– Alors ? Tu en penses quoi d'Adams?

La question qui fâche, j'aimerais me faire tout petit, de me dire que cette question n'était pas posée ou du moins, c'est peut-être mon imagination qui a fait en sorte de créer cette situation assez gênante pour ma petite personne. Sauf que, notre cerveau nous protège de ce qu'on ne souhaite pas entendre ou vivre, hors, j'ai à peine entendu sa réponse, et je ne sais pas si cela m'arrange ou non.

Cette fille ne me connait absolument pas, je ne vois pas en quoi elle aurait pu avoir une opinion à mon propos, la scène des chaussettes me revient en tête, c'est vraiment pas le moment...

Je ferme les yeux, préférant être dans un autre endroit ou personne ne pourras me déranger.
Positionné sur le ventre, j'enfonce mes pieds dans le sable chaud. Ce geste devenu si plaisant que l'envie de me cacher entièrement me traverse l'esprit et m'arrache un rictus.

Les vagues de l'océan résonnent à mes oreilles, ainsi que le vacarme des goélands qui cherchent de quoi se mettre dans le bec.
La chaleur m'assomme.
Mon index remonte mes lunettes de soleil glissantes à cause de mon visage moite.

Un soupire m'échappe, tandis que je dépose le livre et croise mes bras sur mon front afin de me détendre.
Je m'autorise un bref instant à fermer les paupières. Je crois m'endormir bercé par les légères brises de vent et le déchaînement lointain des vagues qui s'écrasent contre les rochers.

Je ne saurai dire ça fait combien de temps s'est écoulé lorsque je sursaute à la suite d'un contact froid et mouillé qui retrace ma colonne vertébrale en sueur.

Je lève précipitament ma tête et mon corps suit le mouvement.

– Trouvé

Je reprends mon calme lorsque je remarque le minois de cette fille qui ne se gêne pas à s'asseoir à mes côtés avec ses cheveux mouillés et de son corps perlé de gouttes d'eau.

– Ça serait mentir si je te dis que je suis désolé. dit-elle en faisant une moue sur son visage.

Elle est bizarre. Je ne fais pourtant rien pour attirer son attention et voilà que celle-là se pointe comme une fleur et me dérange.

– L'eau est bonne ? Dis-je pour changer de sujet.

– Viens vérifier par toi-même !

Je pouffe.

–  Sans façon, merci

Je me retourne, ramenant mes jambes à proximité de mon corps frêle afin de m'appuyer sur mes articulations.

Je ne sais pas ce qui lui prend, mais elle laisse tomber son visage sur mon épaule brûlante ses cheveux me rafraîchissant, elle est sans gêne ma parole.

Je ne raffole pas des contacts physiques, et j'apprécie les gestes de tendresse de mes amies, mais cette fille là, est complètement différente des autres filles que j'ai côtoyé.

– Au fait. Commence-t-elle toujours sur mon épaule. Sache que j'ai réellement apprécié tes chaussettes je te le jure.

J'observe discrètement sa petite moue amusée du coin de l'oeil, avant de la questionner un rictus discret figé sur mes lèvres :
– Oh mais bien sûr, moque toi de moi autant que tu le désires

– Ooh arrêtes ! C'était très glamour surtout le dentifrice !

Son corps fut secoué de spasmes de fou rire, elle ose ricaner aux éclats sans même réussir à s'arrêter même aprés plusieurs minutes.

– Je t'adore déjà ! J'aime les garcons comme toi mais faut croire que je dois les faire peur.

Taquin je réplique :

– Laisse-moi deviner. Tu les colles, et  tu joues ton numéro de charme pas vrai ?

– Non idiot ! La preuve j'ai quelqu'un !

Elle me bouscule gentiment alors qu'elle rit de ma propre sottise.
Comme un secret, elle finit par m'avouer l'objectif de cette conversation sans queue ni tête :

– Je l'ai invité, il est ici.

– Je comprends mieux l'intérêt d'avoir tout ce petit monde avec nous...

Elle me tire la langue, grognant de ma remarque :

– D'ailleurs, faudrait bien que tu te présentes aux autres.

Je me pinces les lèvres et rétorque à voix baisse :

– Demain, là j'ai besoin de me faire à l'idée.

– D'accord, partenaire !

– Partenaire ? N'est-ce pas un peu exagéré ? On ne se connait même pas

– Je sais qui tu es. Dit-elle simplement en se levant, les bras croisés derrière la tête. Bon, j'y vais, c'était sympa.

Je balaye la plage d'un oeil discret à la recherche de ce fameux prétendant.
Puis, je suis vite rejoint par mes deux amies qui me traînent chacune par le poignet, et m'entraînent jusqu'aux ondulations de la houle qui m'emmène un peu à chaque fois que l'eau se retire vers le large.

Ma peau devient granuleuse tandis que Shanelle plonge tête baissée fidèle à elle-même, elle est spontanée tout ce que j'aimerais être.
Ça semble si facile pour les autres et inaccessible pour moi...

Et de l'autre : Katarina qui ne souhaite pas mouiller ses cheveux à cause de ses soins  capillaires effectués en amont et préfère discuter un instant avec moi.

Sur le coup, j'ai le pénible sentiment qu'un écart s'est installé entre nous trois, même après temps d'années.
J'aurais voulu, dès à présent, lui parler de ce qui me tracasse, de mes nombreuses crises d'angoisses, mais la peur m'a bâillonné la voix.
Je me contente d'écouter, de sourire, et faire machinalement ce qu'on me dit de faire.

Tout est terminé il est maintenant plus difficile d'échanger nos chagrins.

Je sais que je devrais me laisser aller, ne pas lutter, oublier le passé et de tout recommencer.

Mais je lutte encore, sans jamais lâché prise.
Je me bats contre mon corps qui se crispe, non pas de froid mais de peur.

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⏰ Dernière mise à jour : May 08 ⏰

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Coucher de soleil en été Où les histoires vivent. Découvrez maintenant