Chapitre 35

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Jay

Un grognement qui s'apparente à celui d'un animal m'échappe. La haine boue en moi. Elle ne demande qu'à être libérée. À être utilisée. Même un aveugle se rendrait compte qu'elle se répand en moi comme de la lave en fusion. Il verrait à quel point, j'essaie de me contrôler pour ne pas exploser maintenant. À quel point, je prends sur moi pour ne pas m'arrêter au milieu de ce trafic pour laisser libre court à ma cruauté. Ça me demande un effort surhumain pour ne pas céder à mes pulsions meurtrières. Merde ! Je pourrais tout simplement vider le chargeur de mon arme à feu afin de déchirer la chair de Bárbara Rivera. L'imaginer rendre l'âme, le corps ensanglanté et le regard vide est putain de satisfaisant. J'aime les images qui se succèdent dans mon esprit. C'est brutal. Après tout ce qu'elle nous a fait endurer lorsque nous étions gosses, cette femme ne mérite pas de fin heureuse. Je l'imagine à genoux devant moi et me supplier de lui laisser la vie sauve. Son visage serait tuméfié et ses joues inondées de larmes. Elle pourrait même prier son dieu monothéiste. Mais lui accorderait-il le droit d'entrer au Paradis ? Non, certainement pas.

Elle irait pourrir en enfer !

Une balle fissure le pare-brise. Je peste intérieurement contre celui qui se trouve devant nous en sens inverse. Combien de véhicules appartenant au réseau se cachent parmi les autres ? Mes frères réussiront-ils à maintenir le danger à une distance raisonnable ?

- Merde ! Je n'ai plus de munitions, crache Chris en rentrant se mettre à l'abri. Donne-moi ton flingue, Jay. Vite !

Ne pouvant pas l'atteindre, j'ordonne à la brune de le saisir en passant sa main entre mon dos et le dossier du siège. Elle écarquille les yeux de stupeur, ne s'attendant probablement pas à cette requête. Néanmoins, en comprenant l'urgence de la situation, Ashley prend l'arme d'une main tremblante et la donne à mon cadet qui la remercie. Il se remet en position et recommence à tirer.

- Dans le sac de sport noir se trouve des AK-47 et ses munitions, annoncé-je en gardant un œil sur la route. Est-ce que tu sais conduire ?

- Je... Je me débrouille... bégaie la brune.

Mon regard s'attarde sur les différents véhicules qui nous entourent. Ils essaient de s'éloigner pour éviter de se prendre une balle perdue. Des innocents meurent parce qu'ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment. Je n'arrive pas à ressentir une once de pitié... Suis-je à ce point monstrueux ?

- Prends ma place. Ne te préoccupe pas de nous, d'accord ? Nous connaissons les risques. Alors concentre toi sur la route. Peu importe, ce qu'il va se produire, continue de rouler.

Je la fais basculer sur mon siège. Elle inspire un grand coup et pose ses mains tremblantes sur le volant de ma Challenger. La bagnole tourne brusquement, manquant de faire chuter Cole par la fenêtre. Je jette un œil vers la brune qui se confond en excuse. La route se libère à mesure que les coups de feu s'intensifient. Nous avons au moins le champ libre. C'est déjà une bonne chose. Je me penche par-dessus les sièges arrière et fouille dans le coffre à la recherche du sac de sport. Les jumeaux récupèrent les armes en se mettant en sécurité. Ils vérifient le chargeur, retirent le cran de sûreté et se remettent en position sur le rebord de la fenêtre. Quant à moi, je repasse devant et les imite en me mettant du côté passager. Ils tirent derrière. Je tire devant.

- Prends la prochaine sortie, crié-je pour que la brune puisse m'entendre à travers tout ce raffut. Le clignotant est inutile !

Nous devons les semer. Ils n'ont pas besoin de connaître notre direction. Ça serait prendre des risques inutiles et ce n'est vraiment pas le but recherché. Ces salauds veulent nous tuer. Je sais qu'ils nous tiennent responsables des agissements du Fantôme de la Nouvelle-Orléans. Sergueï doit sûrement penser que nous sommes de mèche avec ce criminel qui terrorise les habitants de notre ville. Sa paranoïa l'aveugle au point d'être incapable de reconnaître ses alliés. Nous sommes dans le même foutu panier que lui. Putain, nous sommes dans le même camp et il préfère organiser une chasse à l'homme sur ses meilleurs éléments plutôt que de se concentrer sur la réelle menace qui plane autour de nous.

Saleté de russe !

Putain de paranoïaque !

Une balle déchire grossièrement la peau de mon épaule, m'arrachant des injures et un grognement de douleur. Le projectile n'est pas ressorti. Au moindre mouvement de ma part, il s'enfonce davantage dans ma chair. Ça brûle. C'est douloureux, putain !

- Que quelqu'un fasse sauter la bagnole de devant, sifflé-je entre mes dents serrées.

Chris acquiesce et tire. Il rate plusieurs fois sa cible. Enragé, mon cadet vide le chargeur. Après plusieurs essais, il parvient à causer des dégâts. Le conducteur perd le contrôle et fonce à toute blinde contre un poteau électrique. De la fumée s'élève depuis le moteur. J'ordonne à Ashley de s'éloigner... Mais la voiture explose avant qu'elle n'y arrive.

Double Sided - Let The World Burn For YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant