Le château

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Amandine sonna au moins une dizaine de fois sur la clochette, mais personne ne vînt l'ouvrir. Elle était plantée devant ce portail aux barreaux de fer rouillé, et hésitait à entrer. Enfin, en réalité, elle n'éprouvait aucun doute, mais elle ne voulait pas y aller. Cela marquerait le pas symbolique d'une nouvelle vie qu'elle redoutée plus que tout.
Pourtant, elle n'avait pas le choix, il fallait bien se lancer.
Elle n'eut pas à pousser très fort les portes grinçantes du portail qui étaient déjà entrouvertes. Elle fût surprise de voir que, pour la demeure d'un premier ministre, la sécurité était quasi inexistante.

Amandine se doutait bien que pour un homme de son rang, M.Mollet devait possédait l'une des plus belles demeures du royaume, mais elle ne s'attendait pas à ça. Elle ne l'imaginait pas si féerique, si fantastique, si magnifique.

Les jardins étaient jonchés de fleurs de toutes sortes et de toutes couleurs, le tout représentant un petit arc-en-ciel. Les buissons étaient parfaitement taillés, au millimètres près, révélant ici et là des figures d'animaux. La fontaine qui se tenait au centre, juste en face du château, ruisselait d'une eau qui paraissait pailletée grâce au soleil. Amandine y plongea ses deux mains pour s'hydrater, et dû s'avouer qu'elle n'avait jamais bû une eau aussi fraîche.
Au loin on pouvait apercevoir un kiosque qui semblait surgir d'une rivière. Une barque était mise à disposition pour s'y rendre.
On pouvait trouver dans les angles, des statuts de pierre blanche, abîmées par le lierre, qui représentaient des divinités grecques.
L'odeur qui émanait de cet endroit était délicieuse, et pour cause les arbres fruitiers étaient nombreux. Cerisiers, abricotiers, pommiers, poiriers et figuiers se confondaient pour dégager un doux parfum.
Amandine qui n'avait rien mangé depuis plusieurs heures ne se génât pas pour cueillir un abricot, le plus sucré et juteux qu'elle n'avait jamais goûté.

Enfin, non loin d'une statue en ruine, se tenait une cage à oiseaux d'une taille titanesque. Ces merlebleus pouvaient au moins se compter par centaine ! Ils paraissaient assez agités, à voler dans tous les sens, mais leurs chants agissaient comme une douce berceuse pour les oreilles. Cet endroit était tout simplement surréaliste. Le château de son oncle donnait la sensation d'être un petit cottage à côté de ça ! 

Amandine s'engagea en direction de la bâtisse qui était en surélévation par rapport à son jardin. Elle dû monter de nombreuses marches en pierre, avant d'atteindre la porte d'entrée laquée d'or. Lorsqu'elle se tenait juste devant, elle avait l'impression de devenir aveugle.
Elle s'empressa de toquer.
Un, deux, trois coups.

Son cœur n'avait jamais battu aussi vite. Elle se mit à rouler ses pouces dans tous les sens et à balancer son corps de gauche à droite, d'avant en arrière, afin de contenir son angoisse. Le moment se rapprochait de plus en plus. Il était presque palpable lorsque quelqu'un venait de lui ouvrir.

La respiration d'Amandine se coupa un instant.
Mais, elle reprît son cours normal lorsqu'elle réalisa qu'il s'agissait juste d'une servante. Elle lui fît une élégante révérence, tel un paon.
Amandine qui n'arrivait jamais à tenir en équilibre en faisant ce geste, fut quelque peu envieuse face à la grâce de cette servante.

- Oh, bonjour mademoiselle Aubry ! Nous vous attendions ! Oh, je suis terriblement désolée, personne n'est venue vous accueillir. Mais, je vous en prie, entrez. Laissez-moi prendre vos bagages. Oh, mais vous n'avez pas de bagages ? Euh, une minute, vous êtes bien mademoiselle Aubry ?

Amandine ne pût retenir le petit rire qui lui échappa :

- C'est bien moi, oui.
- Ah parfait, je vous en prie, entrez, dit-elle soulagée.

La servante l'invita d'un geste de la main.

Amandine fût une nouvelle fois subjuguée. L'intérieur du château était tout aussi éblouissant que l'extérieur. On est accueilli dès lors par la vision de l'interminable escalier en colimaçon, vêtu d'un épais tapis rouge. Au devant de chaque porte se trouvait deux grandes colonnes de pierre taillé, qui vous rappellent les temples majestueux d'Athènes. Leurs encadrements étaient en bronze, et les larges vitres laissaient entrer le soleil, qui doré encore davantage la pièce. Les plafonds peints représentaient des épisodes religieux avec des anges et des dieux. De là, étaient suspendus des chandeliers de cristal dont les diamants qui s'entrechoquaient entre eux créent de légères vibrations.

La Première Dame Où les histoires vivent. Découvrez maintenant