Cœurs en guerre

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Il s'est promis qu'il ne ferait pas ça.

Il a remporté le Grand Prix de Singapour, franchissant la ligne d'arrivée 7 secondes avant les deux autres voitures et avec une Ferrari difficile parvenant à peine à obtenir une P5. C'était censé être magique, des feux d'artifice partant derrière lui, la foule passionnée criant son nom, le rugissement des moteurs faisant trembler le sol. Et ce fut pendant un petit moment, jusqu'à ce que son cerveau se souvienne qu'il était seul.

Ils ne s'étaient même pas dit un mot depuis l'appel téléphonique. Peu importe ce qu'il entendait des autres, Lewis s'est promis qu'il ne croirait pas que son ami - c'est ce qu'ils étaient - l'utilise de cette façon. Évidemment Sebastian viendra vers lui et lui expliquera pourquoi la rumeur numéro un dans le paddock était qu'il était allé voir Mercedes (lui) pour forcer Ferrari à lui proposer un meilleur contrat. Ce n'était pas vrai.

Eh bien, c'est ce que pensait Lewis jusqu'au début de la course. Jusqu'à ce qu'il voie enfin Sebastian, riant avec Kimi, et Daniel, l'air heureux, confiant dans la voiture. Sauf que lorsque leurs regards se croisèrent, pour la première fois depuis ce matin où Sebastian l'avait quitté, la confiance fut remplacée par autre chose. Quelque chose d'inconnu, d'étranger, comme s'ils se regardaient pour la première fois et Sebastian n'était pas sûr de pouvoir faire confiance à cet inconnu. Puis il détourna le regard, rapide, contrôlé, s'éloignant plus loin dans la voie des stands, plus loin de Lewis.

Alors oui, il n'a pas tenu sa promesse. Il a utilisé chaque respiration, chaque larme, chaque souvenir pour gagner la course. Il a sauté sur sa voiture, il a fait la petite danse stupide et s'est jeté dans les mécaniciens prêts à le rattraper. Lewis a su jouer le jeu, tout sourire aux journalistes, taquinant les deux autres pilotes, et consacrant toute son attention aux fans, ils feront le reste. Son nom sera la seule chose qui sera écrite dans les journaux après ce soir.

Sebastian se dirigea vers le stylo des médias sans le féliciter, ni le maudire d'être plus rapide. Il n'a même pas jeté un coup d'œil, même après que Lewis se soit arrêté pour le chercher. Mais il l'a vu, il a vu la colère en dessous, il a vu que Sebastian savait qu'on n'avait pas besoin de lui, que Lewis survivrait avec ou sans lui. Et il n'avait pas fini. Il ne fallait pas jouer avec Lewis Hamilton.

Dès qu'il en eut fini avec les gens autour de lui, il s'éclipsa. La bouteille de champagne était désormais vide, il était éméché mais pas ivre et c'était suffisant pour le laisser perdre. Sa peau était électrique, il voulait plus de réaction et il allait l'obtenir. Il était temps de retrouver son sang-froid, Sebastian voulait le combattre une fois, maintenant c'est son tour.

Il s'est glissé derrière les unités d'accueil du paddock, personne ne pouvait le voir ici même s'ils essayaient, la plupart des pilotes ne savaient même pas qu'on pouvait les utiliser, sauf celui qu'il recherchait. Alors qu'il s'approchait du bâtiment très lumineux et très rouge, il aperçut justement la personne qu'il cherchait. Lewis ne pouvait pas arrêter son sourire narquois même s'il essayait.

Sebastian le vit, pendant une seconde il eut l'impression qu'il savait que Lewis arrivait. Il fit une grimace que l'on ne pouvait qualifier de désagréable, baissa les yeux sur le costume de Lewis qui pendait toujours autour de sa taille, il n'avait pas eu le temps de l'enlever. Lewis lui rendit son sourire narquois et lui envoya un clin d'œil.

"Quoi, tu ne vas pas dire félicitations ?" Cria-t-il fort, faisant se retourner Sebastian paniqué. Personne ne les entendait, la musique était trop forte et le bruit trop élevé, mais la peur d'être découvert était néanmoins réelle et Lewis allait en profiter à chaque seconde.

Sebastian se tenait là, un froncement de sourcils accompagné de sourcils froncés. Oh, il était en colère contre lui, comme c'était mignon. Vêtu de vêtements décontractés sans une goutte de rouge, il ne ressemblait en rien au pilote super star qu'il était.