Une jeune fille est morte

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Lorsqu'elle arriva devant la porte de son immeuble, Sophie avait un très mauvais pressentiment, elle s'inquiétait pour sa fille. Elle était rentrée un jour plus tôt, afin de lui faire une surprise.

Elle ouvrit la porte de son appartement, le trouvant silencieux, elle se dit qu'Emma devait encore dormir car il était tôt, environ sept heures.

Elle posa ses affaires dans sa chambre et décida d'aller réveiller sa fille. Elle ouvrit délicatement la porte. Et son regard fut happé par le tasde lettres, posé sur le lit d'Emma. Celle-ci était d'ailleurs livide, allongée sur le dos, droite. Et à côté d'elle, Sophie vit... une pile de boîtes de médicaments. Elle hurla.

« Emma !!! Ma chérie, réveilles-toi, je t'en supplie réveille toi... dis moi que tu es juste endormie... s'il te plaît... »

Mais Emma ne dormait pas. Et Sophie appela les pompiers.

Ceux-ci arrivèrent rapidement, mais il était trop tard... une fois de plus, Sophie avait perdu sa fille.

Elle la pris dans ses bras, une dernière fois avant qu'elle soit enlevé.

« Adieu ma chérie, je suis tellement désolée... »

Lorsqu'elle fut seule, elle attrapa le tas d'enveloppes sur le lit de sa fille, et lut les noms... « Sacha Sopart » « Jeanne Maudi » « Louis Calmou » « Coline Jordane »... Des gens dont pour la plupart elle n'avait jamais entendu parler.

Elle vit ensuite une enveloppe, avec un nom, le sien, « Sophie Larson ».

Maman,
Lorsque tu liras cette lettre je serai morte. Bizarrement je ne suis pas triste, au contraire. Aujourd'hui c'était la goutte de trop, ils m'ont frappé jusqu'à ce que je sois à terre, bien entendu tu n'as rien su. De toute manière tu n'as jamais rien vu.
Ça fait quatre ans que je me fait harceler, et tu ne l'as jamais vu, ni toi ni papa. Tu vas me détester de faire ça, je te connais. Mais je n'en peux plus. Je suis désolée, vraiment, mais je suis incapable de continuer.
Tu sais, aujourd'hui j'ai trouvé un journal, celui de Flore. Elle a écrit tout  ce qu'elle vivait. Chaque jour. J'ai tout lu, et tu devrais faire de même.
Je ne veux pas te gronder, simplement j'aurais aimé avoir une mère. J'ai moi aussi connu le drame de perdre ma sœur. Mais j'ai du prendre en charge toute la maison.
J'aurais aimé avoir une mère aimante et présente. Mais je n'ai pas eut cette chance. C'est ta faute et en même temps tu n'y es pas pour grand chose...
Tu as fait des erreurs, et j'en ai fait aussi, alors je te pardonne, et je te demande de m'excuser.
Malgré tous les tourments de ma courte vie, je t'ai aimé de tout mon cœur.
Adieu ma maman, ne m'oublie pas, et n'oublie pas Flore.
Je suis désolée pour tout,
Ta fille
Emma

La pauvre femme pleurait à chaude larmes. Cette lettre était terriblement bouleversante pour la mère qu'elle n'avait pas su être.

Pourtant, elle ne se rendait pas compte que sa fille était morte. Elle ne s'en rendit compte que le soir, lorsqu'elle se coucha, dans cet appartement où ils avaient jadis été quatre, et où elle était désormais seule. Elle le comprit en n'entendant que le silence, un silence glaçant, car c'était le silence de la mort.

Le lendemain, elle n'eut pas le temps de pleurer, elle appela le collège de sa fille, puis prévint toutes les personnes qui connaissaient Emma.

Elle parla aux pompes funèbres, choisi un cercueil, une date d'enterrement, une annonce dans le journal...

Elle alla ensuite voir sa fille, tous ces gestes qu'elle avait fait cinq ans plus tôt. Lorsque Flore était morte. Sauf que cette fois, son mari n'était pas là pour l'épauler, ni sa fille pour demander des câlins. Non, cette fois, Sophie était seule. Complètement seule.

Elle rentra chez elle, et pleura, puis s'endormît comme une masse.

Pendant quatre jours, elle occulta sa tristesse, pour être près d'Emma, et des autres gens.

Elle eut mal en voyant ses parents pleurer, les parents de son mari s'effondrer, mais la brave femme s'efforçait de réconforter tout le monde. Alors qu'elle était au fond du trou.

Enfin le jour de l'enterrement arriva. Emma fut mise en terre, devant un comité réduit. Sa famille et son absence d'amis. C'était les dernières personnes qui voyaient Emma Larson en tant que personne, et non en tant que nom gravé sur une pierre tombale, avec les dates : 15/06/2005 - 23/12/2019 inscrite à coup de marteau.

Ce que tous les gens présent à l'enterrement de la jeune fille ignoraient, c'est que de derrière un buisson, un jeune homme du même âge que la décédée, observait tout, et pleurait celle qu'il avait conduit au suicide.

Il pleurait celle qui avait été sa meilleure amie, car au fond de son cœur devenu de pierre, il gardait le souvenir de cette amie innocente et joyeuse, qui s'était éteinte, le jour où sa sœur était tombée dans les eaux brunâtres de la Seine.

Ce garçon, avait tout mis sur le dos de son amie, au lieu de l'aider, il l'avait enfermée dans son malheur. Et désormais, il se rendait compte du mal qu'il avait causé, et il savait que les conséquences allaient être terribles, pourtant, il ne nierait pas, il raconterait tout.

Ce jour là, sur la tombe de celle qui était devenue sa proie, il promit de rétablir la vérité.

« Je t'ai tuer Emma, je le sais, mais je ferais en sorte que tu sois entendue et que la vérité reprenne son droit. Je suis désolé. »

Puis, il resta, silencieux, assit dans l'herbe froide, dans un cimetière de Paris, loin de l'esprit de fête qui habitait les habitants.

Une personne était morte, et elle se nommait Emma.

Ce jour là, Emma passa réellement du statut de vivante à celui de morte. Car son corps était sous la terre, et une petite croix était planté dessus.

Elle avait quatorze ans, et s'était tuée. Car elle souffrait trop.

Sophie espérait qu'Emma avait rejoint sa sœur. Bien que ne croyant en aucun dieu, elle espérait qu'une vie existait après la mort, car ses filles avait quitté la surface de la terre.

Pourquoi moi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant