Au Fil de l'Encre (𝑀𝑖𝑛𝑠𝑢𝑛𝑔 + 𝐽𝑒𝑜𝑛𝑔𝐿𝑖𝑥)

Chapitre 18

Après les longues chaleurs qu'il avait subit, le retour à la réalité prit du temps pour Jisung.

Le lendemain, il prit le temps d'aller visiter Changbin chez lui assez tôt le matin, avant que le facteur ne parte en tournée pour livrer ses lettres. Son ami semblait ravi de le voir bien portant et enfin debout. Bien qu'il le conspua pour avoir maigrit pendant ses chaleurs, l'Oméga était souriant et bienveillant envers lui. Jisung retourna ensuite à la librairie afin d'y récupérer le colis pour Minho et le déposa au bureau des postes avant la levée du matin. Il espérait que son paquet ferait son voyage sans encombre, il ne pouvait pas imaginer la réaction d'un régiment entier d'Alphas si la fiole éclatait à la réception du colis.

Jisung passa ensuite toute la matinée à nettoyer sa librairie et à remettre en place l'entièreté de sa boutique. Il nettoya avec application le tabouret légèrement tâché sur lequel il était assis lorsque ses chaleurs se sont déclenchées et fit les poussières partout où il pouvait. Il contempla avec une satisfaction non dissimulée la librairie parfaitement propre et prête à recevoir de nouveaux sa clientèle. Malgré la faim qui tiraillait son ventre, le jeune homme ouvrit sa boutique sans attendre.

Lors de son absence, Changbin avait eu la gentillesse de réceptionner les commandes qu'il avait passé aux villes voisines pour approvisionner ses rayons. Il ne pu s'en occuper directement, car Jisung fut surpris de voir passer quelques clients habituels venus prendre de ses nouvelles. Profondément touché, l'Oméga prit le temps de discuter avec eux pour entrecouper son rangement. L'été était encore bien présent, et la chaleur était désormais supportable même lorsque le soleil atteignait le zénith.

Alors que l'heure du déjeuner était déjà passée depuis longtemps, Jisung fut très heureux de voir surgir sur le palier de sa boutique deux silhouettes familières. Il reconnu sans peine ses amis Félix et Chan, tous les deux habillés dans des vêtements propres de toute terre et de leurs éternels sourires. Le regard de l'Oméga fut aussitôt attiré par l'arrondi du ventre de l'herboriste. Ses phéromones avaient beau avoir disparu en grande partie dans son corps, il restait quelques traces qui stimulaient son envie de materner un petit être rien qu'à lui.

« Quelle bonne surprise ! » s'exclama t-il en voyant ses amis passer le palier de la boutique. Jisung se rendit compte que le Bêta portait un panier en osier fermé dans une de ses mains. « Vous allez bien ? »

« C'est à toi qu'il faut poser la question. » répondit Félix en s'approchant de lui pour venir sentir son odeur. Le libraire sentit son cœur s'apaiser lorsque le délicieux parfum de myrtille s'étala sur sa langue. « ça n'a pas été trop difficile ? Tu as tenu bon ? »

Le mensonge n'était pas vraiment ce que Jisung préférait. De toute façon, ce terrible épisode était désormais de l'histoire ancienne et le jeune homme avait réussi à s'en sortir. Il hocha la tête et attrapa les mains de Félix pour les serrer entre les siennes. Son ami semblait réellement concerné et inquiet après cette période de souffrance endurée.

« ça a été, sincèrement je pensais que tout allait être bien plus compliqué. » confia Jisung en hochant la tête. « Je n'ai pas vécu mes meilleurs instants, je ne vais pas te mentir, mais c'était tolérable. »

« J'aurais voulu passer te déposer quelques plantes pour te faire des infusions. » soupira Chan non loin d'eux après avoir déposé son panier sur le comptoir de la librairie. « Félix a eu le dos coincé pendant deux jours, il ne pouvait pas descendre, et Hyunjin m'a déconseillé de venir. »

« Ah ? » s'étonna l'Oméga, l'air perplexe « Pour quelle raison ? »

Ce n'était un secret pour personne : l'odeur d'un Oméga en chaleur était terriblement tentante et séduisante. Jisung pensait sincèrement pourtant que les Bêtas n'étaient pas si sensibles que ça à ce dégagement de phéromones. De plus, il avait une confiance aveugle en Chan. Il savait que jamais son ami n'aurait essayé de se glisser plus proche de lui même pour apaiser ses souffrances. D'ailleurs, l'herboriste semblait très embarrassé.