Au Fil de l'Encre (𝑀𝑖𝑛𝑠𝑢𝑛𝑔 + 𝐽𝑒𝑜𝑛𝑔𝐿𝑖𝑥)

Chapitre 6

Quelques jours après son altercation avec sa mère, Jisung n'arrivait pas à se détendre après sa longue journée de travail. Il n'avait pas encore eu le temps de répondre à Minho, et il espérait sincèrement que ce dernier ne s'impatientait pas de recevoir un colis. L'Oméga avait prit le temps de rendre visite à Félix pour obtenir une bonne recette de gâteau sec avec de la confiture. Il avait également prit la peine de préparer des amandes sèches ainsi que des zestes de citron confits pour les envoyer avec le livre au soldat. Le jeune homme avait déjà écrit plusieurs brouillons pour répondre à Minho, mais la situation avec sa mère lui avait gâché la vie depuis leur dispute impromptue.

Bien malgré lui, il avait passé un bon moment dans la salle d'eau à se laver la veille de la consultation. Jisung avait écouté le conseil de sa mère, il n'avait pas envie d'indisposer Hyunjin si ce dernier était amené à l'ausculter. Il ne s'était pas senti malade depuis la grippe qu'il avait attrapé deux ans auparavant, qui l'avait conduit à resté coucher et à geindre dans son nid pendant toute une semaine. La seule bonne âme encore immunisée contre la maladie pour l'avoir attrapé la saison précédente était Félix, et l'Oméga avait conscience qu'il devait probablement la vie à son ami. Sans lui, il aurait certainement fini par mourir de faim et de froid.

Après une nuit terriblement courte, clairsemée de cauchemars de toute sorte et l'épuisement général de son corps, Jisung se prépara pour son rendez-vous chez le médecin. Sa mère lui avait envoyé un mot par son servant, indiquant qu'elle viendrait le chercher assez tôt pour être certaine qu'il ne se défile pas. Le jeune homme n'avait aucune envie qu'elle fasse une scène devant les autres commerçants de la rue, aussi il n'avait envoyé aucune réponse, se contentant de répondre au servant qu'il serait prêt à l'heure dite. Sans appétit, il mangea un bol de gruau avant de finir de boutonner son veston et d'enfiler ses chaussures. La mort dans l'âme, il prit le temps de relire ses brouillons qu'il comptait mettre à profit pour écrire un courrier digne de ce nom à Minho. L'idée de pouvoir communiquer avec le soldat lui remontait le moral, il devait bien l'admettre. Il ne savait toujours pas pourquoi il avait été autant sur la défensive à propos de cette lettre qu'il voulait cacher à sa mère. Dans le fond, il ne faisait rien de mal.

Mais il était certain que sa famille n'approuverait en aucun cas un échange avec de la simple piétaille plutôt qu'avec un Alpha qu'ils qualifieraient de respectable.

Lorsqu'il entendit les sabots d'un cheval fouler les pavés, ainsi que le grincement sinistre d'une calèche, Jisung soupira et abandonna ses affaires pour quitter son logement. Il prit le soin de le fermer à double tour et descendit les escaliers. Le soleil était déjà haut pour la matinée et l'Oméga eu le déplaisir de bel et bien trouver la calèche appartenant à sa famille stationnée devant la porte de sa boutique. Il salua le cocher d'un geste de la tête et posa son regard sur sa mère assise dans le véhicule. Les lèvres serrées, la robe en mousseline bleue lui donnait un air de nuage bien trop coloré. Il ne fit aucun commentaire sur sa tenue et ouvrit la porte de la calèche où était gravé le dragon et le lotus pour grimper à l'intérieur.

« Bonjour Mère. » lança t-il avant de s'asseoir à côté de celle-ci et de claquer la portière derrière lui. « Comment allez-vous ? »

« Je vais très bien. » répondit-elle d'un ton sec qui ne donnait aucune place au dialogue.

Jisung se contenta alors de se taire. Le cocher claqua sa langue et les rênes sur la croupe du vieux cheval pour se mettre en route. Sa mère ne descendait jamais en ville à pieds pour plusieurs raisons. La principale était bien entendu qu'elle n'appartenait pas à la populace et qu'il aurait été probablement inconvenant pour une dame de l'aristocratie de souiller ses souliers sur les mêmes pavés que les villageois. La seconde était que le manoir était à une bonne distance sur les hauteurs de Pyeonan et que même un bon marcheur pouvait mettre de longues minutes pour relier la demeure au centre du village. L'Oméga se contenta de croiser ses mains sur ses genoux, la bouche close pour ne provoquer aucune dispute contre sa mère. Il ne voulait pas la provoquer et n'avait pas non plus envie de se laisser faire. C'était paradoxal. Heureusement qu'il connaissait bien Hyunjin, car sinon il aurait bien plus angoissé qu'il ne le faisait déjà.