Chapitre 48

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Cole,

J'enroule une serviette autour de mes hanches et retire la buée du miroir à l’aide de ma main. Après la mort de Bárbara, nous avons fui vers un hôtel. Je pensais que dormir dissiperait cet épais brouillard qui s'est emparé de mon cerveau. Je croyais que dormir m'aiderait à remettre de l'ordre dans mon esprit. Que tout deviendrait nettement plus clair... Je me suis visiblement trompé.

- Quelle merde, soufflé-je.

- Tu devrais sérieusement envisager de te reposer un peu, suggère Jay.

- C'est impossible ! Dès que je ferme l'œil, je revois le sang de Chris sur mes mains. Inconsciemment, je suis persuadé d'être le responsable de sa mort ! ET ÇA ME REND FOU.

- Tu n'es pas responsable de sa mort, Cole ! C'est de ma faute.

Un rire que je reconnaîtrais entre mille me parvient depuis la chambre. C'est impossible. Je me dis qu'il s'agit d'une hallucination auditive due à ma folie naissante. Pourtant, en sortant de la salle de bain, une odeur familière me chatouille les narines. Deux silhouettes masquées se tiennent immobiles au milieu de la pièce. Mon œil valide plonge dans des iris marrons identiques aux miens. Mon cœur loupe un battement. Ce n'est pas possible ! Ça ne peut pas être lui.

- C'est impossible, soufflé-je alors que les criminels connus sous le nom « du Fantôme de la Nouvelle-Orléans » retirent simultanément leur cagoule noire. Je te pensais mort...

- J'aurais dû l'être, répond Chris. Nous aurions dû l'être tous les deux. Disons que les Nornes avaient un autre projet pour nous. Après tout, nous avons encore le temps de franchir le seuil de Helheim.

- Nous devrions remercier Clayton, ajoute la brune. Sans lui, nous serions morts à l'hôpital. Il n'est pas vraiment intervenu pour nous porter secours. Le couloir où nous étions était entouré de salles de soins. Chris s'est traîné jusqu'à l'une d'entre elle, il a pris le nécessaire pour nous soigner à temps et ainsi échapper à Hel.

J'observe attentivement mon double et la jeune femme à ses côtés. Chris la tient contre sa hanche dans un geste qui se veut possessif. C'est elle la fille qu'il aime. « Je pourrais commettre des folies pour elle... Comme mettre le monde à feu et à sang. » J'ai l'impression de l'entendre répéter cette même phrase qu'autrefois. Le regard fou de mon jumeau lance un avertissement à notre aîné. Celui qui dit : Continue de la fixer et je te jure sur l'Yggdrasil que je te crève les yeux.

- Il fut un temps où j'admirais Jay, commence-t-il. Il représentait ce que nous cherchions à avoir, une figure paternelle. Désolé de briser cette image idyllique que tu t'es faite de lui, Cole. Mais Jay n'est pas celui que tu penses ! Tout d'abord, ce connard ne ressent absolument rien. Il ne sait pas ce qu'est l'amour, la tristesse et toutes ces conneries. Il est incapable de ressentir la moindre émotion, le moindre sentiment. Jay est dépourvu de cœur. Ce n'est qu'un égoïste, manipulateur et calculateur. Lorsque Bárbara venait se faire jouir sur ma bite, Jay était derrière la porte. Il l'encourageait à me briser. Jay voulait faire de moi un parfait petit soldat avec lequel, il pouvait tuer des gens pour s'amuser. Selon lui, nous étions trop faibles. Trop pures. Trop innocents. Alors, il nous a manipulé avec ses belles paroles afin que nous restions auprès de lui. Il marque une pause pour fixer notre aîné qui n'a rien dit depuis que les criminels ont révélé leur identité. Crois-tu qu'il a tué Tiago pour se venger de nous avoir abandonnés ? Bien-sûr que non. Il l'a fait pour s'amuser.

Je tombe de haut...

- Il a volontairement rejoint les rangs de Sergueï, afin de s'assurer que le Russe ne puisse pas s'en prendre à nous. Ce n'était que purement égoïste, puisqu'il envisageait de nous briser. Encore plus que nous ne l'étions déjà, termine Chris.

Double Sided - Let The World Burn For YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant