Ouh la la.... Je viens de finir ce roman atroce et merveilleux à la fois. Je préviens, âmes sensibles s'abstenir et cet avertissement n'est pas à prendre à la légère.
Le bébé est mort. Ce n'est pas du spoil, ceci est la première phrase du roman. C'est l'histoire de Paul et Myriam avec leur deux enfants qui décident d'engager une nounou afin que Myriam puisse recommencer à travailler (elle avait arrêté pour s'occuper de ses enfants). Ils vont engager une nounou du nom de Louise qui va très rapidement leur devenir indispensable et un cercle vicieux de dépendance mutuelle va s'installer.
Ce roman inverse les codes du roman policier en nous révélant la fin, le punch, dès le début. On sait dès le départ que Louise va tuer les deux enfants dont elle a la garde. Par conséquent, on ne lit pas pour savoir ce qu'il va se passer avec cette nounou étonnamment parfaite, mais pour voir à quel moment cela va déraper. Ce roman est une fouille psychologique. En connaissant le dénouement de cette histoire on fait attention à tous les petits trucs un peu bizarres que la nounou fait et ça rajoute vraiment une couche d'horreur et de peur.
Bien qu'on ait le point de vue de diverse personnage, le livre se concentre beaucoup sur Myriam et Louise. Myriam est une femme au foyer (qui avait choisi de l'être, je précise) qui adore ses enfants, mais qui a l'impression que sa vie ne résume plus que par eux. Son mari, Paul est producteur de musique et rentre très tard ce qui fait qu'elle est seule la plupart du temps pour s'en occuper. Il est intéressant aussi de voir que l'autrice n'a pas diabolisé Paul. Paul est un mari certes occupé, mais qui malgré tout a beaucoup d'amour et de tendresse pour sa femme et ses enfants. Cependant, les désirs de sa femme de reprendre le boulot vont le perturber et occasionner des tensions. Il n'est pas tout a fait contre, mais il aurait tout de même préféré que sa femme reste à la maison. C'est intéressant car cela montre bien que même de nos jours, les relations hommes-femmes ne sont toujours pas tout a fait égalitaires.
Toujours est-il, que c'est pour cette raison qu'il vont se mettre à la recherche d'une nounou et qu'ils vont embaucher Louise. De la même façon que l'autrice n'a pas diabolisé Paul, elle n'a pas non plus diabolisé Louise, qui pourtant sera la meurtrière. Tout au long du livre, on nous fait comprendre qu'elle a eu une vie très difficile, qu'elle a vécu des choses horribles et que son niveau de vie est loin d'égaliser celui de Paul et Myriam. Elle est, en effet, payer très peu, habite un tout petit studio et fait des kilomètres et des kilomètres de transports en commun pour venir chez eux. Elle a des problèmes d'argent, a eu un mariage malheureux et une relation difficile avec sa fille et le livre laisse même sous entendre certains troubles mentaux. Évident, tout cela n'enlève rien à l'horreur de l'assasinat des deux enfants, mais cela nous fait ressentir malgré tout une sorte d'empathie très troublante envers elle.
Il est également intéressant de savoir que cette histoire est inspiré d'un fait réel qui s'est déroulé à New York où une nounou a également tués les deux enfants dont elle avait la charge. Désolé pour ceux qui se rassurait en ce disant que ce n'était qu'une fiction. Je n'en dirais pas plus dans cette critique, donc si cela vous intéresse aller sur le web vous informer.
Précisons également que l'autrice a écrit ce livre pendant sa grossesse ce qui est assez perturbant. L'autrice l'explique en disant que ce qu'elle a ressenti en premier lorsqu'elle a tenu son bébé dans ses bras, ce n'est pas la joie, l'amour ou le bonheur, mais la peur. La peur qu'on au fond toutes les mères, de ne pas arriver à protéger son enfant, de le voir mourir ou lui arriver un malheur sans être capable de le protéger.
La frontière entre les relation professionnelle et les relations personnelles sont également très floues avec une nounou. C'est une personne qui entre dans notre intimité, qui garde nos enfants et qui, si on pense bien, connait tout de nous sans que l'on connaisse grand chose d'elle. Grâce à Louise, Myriam va de nouveau s'épanouir dans son travail d'avocate, retrouver cette liberté qu'elle avait perdue et revivre avec Paul l'amour de leur début. Ils vont dîner au resto, faire la fête, aller voir des amis, parler d'autre chose que des enfants et cela illustre bien aussi à quel point maintenir son couple avec les enfants au milieu peut être compliqué. Ils vont tellement aimé leur nouvelle vie que même lorsqu'ils remarqueront certains comportements un peu étranges de Louise, ils vont s'abstenir de la gronder par peur qu'elle décide de démissionner ou de moins bien faire son travail. Ils vont même finir par l'amener en vacances avec eux.
Tout cela va amener à ressentir un très grand malaise tout au long du livre et à installer une ambiance un peu malsaine qui nous prends au tripes. Le style de l'auteur est très directe et épuré si je puis dire. Le livre est composé de courts chapitres très percutants et on ne s'ennuie à aucun moment. Tous les passages du livre servent à quelque chose. Côté narration, écriture et style, c'est impeccable.
Conclusion, ce livre n'est pas pour tout le monde, je pense. Il faut tout de même avoir le coeur bien accroché, bien qu'il n'y ait aucune scène dite "gore". Il faut aussi lire ce livre quand votre vie va bien parce que sinon je vous assure que c'est la déprime assurée. Et, dernier trigger warning: ne lisez surtout pas si vous allez avoir des enfants ou si vous vous cherchez une nounou. Vous allez devenir parano, c'est moi qui vous le dit. J'ai moi même eu une nounou qui était très proche de ma famille et elle ne nous a jamais assassinés, ni moi, ni mon petit frère. Les nounous ne sont pas des démons! Ok? Bon, et si vous n'avez pas encore lu le livre et que certains passage de cette critique vous ont déranger, ne lisez pas, c'est que ce livre n'est pas fait pour vous.
VOUS LISEZ
Je critique!
HumorLe concept est simple: je parle des livres que j'ai lu sans me soucier de l'avis des autres. Je vous préviens, je suis de mauvaise foi et j'adore pinailler. (Mais rassurez-vous, quand j'aime un livre, je sais aussi le couvrir d'éloges!)