J'atteins la salle de bain du rez-de-chaussée, elle jouxte la chambre, aussitôt, je ferme la porte à clef sait-on jamais.
Je peux désormais me laisser aller à mes rituels matinaux.
Tout en prenant mon temps sous la douche, je m'imagine déjà les pieds dans le sable chaud avec mon livre du moment entre mes doigts prenant le temps de lire chaque mot et de les savourer tranquillement, prêt à ne pas bouger, et surtout, ne pas faire en sorte d'être un parfait humain qui sociabilise aisément et qui a une facilité d'intégration, que tout le monde l'aime, ainsi que de son sens de l'humour et de ses crises de folie qui pimente chaque journée.

Je n'étais tout simplement pas ce gars là, je n'étais pas obligé de faire copain copain avec tout le monde, je peux très bien être présent physiquement, et, quelque fois, tirer profit de moment exclusif en compagnie de deux amies. Cette idée m'aide à me sentir mieux et d'enfin voir quelque chose de positif dès le matin.
J'ai un plan, si le chose viennent à ce dérouler autrement que prévue, je préfère tout anticiper dans les moindre détails.

Pour l'heure, j'étais coincé dans une salle de bain, nu comme un vers face à un grand miroir dans la pièce, nous pourrions être plusieurs autres moi côte à côte, avec ce même corps frêle tant il était imposant.
Ce n'est qu'une fois habillé que je prends le temps de m'occuper de mon visage en commençant par raser les rares petites pousses de moustache et de barbe qui émergent aléatoirement, bien que je sois quasiment imberbe, je passe mes mains sous l'eau froide avant de les passer en douceur sur mon visage.
Mes phalanges continuent leur  trajectoire jusqu'à ma chevelure bouclée que j'essaie de coiffer de manière adéquate sans  pour autant que cela ne fasse négliger.
Je suis presque prêt à affronter ma journée, je termine ma toilette en me brossant les dents, impatient de récupérer mon livre et de me poser dans un coin tranquille pour le reste des vacances.
Les efforts ne sont pas pour maintenant.

C'était une matinée paisible, jusqu'à ce que la maison soit frappée par un crie strident et aiguë de la part de Katarina qui se répercute dans les murs du chalet.
Je me précipite d'ouvrir à la voilée la porte de la salle de bain afin de m'assurer si cette dernière va bien, ma brosse à dents toujours à la bouche et la mousse de mon  dentifrice en guise de moustache, je m'attends au pire, pensant qu'elle vient de chuter des larges marches des escaliers et qu'elle est blessée à l'heure qu'il est.

Mais je me retrouve paralysé devant de nombreux inconnus qui envahissent le salon, Katarina heureuse, sautille jusqu'à prendre dans ses bras une fille avec des cheveux blonds platine on dirait, mais qui se trouve être une coloration, elle les accueille avec entrain après qu'elle ait relâcher la fille.

J'aurais pu me réfugier dans la pièce d'où je viens en reculant doucement mais sûrement pour ne pas me faire griller, pour ne plus en ressortir tout court, ou au moins bouger ne serait-ce qu'un membre de ce corps pour ne pas avoir l'air bête planté ici.

La seule chose que j'arrive à faire c'est de tout bonnement retirer ma brosse à dents de ma bouche, un exploit, mais cela ne me ferait pas disparaitre de cette pièce.
Au lieu de cela,je reste stoïque alors que mon cerveau veut s'enfuir le plus loin possible et sans jamais ce retourner face à ce cauchemar que j'ai voulu  esquivé depuis des mois, est qui finalement, à réussi à me rattraper.

– Oh, pas mal tes chaussettes.

Cette voix, intensifiée par une pointe d'ironie et d'amusement me ramène à la réalité aussi facilement qu'une douche froide. Toute mon attention se tourne vers mon interlocuteur qui, sourire aux lèvres, n'hésite pas à me scruter de haut en bas avant de poursuivre son chemin. Elle tient dans une main un sac rempli d'affaires dont la fermeture est sur le point de rendre l'âme.

Dans l'autre, elle serre un paquet de cigarettesles ongles recouvert de vernis.

J'observe l'intruse aux cheveux violet foncé lui arrivant aux épaules, celle-ci se dirige vers l'étage du chalet.
Je la foudroie du regard, oubliant la mousse de dentifrice qui règne encore sur les lèvres.
Moi qui ne souhaitais établir aucun contact c'est un échec.
Voilà encore une raison de plus de rester cloîtrée dans une chambre, mort de honte, j'aurai préféré qu'elle ne me soit pas ainsi, qu'elle ne me voit pas tout court que d'être ainsi si pathétique.

– Andrews!  Allez viens je vais te prèsenter  !

Katarina, surexcitée, arrive à ma hauteur le sourire aux lèvres passe près de moi et frappe dans ses mains pour m'inviter d'aller plus vite, une fois pas deux, je recule enfin, et sans faire exprès, lui claque la porte au nez.

Putain ! c'est pas vrai je suis foutu !

Coucher de soleil en été Où les histoires vivent. Découvrez maintenant