Elle me fixe, attendant que je m'ouvre davantage, que leur ami " Andrews " va réapparaître d'un claquement de doigts.

Mes yeux roulent en direction du ciel avant de se reposer encore une fois sur le visage en cœur de mon amie qui me sourit.

C'est pas le bon moment.
Même si je sais que le bon moment n'existe pas, je ne sais pas quand je pourrais enfin me libérer de ce poids. Si j'y arrive encore, c'est que je suis encore capable de tenir le coup.

Heureusement pour moi, elle daigne prétendre vouloir en finir avec sa valise et me laisse enfin de nouveau seul dans cette pièce.

                                *

Ce n'est que quelque heure plus tard que je sors enfin de la chambre dans laquelle je me suis enfermé.
L'ambiance que j'instaure est un tantinet glaciale.
Je n'adresse pas la parole à Kata du reste de l'après-midi, après les courses, ni même au cours du dîner qui se déroule dans un silence de plomb.
Un calme parfois interrompu par Shanelle  qui tente, tant bien que mal à recoller les morceaux entre nous deux, sans succès, par ma faute.
Malgré le fait que nous avons discuté de tout cela, c'était encore frais dans ma tête, les efforts ne se font pas du jour au lendemain.
Je sens le regard de Katarina vagabonder timidement vers ma silhouette, elle tente de capter mon intérêt. Cependant par pur fierté, je ne lui adresse aucune considération. C'est puérile, mais je veux qu'elle regrette, qu'elle puisse se sentir aussi mal à l'aise que je le serais lorsque tous ses invités seront au complet.
Ce n'est pas correct, mais il n'arrive d'être rancunier, très rancunier au fin de compte.

– En fait ! Tu es bien installé dans ta chambre Andrews ?

Je continue de l'ignorer, s'il y a bien bien une chose qui n'est pas une nouveauté chez le nouveau " Andrews" et que je ne daigne aucunement a dissimuler, c'est ce besoin de me tenir à l'écart de toute personne me faisant du tort. Je ne supporte pas les conflits comme la majorité des personnes, je ne dispose d'aucun courage, d'aucune force physique, il faudrait me pousser dans le vide, et encore, je doute de mes réactions, si je serais capable d'agir en cas de crise, si je ne suis pas en chute libre, je ne fais absolument rien pour me rapprocher du bord et risquer de tituber.
Il paraît qu'il faut assumer ce que  nous sommes, et même le reconnaître, afin de mieux se connaître, se surpasser et j'en passe.
Dans ce cas, j'assume d'être un putain de dégonflé et en prime une tête de con pour l'occasion.
Les insécurités ne sont pas de mon ressort, du moins, c'est ce que j'ai pensais avant que déclenche sans retour en arrière possible, cet aspect de petit angoissé cachant des secrets.

En fin de compte, je prend énormément de risque à vouloir entretenir cette facette dont je ne souhaite en parler à qui que ce soit.

Le temps où j'étais encore quelqu'un d'entier est révolu, je ne suis que l'ombre de moi-même, effrayé même par les fragments de mon âme qui s'est brisé, certains morceaux me colle encore à la peau mais petit à petit, j'enlève celle-ci, parfois un brin trop tenace et qui me laisse de belle blessure, parfois attendu et inattendu, et trop complet lorsque je me retrouve seul.

La vérité à moitié avouer de Kata ne va aucunement noircir à notre amitié, je lui pardonnerais tôt ou tard, Seulement, j'arrive pas à passer l'éponge, c'est trop rapide à mon goût.

J'ai conscience que je n'ai aucun droit sur mes amies, elle font ce que bon leur semble, elles peuvent inviter tout les gens qu'elles veulent, et en tirer profit pour ce dernier ultime été avant la fac. C'est le rêve de tout adolescent qui se respecte entrant dans un monde d'adultes.
Être, pour la dernière fois, des foutus gosses insouciants, et voilà que la première des choses que j'arrive à mener à bien et le fait de me dérober et de ruminer dans la chambre fuyant encore une fois les problèmes, mes problèmes.

Je suis à la fois mon propre bourreau ainsi que le rôle de la victime dans toute ses histoires, je n'autorise personne à gérer mes émotions, ni mon état de détresse, ni même mes sentiments, si je dois avoir mal, souffrir à en crever, je serais mon propre tortionnaire psychotique, si je dois rire, cela dois être sincère, venir du coeur, si je dois pleurer, alors je le cacherais aux yeux de tous, pleurant à chaudes larmes pour me dire que demain tout ira mieux.
Si je dois mourir, ce sera de mes propres mains pour être certains d'en finir.

                                *

La nuit est tombée depuis peu, laissant quelques colorations pastelles du ciel résister encore un peu avant que l'infini d'ombre  ne la fasse succomber.
Installés sur les grands canapés du salon, nous nous apprêtons à lancer un film sur Netflix.
Je laisses les deux filles débattent entre elles sur le programme, Après avoir passé en revue plusieurs titres Katarina propose son choix.

– Pourquoi pas... A tout les garçons que j'ai aimés ?

Shanelle soupire en posant sa tête sur le dossier du canapé en maugréant :

A force, je ne compte plus le nombre de fois où on l'a vu...

– Aller girl ! Noah centineo est canon !

– Bon, j'avoue, d'accord tu marques un point.

Elle effectue une petite dance de la joie avant d'appuyer sur l'écriture.

Choisir un film en fonction de la beauté de l'acteur me blase un peu, mais les deux folles qui me servent d'amis rient de la tournure de leurs conversations, Shanelle porte son attention vers moi assise au milieu du canapé moelleux.

– Qu'est-ce que t'en dis " A " ?

Fait croire que c'était assez compliqué pour me trouver un surnom, faut dire que j'en ai moi-même pas en tête à l'heure qu'il est.

– De Monsieur Centineo où du choix du film ?  Réponds-je aussitôt sarcastique.

– Le choix du film, mais si tu souhaites partager avec nous ton avis sur Noah, ne te gêne surtout pas ! T'a vue comment il est bien bâtie même !

Son petit sourire coincé au bord de ses lèvres me contrarie, mes sourcils se froncent, que va-t-elle s'imaginer ?

– Regardez ce que vous voulez, je m'en fiche.

De toute façon, les films dramatiques à souhait, à une fin épouvantable au goût d'inachevé et en prime une intrigue tortueuse, n'intéressent personne, faut dire que je suis le champion du monde à adorer me faire du mal tout seul, m'identifiant au personnage du scénario du film, pour finir par me moucher dans la manche d'un des nombreux tee-shirt qui me sert dans mes mésaventures désastreuses.

Très glamour je sais.





















Coucher de soleil en été Où les histoires vivent. Découvrez maintenant