Welcome in hell

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« ...la bataille de Verdun fut extrêmement meurtrière, elle fit plus de cinq-mille morts, Allemands comme Français.
C'est tout pour aujourd'hui, vous pouvez y aller. »

Emma sortit, comme toujours la dernière. Ses pas étaient lourds, elle ne voulait pas sortir, elle ne voulait pas retourner a l'extérieur, là où Ils étaient, là où ils voulaient la tuer.

Qu'avait-elle fait pour mériter tout cela ? Elle n'en avait aucune idée. De plus il n'est pas forcé de faire quelque chose pour se faire détester.

Comme tous les jours, ils l'attendaient. Adossés a un mur, ensemble, contre elle, seule.

« Hello Emma ! Lança Sacha, Le « chef »

- Réponds quand on te parle ! Espèce de malpolie.

- Alors, t'as peur de nous ? T'as peur qu'on t'embête ?

- On est tes amis pourtant !

- T'as personne d'autre que nous, ta mère se fout de toi, ton père est un maboule, et ta soeur est morte !!!

- Arête de faire ta princesse. Tu peux rien faire, t'es coincé.

- Montre voir tes bras ! On veut voir ce qui a fait peur à Madame Demarsi lundi.

- Aller, montre. »

Elle n'avait pas le choix, elle savait qu'ils risquaient de lui faire mal physiquement si elle n'obtempérait pas. Alors, elle releva sa manche droite, puis sa manche gauche.

« T'y es pas allé de main morte !

- Si je tape dessus ça te fais mal ?

- Vas-y Jeanne, essayes ! Ça va être marrant !

- Non... S'il vous plaît... Pas ça...

- Ah finalement tu sais parler ?! D'ailleurs tu te souviens de ce que je t'ai dis hier ? Tu te souviens de ce que tu as fait à Louis ? Il est tombé a cause de toi. Tu nous dois réparation. »

Ils commencèrent a l'entourer, comme la veille, sauf que l'un d'eux, Louis visiblement, la tenait. Elle ne pouvait s'enfuir. Elle était coincée, elle allait devoir subir, et connaissant les personnes face à elle, elle savait que ce ne serait pas une partie de plaisir.

Alors, pour éviter de voir ce qu'ils allaient lui faire, elle partit, loin au fond de sa tête, là où vivait sa sœur, là se trouvaient ses souvenirs d'enfances.

Elle se laissa partir, dans sa tête, loin, très loin...

Elle avait mal. Au loin, elle les voyait s'éloigner, elle était assise sur le sol, et ne comprenait pas, elle se souvenait de leurs menaces, puis d'être partie dans sa tête.

Pourquoi avait-elle mal a la tête ? Pourquoi ses bras saignaient-ils ? Que s'était-il passé ?

Soudain, elle compris, ils avaient passé le cap, ils s'étaient mis a la violence, physique.

Alors elle compris, que tout ce qu'elle avait vécu jusque là n'était qu'un avant goût de l'enfer que serait sa vie à partir de ce jour, et elle sentit une peur glaciale s'insinuer dans ses veines.

Elle se releva, avec difficulté, et se dirigea vers les toilettes.

Devant le miroir, elle vit l'ampleur des dégâts. Son visage avait de multiple traces de coups. On aurait dit qu'elle s'était fait battre. Ce qui était vrai, mais personne ne le savait. Et si elle le disait, elle était morte, pour de vrai.

Alors elle se passa un coup d'eau sur le visage. Et nettoya ses bras, puis, elle se prépara a aller en cours, cours de physique, dont la prof était... Un monstre...

La sonnerie sonna, et les élèves de 3emeE entrèrent.

« Mlle Larson ? Vous vous êtes crue dans une arène ? »

Les rires fusèrent. Et Emma vit le regard de Sacha, lui ordonnant de se taire et comme à chaque fois, elle obtempéra.

« Non Madame Bullock, je suis tombée dans la cour, je suis désolée.

- Aller vous asseoir, vous nous avez déjà fait perdre cinq minutes avec vos histoires. »

Tremblante, Emma alla jusqu'à sa chaise, et se prépara à ne rien comprendre du cours, de toute manière elle n'écoutait pas, elle n'en avait pas la force.

Elle regarda par la fenêtre, essayant d'oublier les bleus sur son corps, et les mots qui résonnaient dans sa tête, plus douloureux encore.


Enfin, cette journée était terminée, elle s'engagea sur le chemin de sa maison, mais elle ne voyait pas, derrière elle, une ombre la suivait, cette ombre avait un nom, un nom qui glaçait Emma dès qu'elle l'entendait. Sacha.

Il la suivait, pourquoi ? Il ne le savait pas lui-même, il voulait voir là où elle vivait, cet appartement où il était venu tant de fois enfant. Il détestait Emma, car, pensait il, à cause de Flore, sa sœur était peu à peu tombée dans la dépression, et avait tenté de se suicider, de rejoindre la sœur d'Emma, deux fois.

Laure, la sœur de Sacha, était la meilleure amie de Flore, et était présente lors de sa mort. Sacha et Emma étaient amis, avant que leurs sœurs ne soient séparées par la mort.

Sacha s'était entouré d'un groupe, essayant de combler sa tristesse par la présence des autres. Quant à Emma, elle avait adopté la stratégie inverse, elle s'était isolée, avait fait en sorte de n'être plus entouré de personne.

Les anciens amis étaient devenus ennemis, et se détestaient, de tout leurs être, l'un car il considérait son ex-amie comme responsable de la dépression de sa sœur, l'autre car son nouvel ennemi l'insultait et la frappait.

Perdu dans ses pensées, Sacha avait perdu Emma de vue. Elle avait disparue, où ? Il ne savait pas.

Il tourna alors les talons, et se dirigea vers chez lui, vers sa maison qu'il haïssait.

Quand a Emma, elle était arrivée chez elle. Elle entra dans sa chambre, et s'assit à son bureau.

Elle attrapa son carnet, et un crayon, et écrivit. Dedans, elle écrivait tout, tout ce qui lui arrivait chaque jour, afin qu'un jour, quelqu'un puisse le lire.

Elle parla de son visage, plein de coups, de ses bras qui saignait, des insultes qu'elle avait reçus. Du groupe, celui qu'elle détestait, et qu'elle craignait. Elle écrivit sa peur du lendemain, la tristesse qui l'habitait, les larmes qui sur ses joues coulaient et elle pleura, elle pleura longtemps, rendant certains mots illisibles. Mais peu lui importait. Elle se fichait d'à quoi ressemblait le seul qui la comprenait.

Puis elle s'assit sur le lit de Flore. Et se demanda si celle-ci la voyait, et ce qu'elle ferait.

Elle resta assise longtemps, simplement là, sur ce lit, des larmes maculant ses joues meurtries, et coulant le long de son coup. Cela lavait sa douleur, ne l'effaçait pas, mais l'apaisait un peu.

Puis comme chaque jour, elle attrapa son téléphone, et effaça les messages haineux.

Elle en avait reçu tellement... Mais elle rit en les lisant, se moquant de leurs contenus, riant des fautes, qui effaçaient leurs caractère effrayant.

Et elle se laissa tomber, allongée, simplement là et elle laissa à nouveau les larmes couler.

Elle ne savait pas que ce jour marquait le début du véritable enfer et qu'elle y était entrée. Pour toujours.

Pourquoi moi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant