Arielle Queen est une série que j'ai lu quand j'étais âgée de 11ans et que j'avais trouvée absolument géniale. Bien des années plus tard et bien des lectures plus tard, je me suis demandé si elle était vraiment si géniale que ça et je me suis retapé les dix tomes. Verdict : ce n'était pas le chef d'œuvre dont je me souvenais. Arielle Queen n'est pas de ces séries qui reste magique peu importe les années qui passent et peu importe qu'on les lise avec des yeux d'adultes ou d'enfants. Il y a des points forts, des points faibles et je vais tenter de le démontrer dans cette critique.
En premier lieu, parce que je suis d'humeur à commencer sur du positif, j'aimerais aborder ce qui est pour moi le plus gros point fort du livre : son univers. Le monde de la série s'inspire énormément de la mythologie nordique et met en scène des dieux, de différents plans d'existence, des elfes, des nécromanciennes, des sortes d'hybrides animaux-humains, sans oublier les alters qui sont vraiment l'espèce que j'ai le plus aimée. Les alters représentent de manière très concrète la part d'ombre en chacun de nous. Dans la série, le concept est poussé à l'extrême faisant des alters des personnes à part entière, bien que devant partager le corps d'une autre personne. En plus de ça, on n'est pas noyé sous l'exposition. Les informations à propos de l'univers sont réparties entre les tomes et on en apprend un peu plus à chaque lecture.
Malheureusement, c'est ici que ça commence à faire mal, car c'est le moment d'aborder le personnage principal : Arielle Queen. Arielle est ennuyeuse. Elle n'a aucun trait de personnalité qui se démarque. Son personnage n'est défini que par son rôle d'héroïne dans l'histoire et c'est loin d'être suffisant. Elle est tout simplement l'élue. Élue qui ne questionne à aucun moment la prophétie à laquelle est liée et qui n'a au final aucune motivation personnelle dans cette histoire. On lui a dit qu'elle était une élue et donc elle fait son boulot d'élue. Et, pour être claire, je n'ai rien contre les histoires avec des élues et des prophéties, mais il faut plus que ça. Arielle Queen n'est qu'une héroïne qui accepte trop vite qu'elle est le messie, qui ne remet jamais rien en question, qui se fait dicter tout le temps ce qu'elle doit faire et qui ne prend presque aucune initiative. Et le plus triste, c'est de voir que tous les autres personnages sont mieux écrits qu'elle. Je pense en premier à Noah et Razan qui ont droit à de magnifiques développements de personnages (Buts premier -> actions -> rencontres -> remise en question -> évolution objectifs/sentiments -> actions en fonction). Je pense aussi à Ael qui a une personnalité de guerrière mais qui apprend à faire confiance et à montrer son côté vulnérable. C'est un personnage qui prend des décisions, qui agit, qui se trompe et qui commet des erreurs. Et puis il y a tous les autres : Brutal, Simon, Gabrielle, Elizabeth, Rose et même Elleira (qui est pourtant un personnage tertiaire). C'est une liste non exhaustive, il en manque et je peux vous assurer qu'ils sont tous mieux écrits que le personnage d'Arielle qui est de façon extrêmement étonnante le personnage le plus survolé de la saga.
Pour aborder la construction de l'intrigue, la série Arielle Queen est remplie de rebondissements. On nous fait croire quelque chose et puis après on découvre que la vérité est complètement opposée à ce qu'on pensait au départ. Il y a des retournements de situations à la pelle. En fait, il y en a trop et on finit par être plus confus qu'autre chose. Ce qui est dommage, car ça aurait été franchement épique si ça avait été dosé de façon plus intelligente et « aérée » (Vous me comprenez.) Là, la situation vire de bord tellement souvent et avec tellement peu d'intervalle qu'on a pas le temps de bien comprendre.
J'aimerais continuer cette critique en abordant la mort. Comme dans beaucoup de série de ce type, des personnages meurt. Ça rajoute du drame, de l'émotion, de la gravité et du sérieux aux événements de l'histoire et ça fait évoluer nos personnages survivants de façon positive ou négative. Dans Arielle Queen, la mort n'est pas une fin en soi, car il y a une vie après la mort. Je n'ai aucun problème avec le concept. Là où ça me dérange, c'est que revenir du royaume des morts dans Arielle Queen n'est pas plus compliqué que de fuguer de chez ses parents pour un ado de dix-sept ans. C'est un peu délicat, mais sommes toutes rien d'insurmontable ou de particulièrement difficile. Et ce qui me dérange le plus, c'est que ce genre de résurrection n'a (quasi) aucunes conséquences. Et c'est à volonté, il y a pas de limites au nombre de fois où tu peux ressusciter. Résultat : il n'y a plus aucune tension lors des affrontements. Peu importe qui est le gagnant, on sait que nos personnages pourront revenir à la vie super facilement. Dans ces conditions, la mort n'a plus aucun impact émotionnel sur le lecteur. Et pour rajouter encore une couche au problème, cela crée l'incohérence suivante : si les héros peuvent ressusciter, pourquoi les méchants (dont le chef suprême règne sur le royaume des morts) ne peuvent pas eux aussi revenir à la vie ?? C'est comme s'il était plus facile de sortir de prison en étant un prisonnier qu'en étant un gardien! C'est tout de même un comble!
Concernant la structure de la série, il me semble important de parler de la gestion du temps dans l'histoire. La gestion du temps, c'est presque rien. Il s'agit d'indiquer le temps qui passe entre les événements de l'histoire et sur combien de temps se déroulent ces faveux évènements. Pas besoin d'être précis à l'heure ou à la minute près, mais il est tout de même important d'avoir ce genre d'information en tant que lecteur pour pouvoir suivre de manière adéquate le récit. D'autant plus qu'on ne peut pas se fier sur le nombre de page pour savoir ça. Dans Arielle Queen, la gestion du temps est extrêmement chaotique, je reviendrais plus tard sur les voyages dans le temps, mais l'histoire est vraiment découpée de manière étrange. Les tomes font à peu près tous la même longueur, mais il y en a un dont les actions se déroulent lors d'une seule nuit alors que d'autres s'étendent sur plusieurs semaines, voire mois. Et en fin de compte, ce n'est pas vraiment ça le problème. Le problème, c'est qu'on l'apprend trop tard. Les indications temporelles arrivent souvent bien trop tard ce qui nous oblige souvent à changer l'angle de vue qu'on avait sur certains événements de l'histoire.
J'avais dit que je reviendrais sur les voyages dans le temps et si je prends la peine d'en parler dans un paragraphe différent, c'est parce que malgré la mauvaise gestion du temps en général dans l'histoire, les voyages dans le temps et leurs conséquences par rapport à l'histoire sont étonnamment bien gérés. Alors que beaucoup d'auteurs se cassent la gueule avec les voyages temporels créant toute sortes de problèmes de cohérence dans leurs histoires, dans Arielle Queen, c'est vraiment bien fait. Ils ont été pensés et réfléchi, et ça se voit. Ces voyages s'emboîtent parfaitement dans l'intrigue et c'est surement l'un des seuls éléments pour lequel je pourrais féliciter la série. Donc, bravo pour ça.
J'arrive maintenant au dernier point que je voulais aborder dans cette critique : l'intrigue amoureuse. Pour être précise, je parle de l'intrigue amoureuse d'Arielle, notre personnage principal. En premier lieu, il faut préciser qu'Arielle a seize ans. ...... Ouais. Je pense que la série aurait été plus intéressante avec une héroïne un poil plus âgée. Enfin bref, cela explique surtout pourquoi l'intrigue amoureuse est un peu enfantine et immature. Cela dit, cette intrigue amoureuse est sauvée par le personnage masculin qui est très certainement l'un des meilleurs personnages de la série. (Je garde le secret sur son identité, je ne veux pas spoiler.) Son amour pour Arielle est assez progressif et on comprend pourquoi il développe des sentiments amoureux à son égard. Même si la série à essayer tant bien que mal de faire passer ça pour un coup de foudre... Je n'ai jamais été aussi heureuse qu'une histoire puisse être mal écrite. Heureusement, donc, l'explication du coup de foudre n'est pas du tout crédible. Surtout, les sentiments amoureux de notre protagoniste masculin ont véritablement une incidence sur ses actions et contribuent à le faire évoluer en tant que personnage, contrairement à Arielle qui reste ennuyeuse et superficielle du début à la fin.
Pour conclure cette critique qui est très certainement encore incomplète, je ne conseillerais pas cette série aux lecteurs âgés de plus de treize ans car les incohérences et les vides de l'histoire deviennent alors trop évidents. Ce n'est bien sûr pas non plus de la merde, Arielle Queen a un certain nombre de bons points, mais ils ne suffisent pas à faire avaler (si vous me permettez l'expression) tous ses défauts.
Les fans d'Arielle Queen peuvent à présent me lancer des cailloux et acheter des poupées vaudous pour me maudire sur les dix prochaines générations.
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Je critique!
HumorLe concept est simple: je parle des livres que j'ai lu sans me soucier de l'avis des autres. Je vous préviens, je suis de mauvaise foi et j'adore pinailler. (Mais rassurez-vous, quand j'aime un livre, je sais aussi le couvrir d'éloges!)