Devant un cimetière du 19e arrondissement de Paris, se tenait un jeune garçon, il avait 20 ans, et n'osait pas entrer.
La pluie tombait, silencieusement, accompagnant l'humeur du garçon. Il n'osait pas entrer dans le cimetière. Il avait peur, de quoi ? Il ne le savait pas lui même...
Ses jambes avançaient, mais lui était bloqué cinq ans plus tôt.
Ce garçon avait fait du mal, beaucoup même, et il en avait payé le prix. Il avait passé trois ans dans un centre de détention pour mineurs, et deux a des travaux d'intérêt généraux. Il était allé se dénoncer à la police, après avoir harcelé son ancienne amie de primaire, Emma Larson.
En ce jour gris, une semaine après sa libération, il était devant ce cimetière, et voulait aller voir la tombe de celle à qui il avait fait tant de mal.
Il marcha doucement, entre les allées brumeuses, se dirigeant vers le fond, apparemment calme, mais dans sa tête il était mort de peur.
Puis, il arriva devant la tombe de la jeune fille, et il s'assit.
- Bonjour Emma, tu te souvient de moi ? Je suis Sacha, tu sais, l'abruti qui t'a insultée, frappée, et poussée au suicide. Tu vois maintenant ? Je venais m'excuser, de tout ce que je t'ai fait... je... je sais pas quoi dire, c'est atroce. Je t'ai fait tant de mal... et je parle à une tombe... Tu sais, j'ai été privé de libertés durant cinq ans, j'aurais aimé en faire dix de plus. Je mérite tellement de souffrir, d'être maltraité... je t'ai tuée. Putain qu'est-ce que je m'en veux Emma. Je suis tellement désolé. Je t'ai fait trop de mal. J'ai envie de te rejoindre. Mais je ne peux pas. Je veux améliorer le monde, pour que plus personne ne devienne comme moi, pour que personne ne souffre comme toi. Je... je... je suis tellement désolé...
Le jeune homme se tut, incapable de parler, les larmes lui brisaient la voix. Il pleurait à chaude larmes.
- Tu te souviens de notre enfance ? J'ai jamais réussi à te le dire, mais je n'ai jamais eu de meilleure amie que toi, je t'aimais comme je n'ai jamais aimé personne. Je suis désolé de t'avoir fait autant de mal, je ne me le permettrai jamais. Tu sais, j'ai coupé les ponts avec ma bande. Pour toi, parce que je t'aimais vraiment, parce que je voulais retourner en arrière...
Sacha, car c'était bien lui, ferma les yeux, rappelant à lui les souvenirs les plus heureux de sa vie, son enfance, avec Emma, Flore et Laure. Deux d'entre elles étaient mortes, tandis que la troisième avait été internée en hôpital psychiatrique pour une trop grande dépression.
Les quatre mousquetaires étaient brisés, quatre âmes mortes, quatre personnes qui n'en étaient plus vraiment.
Sacha était désormais le seul à vivre « libre » car il était sous surveillance. Mais il ne recommencerait plus à faire du mal à quiconque.
Il sorti un papier de sa poche, il l'avait gardé sur lui depuis qu'il l'avait reçu. C'était une lettre, celle que son ancienne amie lui avait écrite, avant de mourir.
*
Sacha,
Lorsque tu liras cette lettre, je serai morte. Je ne pense pas que ça te fera grand chose, mais voici une lettre, parce que j'en avais besoin.
Tu te souviens, tout à l'heure, le 22 décembre, avec tes « amis », vous m'avez insulté, vous m'avez humilié, et vous avez rigolé. C'est réellement ce qui m'a brisée. Je ne pouvais plus le supporter.
Mais dans tes yeux, je lisais un profond dégoût. Et ça, ça m'a fait beaucoup de bien, parce que je sais que contrairement à ce que tu as dit à ceux qui sont censés être tes amis, ce n'était pas moi qui te dégoûtais. C'était toi, vous, et vos actions.
Je te connais Sacha, depuis que je suis toute petite, je pense que je te connaissais peux que n'importe qui, même si maintenant je n'arrive plus à te connaître. Cela me rend triste que nous nous soyons tant éloignés. Jusqu'à devenir harceleur et harcelée.
Je sais que tu te détestes, mais que tu essayes de sortir de ta déprime, et pour ça tu me fais du mal, ce qui, au final, ne t'aide pas du tout. C'est idiot comme nous avons des stratégies différentes, moi je me faisais du mal à moi-même, et toi tu en faisais aux autres, en l'occurrence à moi.
Lorsque tu as commencé à me harceler, moi j'ai commencé à te détester, et plus les années passaient, plus je te haïssais. Mais maintenant, à la veille de ma mort, je m'en fous, je m'en fous tellement... ça n'a plus aucune importance. Vraiment, je ne veux plus penser à toi, tout ce que tu m'as fait, je m'en contrefous.
Je t'en veux, et tu le sais, mais je t'en veux surtout de ne pas avoir essayé de m'aider. Si tu m'avais aidé, j'aurais pu, peut-être, m'en sortir, même si j'étais destinée à ne pas survivre longtemps à ma sœur.
J'ai aimé être ton amie, autant que j'ai détesté être ta proie. Je t'ai aimé, j'ai essayé de te comprendre, mais j'en ai fini, définitivement. Je ne veux plus être aimée, je ne veux plus être du tout.
Je ne te manquerai pas, je le sens bien. Mais toi, j'espère que tu regretteras tes actions, et que tu ne recommenceras pas, jamais. Si je comptais un peu pour toi, je fais plus jamais de mal à quiconque, s'il te plaît.
Je ne te souhaite pas de souffrir, parce que je ne te souhaite pas de vivre ce que j'ai vécu les quatre dernières années.
Je ne te souhaite pas de payer, parce que j'aime croire que tu ne me détestais pas et que tu n'étais pas vraiment conscient de ce que tu m'as fait.
Si tu te sens un peu coupable, ou si tu as envie que la vérité triomphe. Tu peux aller dire à la police, tout, ils en tiendront compte. Sinon sache que ma mère va porter plainte, et qu'elle a des preuves. Tu ne pourras pas échapper à ton destin, tu seras forcément coupable, car tu l'es, tu le sais.
J'espère que tu te rendras compte de ce que tu as fait.
Au revoir mon ami.
Celle qui fut ton amie il y a tant d'années...
Emma
*
Le jeune homme lisait cette lettre, si vielle, jaunie, pliée... il connaissait chaque mot, chaque phrase. A chaque fois qu'il l'a lisait, il pleurait, de n'avoir rien fait. Il s'en voulait, énormément.
- Au revoir Emma, je reviendrai, promis, et je me suis engagé dans une association d'aide aux harcelés. A bientôt, désolé.
La tête basse, il se releva, et s'en alla, courbé et des larmes maculant son visage pâle.
Ce jour là, Sacha prît réellement conscience du mal qu'il avait fait, et il ne se le pardonnerait jamais. Il avait tué son amie, alors qu'il l'aimait de tout son cœur.
Il rentra chez lui, courbant l'échine, les yeux pleins de larmes, et prêt à rétablir la justice pour les personnes qui soufraient.

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Pourquoi moi ?
General FictionElle s'appelait Emma, elle avait 14 ans. Elle pleurait toutes les nuits, elle dormait peu. Sa vie était un enfer, elle le savait. Des gens la harcelaient, et elle en pleurait... ~~~ (Tentative de suicide, mutilation, harcèlement..)