Chapitre 19

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Ashley

« J'ai appris le décès de ma meilleure amie grâce aux réseaux sociaux. Tout le monde m'a identifiée sur les publications en me demandant s'il ne s'agissait pas de Taylor Reed. J'ai vraiment eu du mal à croire que cette fille défigurée était mon amie... Ma seule véritable amie.

Elle pouvait être détestable dans ses propos. Ce n'était que de la maladresse... Les gens se permettaient de la juger à ce sujet. Est-ce une raison pour la tuer ? Pourtant un fou l'a torturée avant de l'exposer à Jackson Square. Par tous les dieux... Comment peut-on faire preuve d'autant de cruauté ?

Lorsque je ferme les yeux, ces images ensanglantées me hantent. J'ai la sensation d'être folle. Est-ce normal de ressentir autant de culpabilité ? Pendant qu'elle était avec ce fou... J'étais avec Jay en train de perdre ma virginité. Comment puis-je être une bonne amie ? Que s'est-il passé quand je me suis endormie dans les draps en satin du brun ? »

J'essaie vraiment de comprendre ce qui a pu se produire. Seules des questions sans réponses tournent en boucle dans mon esprit embrumé. Depuis l'annonce de sa mort, LaToya Cantrell a demandé à la population de la Nouvelle-Orléans de ne pas céder à la panique. Madame le maire a instauré un couvre-feu afin d'éviter qu'il n'y ai davantage de victimes. Toute personne ne respectant pas cette règle risque une amande forfaitaire de cent cinquante dollars.

Selon moi, la nouvelle consigne n'est pas une bonne idée. Le Fantôme continuera ses activités... Qui nous dit qu'il ne pourrait pas s'introduire chez nous ?

...Il nous tuera tous.

La pluie s'abat violemment sur le toit de cette vieille maison, résonnant comme les pas d'une centaine de personnes, martelant sans cesse la toiture. Les éclairs qui illuminent le ciel donnent naissance à des ombres effrayantes.

- Ce n'est qu'un petit orage de rien du tout... me dis-je, manquant de frôler la crise cardiaque lorsque je me retrouve entièrement plongée dans le noir. Ça va aller, ça va aller...

J'essaie de me repérer au milieu de tous les cartons disposés ça et là, cherchant celui qui contient les bougies. Mes pas me guident jusqu'au fond de la minuscule cuisine, faisant grincer le plancher sous mon poids. Mes mains se posent sur la surface plane de toutes ces boîtes.

- Dieux Tout-Puissants... imploré-je en continuant de fouiller dans tout mon bordel. Enfin ! finis-je, heureuse d'avoir enfin trouvé mon bonheur.

J'allume la première, enchaînant sur la suivante, continuant ainsi jusqu'à obtenir suffisamment de lumière pour éclairer convenablement cette petite pièce. En m'assurant que la flamme ne s'éteigne pas, je marche jusqu'au salon, protégeant ma minuscule source de lumière à l'aide de ma main.

En m'installant sur le canapé, je remarque des empreintes de pas menant à l'étage. Celles-ci sont bien trop grandes pour correspondre à ma pointure. Quelqu'un se trouve en ce moment même sous mon toit. Est-ce un tueur en série ? La peur me tord les entrailles, faisant brusquement trembler tous mes membres.

Aurais-je oublié de fermer la porte à clé...?

Discrètement, je me remets debout pour retourner dans la cuisine. J'ouvre un tiroir, mes doigts s'enroulent fermement autour du manche d'un couteau. Dans un élan de courage - ou de stupidité - j'entreprends de fouiller chez moi.

Pièce après pièce, je passe la maison au peigne fin dans l'espoir de trouver quelque chose.

- Ça doit être la fatigue qui me joue de mauvais tours... soupiré-je.

Bizarre, je suis pourtant sûre que les empreintes se rendaient aux chambres. Peut-être ai-je dû voir trop de films d'horreur pour me reproduire, inconsciemment, le même genre de scénario ?

Je suis sûre et certaine que quelqu'un est en train de m'observer. Je le ressens au plus profond de moi... Mais qui ? Pourquoi est-ce que cet individu s'amuse à me tourmenter ainsi ? À quoi est-ce que ça rime ?

Le téléphone en ma possession, je compose le numéro des forces de l'ordre. Ils seront plus efficaces pour retrouver la personne qui s'amuse à m'effrayer. Peut-être pourront-ils sécuriser le périmètre ou me reloger dans un lieu plus sûr ?

- Commissariat de la Nouvelle-Orléans, que puis-je faire pour vous ? m'interroge mon interlocuteur.

- Bonsoir... murmuré-je en espérant que l'intrus dans cette maison ne pourra pas m'entendre. Quelqu'un s'est introduit chez moi...

Un cri strident, m'arrachant les cordes vocales m'échappe. Une silhouette masquée se tient dans mon champ de vision. Ce dernier reste immobile. Je sens son regard scrutateur sur moi. Un violent frisson parcoure mon échine, la peur me paralyse totalement.

- Est-ce que vous m'entendez, Mademoiselle ? demande le policier au téléphone. Que se passe-t-il ?

L'individu face à moi tend la lame de sa machette dans ma direction, m'intimant de raccrocher. Ce simple geste me promet mille et une souffrances si je refuse de coopérer. Résignée, j'obéis sans le lâcher des yeux et recule pour mettre un maximum de distance entre nous.

Acculée contre un mur, j'essaie de repérer toutes les issues possibles pour tenter de m'enfuir. Malheureusement, il s'approche rapidement de moi, réduisant à néant mes chances de prendre mes jambes à mon cou. À cet instant, je suis une proie. Sa proie.

Je suis sûre que cela l'amuse.

Mon regard se pose sur sa silhouette. Il est large et grand, entièrement vêtu de noir. Son masque n'est pas la seule chose qui camoufle son identité, ni même son apparence. Cet homme a rabattu sa capuche sur la tête, dissimulant ainsi la couleur de ses cheveux.

À le voir ainsi, je comprends que rien n'est laissé au hasard. Il avait prévu son coup, celui de s'introduire chez moi. Mais dans quel but ? Que me veut-il ?

Mon corps se met à trembler, mes jambes menacent de céder. La lame de sa machette suit les traits de mon visage, descendant lentement sur le haut de ma poitrine. Je déglutis péniblement en me demandant ce qu'il compte faire de moi...

Les premiers boutons de mon chemisier sautent au contact de la lame. Ce début de nudité ne semble pas le déranger. Peut-être suis-je en train de me faire des films, imaginant qu'il apprécie ce qu'il voit.

Sa lame s'enfonce avec facilité dans ma chair. Malgré moi, un hurlement de douleur s'échappe de mes lèvres et les larmes coulent le long de mes joues pour venir s'écraser sur ma poitrine. Alors c'est ainsi que je vais mourir ?

Je pourrais enfin retrouver Taylor même si nous serons toutes les deux à Helheim...

Double Sided - Let The World Burn For YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant