Pourquoi moi ?

Direction l'enfer

Elle était seule, une fois de plus.

Elle se trouvait dans sa chambre silencieuse, mais c'était simplement le calme avant la tempête.

Des larmes roulaient sur ses joues, comme chaque jour, comme chaque nuit, c'était ainsi, depuis quatre ans.

Elle avait éteint son téléphone, trop de messages haineux et insultant en provenait, faisant retentir sa sonnerie toutes les minutes.

Elle aurait aimé bloquer ceux qui l'insultaient, mais elle craignait les répercussions que cet acte aurait pu avoir, ils étaient violents et elle le savais, elle avait peur d'eux, non, elle était terrorisée.

Ce soir lorsqu'elle rentrerait, sa mère serait sûrement au courant de ses marques sur les bras, et cela la déprimerait et la faisait trembler plus encore.

Emma finit par attraper son téléphone, elle lut chacun des messages, sentant son cœur se briser à chaque insulte, puis les elle les effaça, en pleurant.

Lorsque sa dure besogne fut terminée, elle alluma sa musique dans son caque et s'allongea se plongeant dans und bulle de calme.

Puis au bout de quelques minutes, elle attrapa ses ciseaux, et les posa sur son bras, tremblante. Alors, glissant l'engin de torture le long de ses bras, elle laissa ses larmes couler, et pleura tout son soûl.

Elle avait conscience qu'elle ne devrait pas faire cela, mais elle n'arrivait pas à s'en passer, c'était la seule chose qu'elle avait trouvé qui permettait d'apaiser sa douleur morale...

Comme chaque jour, les larmes coulèrent et le sang aussi. Après avoir lâché les ciseaux maculés de rouge, Emma attrapa ses jambes, et se mit en position fœtale... Formant un petit cocon autour de son cœur meurtri.

⁂

Elle pleurait, cette femme à qui l'on pouvait difficilement donner un âge, elle aurait pu avoir quarante ans, ou bien soixante, son visage était assez jeune mais son esprit ne l'était plus. Emma se tenait face à elle, pleurant presque elle aussi.

Ses mains sur les genoux, elle attendait le jugement. Sa mère avait visiblement très mal pris la nouvelle et en était bouleversée. Ainsi, Emma qui aurait dû être celle qui se faisait réconforter devait réconforter celle qui était sa mère.

Elle sentait sous son pull les marques, celles à cause de qui elle était là, devant sa mère qu'elle n'aimait plus.

Finalement, Emma pris sa mère dans ses bras, tentant maladroitement de la réconforter, sachant pertinemment que la tristesse de sa mère n' était pas (ou pas que) dû à elle mais à ce qui s'était produit quatre ans auparavant.

Cela faisait déjà trois ans que sa mère était dépressive, mais celle-ci n'essayait pas de changer, elle restait à se morfondre, ignorant sa dernière fille.

Emma devait donc, en plus de tous ses devoirs, s'occuper de sa mère et de leur maison, son père avait été interné en hôpital psychiatrique trois ans plus tôt et sa mère l'avait très mal vécu ce qui la rendait encore moins présente.

Depuis, elle déprimait, et ne faisait pas attention a sa fille qui dépérissait à vue d'œil...

Sophie Larson avait été une très belle femme, elle était brune, et ses traits fin faisait d'elle une femme qu'on pouvait sans difficulté qualifier de "jolie". Pourtant, si l'on l'a connaissait un peu, on pouvais voir dans ses yeux une tristesse infinie, datant d'une époque lointaine, d'il y avait plus de quatre ans.

Car Sophie avait, en plus d'avoir perdu son mari dans les limbes de la folie, perdu son enfant, sa fille dans la Seine, et quiconque  disait qu'il comprenait ne savait la douleur de cette mère qui n'avait su protéger sa fille.

Car Emma n'était pas fille unique, enfin ne l'avait pas toujours été. Elle avait une sœur, une sœur qu'elle aimait et admirait comme seule les petites sœurs savent le faire. Et les deux jeune fille avait un lien magnifique qui s'épanouissait chaque jour un peu plus.

Mais c'était avant que Flore ne commence a être mal. Personne ne l'avait vu, sauf sa petite sœur. Mais celle ci du haut de ses dix années était impuissante. Elle avait essayé d'alerter ses parents, mais ceux ci n'avait vu les signaux de leur aînée.

Et, deux mois plus tard, lors d'une sortie avec des amis, elle se jetait dans la Seine ne sachant plus comment vivre.

La petite Emma avait pleuré toutes les larmes de son corps, en avait voulu a ses parents, puis avait commencé a aller mal elle aussi.

Mais ses parent, du moins sa mère, ne voyait rien, trop perdus dans leur propre douleur, et laissant cette adolescente de quatorze ans se débrouiller seule, ce qu'elle n'arrivait plus à faire.

Après la mort de sa grande sœur, l'année suivant le drame, elle était rentrée en 6eme, et le cauchemar avait commencé pour cette petite fille.

Depuis, chaque jour elle repensait à ce jour où elle n'avait pu sauver sa soeur, où elle avait elle aussi perdu la vie, et où tous ses malheurs avait commencés.

⁂

Après la "discussion" avec sa mère, (durant laquelle Sophie n'avait prononcé que quelques mots et avait passé le reste du temps à pleurer tandis qu'Emma restait assise à ne rien dire) Emma partit dans sa chambre, celle qu'elle avait longtemps partagé avec Flore.

Elle se jeta sur le lit de cette dernière, et pleura, pleura... Longtemps, détestant sa sœur de l'avoir abandonnée, détestant sa mère égoïste, et par dessus tout se détestant elle même.

Finalement, Emma s'endormit, pleurant encore de grosses larmes mais dans ce lit qui était devenu au fil des ans son refuge.

Quelques heures après qu'elle se soit endormit, sa mère entra dans sa chambre. "Pardon Emma... Pardon de ne rien voir, je suis tellement désolée... Je t'aime ma fille... Je t'aime tellement. »

La femme, posa une couette sur le dos de la jeune fille, et sortit, aussi silencieusement qu'elle était entrée.

« Je suis vraiment tellement désolée ma chérie, pensait-elle, je ne me suis pas assez occupé de toi... Je vais essayer de faire mieux mon cœur, promis. »

Sophie s'assît a table, et sortit son ordinateur, elle chercha un psychologue, et en trouva un proche de chez elle, pas pour elle, pas entièrement du moins, mais pour sa fille, celle qui était tout ce qui lui restait.

Elle enregistra le numéro, et alla se coucher, se promettant silencieusement d'appeler le lendemain.

⁂

Emma se réveilla en entendant le bruit de la porte qui se fermait. « Tant mieux, pensa-t-elle, pas besoin de la voir ni de lui parler. »

Elle se leva, replaça les draps, et se prépara pour une nouvelle journée dans ce qu'elle qualifiait d'enfer.

Elle entra dans la salle de bain, et pris une lame de rasoir, elle s'assit dans la douche, et se coupa un bras, puis l'autre. Chaque blessure lui arrachant des larmes mais lui faisant également se sentir mieux. Le sang coulait, et si un regard s'était posé dans la salle de bain des Larson a ce moment, il aurait pu croire qu'un crime venait d'être commit. Du sang maculait tout le sol de la douche et une jeune fille pleurait la tête entre les genoux, une lame dans sa main droite.

Emma fini par reposer sa lame, se déshabilla, et nettoya ses bras, laissant l'eau chaude panser, pour un temps, son cœur meurtri.

Elle sortit à regret de la douce chaleur, et banda ses bras. Il ne manquait plus que les blessures se rouvrent durant la journée et ce serait officiellement la deuxième pire semaine de sa vie. Puis, elle enfila un t-shirt à manches longues, un pull, et sortit de la salle de bain.

Elle avala un morceau de pain, puis attrapa son sac, et sortit, en direction de l'enfer, son collège.