Les adieux

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- Alors c'est fini. Tu m'abandonnes. Tu vas me laisser tout seul ici.

Amandine et Francesco étaient sur le perron. La lumière du soleil les aveuglait, et la brise caressait légèrement leurs visages. Amandine n'osait pas regarder son cousin dans les yeux.
Lui, en revanche, posait un regard insistant sur elle, comme s'il voulait l'avaler toute crue.

Francesco, était sûrement son plus grand soutien et son plus grand confident. Il était plus un frère qu'un cousin. C'était un très beau garçon, ses cheveux brunis avec le temps concorder parfaitement avec son teint légèrement bronzé. Il avait des yeux d'amandes, qui brillaient en permanence telles deux émeraudes. 

Mais malgré sa beauté étincelante, la nature ne lui fit pas de cadeau. En effet, il contracta une maladie des poumons et du cœur assez sévère dès l'enfance. Les médecins lui conseillèrent de ne pas s'épuiser, donc il effectuait tous ses déplacements en fauteuil roulant. Néanmoins, grâce à un traitement précis, il vécut jusque-là sans complications, même s'il passait énormément de temps dans de nombreuses institutions qui se prétendaient miraculeuses, mais sans jamais un seul résultat.
Il s'était longtemps senti exclu à cause de sa maladie. Il ne l'avait certainement pas choisie, mais elle lui faisait souvent défaut. Il l'avait l'impression d'être trop différent des autres. Il ne pouvait pas, comme tout jeune homme de son âge, aller à la chasse, se battre ou courir dans les bois.
La solitude le gagnait souvent et il se refermait sur lui-même. Il se savait également une charge pour ses parents, ce qui n'arrangeait rien.

Mais heureusement Amandine était là pour lui. Elle était toujours présente dans les bons moments, comme dans les mauvais. Elle lui apportait sa dose d'espoir quotidien. Elle avait le pouvoir de lui donner confiance en lui. Lorsqu'il était avec elle, rien n'était impossible.
Elle était la sœur qu'il n'avait jamais eue.
La mère qui ne s'était jamais occupée de lui.

Il prit confiance en lui avec l'âge et aujourd'hui, c'était un jeune homme accompli, qui non sans difficulté, accepta sa différence.
Il comprit qu'il n'avait rien à envier à personne. Sa différence faisait de lui qui il était. Il ne pouvait pas la changer alors autant l'accepter et vivre avec, plutôt que de la subir.

Cependant, ces derniers mois, on pouvait noter une certaine dégradation de son état. Il était de plus en plus faible, avait le teint blafard, maigrissait à vue d'œil et perdait ses cheveux par poignet.

Cette nouvelle tombée vraiment mal. Amandine s'en voulait terriblement de l'abandonner. Elle ne savait pas ce qu'elle ferait sans son soutien, et lui sans le sien. Ils étaient complémentaires et n'avaient même pas besoin de se parler pour se comprendre. Un regard suffisait.
C'était ça le véritable amour fraternel. Ne pas avoir besoin d'exprimer ses peines puisque l'autre les ressent déjà.

Le temps commença à changer progressivement. D'immenses nuages noirs commencèrent à cacher la lumière éblouissante du soleil. La brise s'était transformée en un vent qui s'intensifiait de plus en plus. Les feuilles des arbres commençaient à s'accumuler sur la cour. L'air était lourd. L'orage et la pluie n'allaient pas tarder.

- On devrait rentrer Francesco, le temps se gâte... dit Amandine avec une petite fêlure dans sa voix.
Elle se retenait de ne pas pleurer.
-Non. On ne rentre pas. Amandine, je veux savoir. Pourquoi l'as-tu accepté ?

Francesco avait un regard grave. Mais sous cette air impassible, Amandine remarqua que, même s'il tenait avec fermeté les accoudoirs de son fauteuil, ses mains tremblaient de nervosité.

La Première Dame Où les histoires vivent. Découvrez maintenant