ce jour pour lui. Les quelques autres commençants avec qui il s'entendait bien semblaient également s'être rendus compte de son état. Ils n'étaient pas stupides, pour l'avoir vu pendant de longues journées en compagnie d'un Alpha, la rumeur comme quoi le fils Han avait trouvé un compagnon fit le tour de Pyeonan comme une traînée de poudre. N'ayant aucune envie de se battre contre des moulins à vent, Jisung n'avait pas cherché à démentir quoi que ce soit.

Ce n'était pas tout à fait faux de toute façon.

Il restait tout de même le paramètre de sa mère que l'Oméga redoutait plus qu'il n'aurait aimé l'avouer. Elle ne s'était pas présentée depuis l'altercation avec Minho, ne daignant pas descendre dans Pyeonan malgré ses habituelles promenades ordinaires. Jisung ne préférait pas imaginer ce que cette femme complotait et il voulait en rester le plus éloigné possible.

Aussi, il pensait vivre encore une journée longue et en proie à ses pensées misérables lorsqu'il entendit la sonnette de Changbin retentit brusquement. C'était une fin de matinée ensoleillée, le vent était chaud et Jisung avait décidé de laisser la porte de la librairie ouverte pour que l'air puisse circuler dans sa boutique. Aussi, dès qu'il entendit son ami facteur s'approcher de sa porte, Jisung bondit sur ses pieds et se précipita à l'entrée. Changbin venait à peine de poser un pied au sol et l'observait avec un sourire qui voulait tout dire. Et ce fut une réelle torture d'attendre les longues secondes où son ami tria les lettres sous ses yeux pour les lui donner. La première de la pile portait son nom calligraphié dans une écriture qu'il ne connaissait que trop bien.

Au Fil de l'Encre (𝑀𝑖𝑛𝑠𝑢𝑛𝑔 + 𝐽𝑒𝑜𝑛𝑔𝐿𝑖𝑥)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant