Chapitre LXXXI

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Je sais que cela ne fait qu'une dizaine de jours et que je devrais me sentir bien plus mal que ça.
Mais je n'y peux rien, je ne ressens pas de tristesse... Plus que de la colère.

Si elle n'avait pas fumé autant, elle serait encore en vie.
Et je refuse de croire qu'elle se soit laissé aller parce que je lui manquait.

Elle a fait sa bêtise toute seule comme une grande et aujourd'hui, comme d'habitude, se sont les autres qui souffrent pour elle.

Alors oui c'est un comportement très antipathique gnagnagna. Mais je suis furieuse !
Elle m'a menti sur le fait de vouloir diminuer.
Elle ne m'a jamais laissé lui apporter mon aide alors qu'elle devait forcément se rendre compte qu'elle partait en vrille.
Pourtant elle a choisi de se laisser aller dans son petit monde merveilleux à flotter parmi les licornes.

Je m'arrête dans mes cent pas et inspire un bon coup.

- Ça y est je peux en placer une ?

Je me tourne vivement vers Taylor et grimace en me rendant compte qu'elle vient de subir mon monologue...

- Oups ..?

Elle rit et se lève du tronc sur lequel elle était assise pour venir m'entourer de ses bras.
Je ne mets qu'une seconde pour la serrer contre moi, enfouissant mon visage dans son écharpe.

Il n'y a qu'elle et moi, et le petit Keeper que nous sommes venues voir, qui gambade autour de nous dans cette clairière enneigée.
Son doux parfum émane de ses vêtements et me calme instantanément.

- La colère est l'une des phases du deuil Selena. Elle commence, se balançant et me berçant contre elle. Il est donc tout à fait normal que tu ressente toute cette rancoeur envers Demi.

Je ferme les yeux et l'écoute attentivement. J'ai vite compris que Taylor était l'une de ces personnes pour qui il faut absolument se taire. Sa voix n'est que pure merveille et ce qu'elle dit est puissant.
Elle a toujours ce petit truc à dire qui change tout.

Elle remonte le moral, calme les âmes colériques et apaise les cœurs endoloris.
Cette jeune femme est un petit ange tombé du ciel par mégarde.

- Et ce n'est pas parce que tu ressens de la colère que tu ne peux pas être triste tu sais ? Tu as tout à fait le droit de ressentir toutes les émotions et l'une n'empêche pas l'autre.

L'une de ses mains commence à caresser mon dos dans un mouvement de réconfort.

- Tu peux très bien lui en vouloir de tout ton être de ne pas avoir ouvert les yeux sur ce qui allait se produire ce soir là ou de nous avoir laissé derrière elle, causant tout ce bazar. Mais tu as également le droit d'être triste parce que vous avez tout de même partagé quelques bons moments toutes les deux.

C'est vrai... Nous avons passé de très beaux moments ensemble.

Je relève les yeux vers elle et lui sourit.

Elle se penche alors pour venir m'embrasser de nouveau.

- Merci... Je lui souffle.

Encore une fois, dès que ma chérie ne se soit reculé de moi, je me dis que me sens plus légère. Comme si le nœud d'émotions qui se resserrait en moi venait de trouver la solution au problème.

Ce n'est pas en refoulant certaines choses qu'elles finiront par disparaître.
C'est elle qui m'a apprit ça.

- Je me demande vraiment pourquoi elle aimait autant ça. Il doit bien y avoir quelque chose que l'on ne sait pas. Ce n'est pas possible d'absolument vouloir consommer un truc aussi nuisible. Je marmonne, essayant de lui expliquer ce qui me dérange le plus.

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